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Senior cherche traducteur-trice

Publié le : 9 janvier 2020 à 08:00
Dernière mise à jour : 23 janvier 2020 à 11:28
Par Alain Doudiès

Ça bouge dans la com publique. Tant mieux ! Mais il arrive que ça aille très vite – trop vite ? – et dans une direction qui laisse le septuagénaire, et peut-être d’autres, au bord du chemin.

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Par Alain Doudiès, consultant en communication publique, ancien journaliste, membre du Comité de pilotage de Cap’Com.

L’autre jour, un signalement court sur les réseaux sociaux : « 10 tendances émergentes ou persistantes à prendre en compte en 2020 ». Hervé Monier éclaire la route des marketeurs et des communicants.

Une des figures de nos métiers, Xavier Crouan, directeur général de l’information et de la relation au citoyen de la ville de Nantes et de Nantes Métropole, lance – nous tance ? – sur Twitter : « À lire forcément… »

Toutes affaires cessantes, brûlant d’impatience d’accéder aisément à cette expertise, tremblant d’émotion de gagner rapidos en compétence, j’y cours, j’y vole. Ne ratons pas l’occasion de rester dans le coup. Et voilà sur quels cailloux je tombe : spoiler, deep content, social selling, fake news, fact-checking, trending topic, The Good Day (ça, je comprends), employee advocacy, top-down, employee to employee, stories, Touch Points.

Douche froide sur mon presque juvénile enthousiasme. Que puis-je comprendre ? Il est temps, Doudiès, que tu baisses le rideau de ta boutique et que tu jettes à la poubelle tes cartes de « consultant en communication publique ». À moins que, toute honte bue, tu fasses appel à un traducteur ou à une traductrice.

Puis, des questions me sont venues. Et le moral avec.

Chers lecteurs et surtout chers jeunes lecteurs, comprenez-vous bien ces différents termes, sauriez-vous expliquer ces notions, êtes-vous en mesure d’en faire usage, avec aisance, voire brio, dans vos pratiques quotidiennes ?

Est-il normal que des professionnels, non pas des traders ou des start-upers, mais des « communicants », utilisent ce vocabulaire aussi massivement, sans s’interroger ? Par suivisme béat, flemme intellectuelle ou lâcheté culturelle ?

Devons-nous subir passivement ce bombardement sémantique ? Pouvons-nous admettre sans broncher que la « créativité », dont nous ne cessons de nous parer, cesse quand il faut enrichir le dictionnaire ? Faisons-nous une croix sur la langue française, celle avec laquelle nous parlons à nos concitoyens ?

Tant bien que mal, j’ai trouvé, malgré tout, dans cet article matière à information et à réflexion. Et comment ne pas se délecter quand son auteur annonce l’« avènement d’une communication “nativement” et résolument inclusive, qui prend le soin d’embarquer toutes les parties prenantes, y compris les habituels laissés-pour-compte, dans ses messages » !

Comment dit-on « inclusive » en anglais ? Inclusive.