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Les réseaux sociaux vont-ils nous achever ?

Publié le : 23 avril 2020 à 08:32
Dernière mise à jour : 23 avril 2020 à 10:42
Par Marc Cervennansky

Eh oui, je titrais ma précédente chronique « Les réseaux sociaux vont-ils nous sauver la vie ? ». Aujourd’hui je m’interroge sur le risque de les voir nous achever.

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Par Marc Cervennansky.
@Cervasky

Depuis le 17 mars, la principale occupation d’une partie de nos concitoyens confinés est constituée d’échanges de vidéos marrantes sur WhatsApp, de partages de fake news ou de messages de haine sur Twitter, de cours de yoga à domicile sur Facebook ou des dernières recettes de pâtes sur Instagram.

Et je n’oublie pas toutes les vidéos de jonglage avec des rouleaux de papier toilette. On sait enfin pourquoi il n’y en a plus en rayon.

Noyé sous les notifications des 15 groupes WhatsApp auxquels je suis abonné, des notifications de Twitter, Instagram, Facebook, Messenger, les visios avec Hangouts, Zoom, Skype ou Teams (mais heureusement ça baisse au niveau des mails dans Outlook)… Mes yeux ont viré au rouge, exorbités à force d’être collés sur mes écrans d’ordis et de smartphone. Je ressemble à un lapin qui a attrapé la myxomatose.

Je ne sais pas vous, mais pour moi, le pire, c’est Twitter. Dix minutes passées sur Twitter, c’est la garantie au choix :
[ ] d’augmenter de 150 % son niveau d’anxiété déjà bien installé ;
[ ] d’avoir une envie subite d’aller casser la gueule à quelqu’un ;
[ ] les deux.

Et encore, ici je n’évoque que les stimuli numériques personnels. Imaginez quand vous ajoutez ceux de votre conjointe ou conjoint, de vos enfants qui doivent renvoyer leurs devoirs scolaires en ligne ou qui ont organisé un Skype Champomy apéro avec les potes.

Moi qui prêtais un tant soit peu attention à mon addiction au numérique, je suis devenu un véritable junkie (alors qu’il paraît que par ailleurs les trafics de drogue ont diminué, grâce/à cause du confinement).

Alors oui, il est important de garder le contact, même virtuel, de ne pas se désociabiliser. « Ce n’est pas le message, l’essentiel, mais le fait de continuer à avoir une vie sociale. Avec un ou plusieurs réseaux sociaux, on reconstitue ce qu’on ne peut plus avoir au quotidien », observe Valérie Jeanne-Perrier, professeure en sciences de l’information et de la communication dans un article de 20minutes.fr.

« L’impudeur n’est plus le problème », ajoute-t-elle. Mince, à deux semaines près, Benjamin Griveaux n’était pas contraint de renoncer à la mairie de Paris et sa sextape passait inaperçue au milieu de toutes celles qui s’échangent actuellement, faute de contact physique réel pour certains et certaines.

Cette overdose digitale pourrait avoir raison de notre raison.

Certes, en cette période inédite, les réseaux sociaux relaient aussi les démarches de solidarité et d’entraide. Mais bon, cette overdose digitale pourrait aussi avoir raison de notre raison. Après la période (rayer la mention inutile) d’effroi, de stupéfaction, de panique, qui a généré cette frénésie de contacts numériques pour survivre à notre isolement forcé, il convient d’éviter le pétage de plombs, la saturation mentale, l’épuisement émotionnel. D’ailleurs, à force d’avoir une vision qui s’arrête à quelques centimètres, je constate que ma vue baisse. Réellement. Voir et regarder loin me manque, nous manque.

Pour s’en sortir, il « faut fermer les yeux et s’évader », recommande Caroline Cuny dans un article publié sur le site de France Inter. Fermons les yeux quelques instants, sentons le sol sous nos pieds. Respirons profondément.

Photo d’après http://blogclinicaveterinariaelcabo.es/

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