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Débat animé sur la communication publique à la Journée de la presse indépendante

Publié le : 23 octobre 2019 à 18:25
Dernière mise à jour : 30 octobre 2019 à 17:25
Par Cap'Com

Le titre du débat organisé par le Syndicat de la presse indépendante en ligne affichait clairement l’objectif : « Comment éviter que la communication territoriale ne remplace l’information locale indépendante ? » Et Cap’Com en était l’invité. Ou plutôt l’accusé, comme il fut dit en ouverture.

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D’un côté Jacques Trentesaux, directeur de Médiacités, site en ligne d’investigation présent dans quatre grandes métropoles. De l’autre, Christophe Grébert, administrateur d'Anticor, association qui milite contre la corruption et pour l'éthique en politique. Pour conduire les débats, Cécile Dubois, secrétaire générale du Syndicat de la presse indépendante, mais peu indépendante dans ce débat. Et au centre l’accusé, le représentant de la communication publique, Bernard Deljarrie, délégué général du réseau Cap’Com, qui avait accepté l’invitation.

Le Syndicat de la presse indépendante d'information en ligne, association de défense des intérêts professionnels des éditeurs de presse en ligne indépendants, a fêté ses 10 ans en organisant une Journée de la presse indépendante, vendredi 18 octobre 2019.
Au programme, des débats et ateliers pour célébrer la presse indépendante. Et une table ronde consacrée à la communication publique : « Les moyens économiques et l’audience des journaux municipaux et territoriaux dépassent ceux de la presse indépendante. Cette situation est préoccupante car cette information n’est pas indépendante. Quelles propositions pour encadrer cette communication ? »

Point de départ, la presse locale vit difficilement. Un constat partagé par tous. La PQR a perdu une bonne part de ses lecteurs et le modèle économique de la presse en ligne se cherche, les abonnés ne sont pas encore légion et les autres ressources, notamment la publicité ou les partenariats locaux, ne sont pas abondantes.

L'omniprésence de la communication publique locale pointée du doigt

L’une des raisons de ces difficultés serait l’omniprésence de la communication publique locale. Accusée d’être trop politique aux mains d’élus propagandistes mais dans le même temps d’être trop professionnelle, trop bien faite au point de menacer les autres médias. Accusée d’être trop dispendieuse avec l’argent des contribuables et dans le même temps de se financer grâce à ses annonceurs dans les magazines de collectivités, ce qui assèche le marché publicitaire local. D’où les propositions faites par Médiacités d’encadrer et de limiter la communication des collectivités locales. Une démonstration appuyée sur deux exemples, les magazines de Puteaux et de Béziers. Un peu facile, car « ceci n’est pas notre métier », a rappelé Bernard Deljarrie.

L'explication par Cap’Com des missions et des moyens de la communication territoriale permet de relativiser l’opposition entre information locale et communication territoriale. Et, bien évidemment, le lien entre les difficultés de l’une et le succès des journaux et sites territoriaux de l’autre a semblé moins évident.

Malgré l’angle retenu pour ce débat et la rudesse de certains échanges, l’entente se dessine finalement sur plusieurs points.

Une carte de la « presse pas pareille »

Le mensuel « L’Âge de faire » a réalisé une carte interactive de la « presse pas pareille » qui recense les médias indépendants français.

bannière carte de la presse pas pareille

Plus de transparence dans l'usage des deniers publics

La presse locale, notamment celle en ligne, a besoin d’un soutien public pour vivre, comme peuvent en disposer les quotidiens nationaux d’information politique et générale. Son financement par les collectivités sous forme de publicités ou de partenariats n’est pas la meilleure garantie de son indépendance. L’adoption en 2014 d’une TVA réduite à 2,1 % fut un premier pas. Le renforcement du fonds d’aide au développement des services de presse en ligne semble une solution.

Une plus grande transparence dans l’usage des deniers publics est aussi souhaitable. Les communicants s’y consacrent et l’information sur les budgets locaux n’a jamais été aussi abondante sur les sites des collectivités locales et avec l’ouverture des données publiques. Mais il est possible de mieux expliquer les coûts, notamment les dépenses de communication, qui ne représentent toutefois qu'1 % du budget de fonctionnement des collectivités locales.

Le rôle des associations, comme Anticor, et celui de la presse indépendante, comme Médiacités, est apparu essentiel pour dénoncer certains excès de collectivités. Des pratiques subsistent chez certains élus qui ne sont notamment pas conformes à l’éthique du métier des communicants publics.

Nul besoin de faire de la communication publique le bouc émissaire d’une presse indépendante qui mérite de se développer. Celle-ci ne contribue-t-elle pas, tout comme la communication publique, au bon fonctionnement de notre démocratie ?

Limiter les dépenses de communication des collectivités locales : une vieille idée

En 2008, le député Pierre Morel-À-L’Huissier (député Les Républicains depuis 2002) déposait une proposition de loi visant à encadrer les dépenses de communication des collectivités locales, offrant ainsi à l’État la possibilité de limiter les dépenses des collectivités locales.
Dans un rapport parlementaire d’octobre 2009, le président de la Commission des lois de l'Assemblée nationale, Jean-Luc Warsmann (député Les Républicains depuis 1995), proposait de taxer les dépenses de communication des collectivités locales.
Dans un rapport remis en février 2012 au président de la République, Jean-Pierre Giran (député Les Républicains de 1997 à 2017) proposait aussi « d’encadrer et de réguler la communication des collectivités locales ».

Ces propositions ont fait long feu. Aujourd’hui, notamment devant les enjeux sociétaux de la transition environnementale, la communication publique apparaît d’autant plus nécessaire pour exercer ses six missions de service public :

  • informer les citoyens sur les politiques publiques, les réalisations, les projets, la gestion des institutions ;
  • favoriser la participation des citoyens à la vie démocratique et aux instances participatives ;
  • apporter aux usagers les informations pratiques sur les services publics ;
  • promouvoir les territoires et contribuer à leur développement ;
  • animer la vie locale, associative, festive, sportive, scolaire… pour favoriser le vivre-ensemble ;
  • contribuer à faire évoluer les comportements individuels et les pratiques collectives pour une plus grande responsabilité environnementale et sociale.
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