
La valse des logos territoriaux
Ce n’est pas nouveau : la refonte de l’identité visuelle d’une collectivité fait le plus souvent partie des premiers dossiers demandés aux communicants publics au démarrage d’un nouveau mandat. Plus d’un an après les élections municipales et communautaires, où en est-on ?
Par Jean-Charles Lallouet, directeur de la communication de la Métropole européenne de Lille (Mel) et Damien Pfister, directeur de la communication de la ville de Villeparisis.
Vouloir recenser les collectivités ayant changé ou fait évoluer leur identité visuelle depuis l’été 2020 est aussi illusoire qu’interminable. Mais ce travail confirme qu’il a été au centre des préoccupations de bon nombre de communicants publics ces derniers mois. Souvent vu comme un marqueur essentiel du démarrage d’un nouveau mandat et du changement qui l’accompagne, le logo peut être le point de départ d’une nouvelle feuille de route pour les équipes communication des collectivités (pour peu que l’on prenne les choses par le bon bout !).
Des temporalités variées selon les strates de collectivités
La revue de nouveaux logos proposée ci-dessous montre que, logiquement, l’échelon communal est le premier à avoir sauté le pas du changement d’identité visuelle. À ce petit jeu, ce sont les « petites » communes qui ont tiré les premières, avec une mention spéciale pour le village de Plumetot dans le Calvados et ses 226 habitants ! Une agilité rappelant, si besoin était, qu’une telle démarche n’est pas qu’une question de moyens.
Au-delà de cette strate, les démarches dans les villes moyennes et grandes sont en cours ou viennent d’aboutir. « Se donner du temps, quitte à étendre, de plusieurs semaines, le calendrier de lancement, a été sûrement l’une des clés de la réussite du déploiement. Surtout pour y ajouter des étapes de concertation non prévues initialement », explique ainsi Damien Pfister, directeur de la communication de la ville de Villeparisis (77 – 28 000 habitants).
Les intercommunalités semblent moins concernées et sont encore peu nombreuses à s’être lancées dans cette dynamique. Parmi les métropoles, l’Eurométropole de Metz a présenté son nouveau logo en septembre dernier, sûrement suite à son changement de nom. Rennes Métropole a par ailleurs publié un appel à candidatures pour le renouvellement de son identité visuelle. Quant aux régions et départements, à l’exception peut-être de la région Pays-de-la-Loire qui a fait évoluer la chromie de son logo, la volonté de changer son identité visuelle n’est visiblement pas à l’ordre du jour.
Les démarches participatives se développent
Un autre enseignement du benchmark réalisé porte sur la méthodologie de refonte des identités visuelles. Assurément, les démarches participatives fleurissent parmi les exemples observés. Les variations sont multiples : appel à contributions auprès des habitants pour déterminer les marqueurs de l’identité du territoire, concours pour la réalisation graphique, vote des habitants parmi plusieurs propositions de logo, etc.
L’exercice n’a pas toujours été naturel pour les communicants publics, soucieux de préserver leur légitimité et leur expertise professionnelle et de ne pas tomber dans le « j’aime/j’aime pas ». Pourtant, l’ouverture à la participation n’est pas incompatible avec ce statut. Elle répond surtout à une forte attente des habitants d’être acteurs de leur territoire et de peser sur les décisions prises par les collectivités territoriales. Les communicants ont ainsi un rôle essentiel d’animateur à jouer. Damien Pfister poursuit : « Ancré dans une dynamique de participation citoyenne par la nouvelle équipe, le changement d’identité graphique pour Villeparisis n’était pas envisageable sans la participation des habitants. Il fallait trouver les bonnes étapes de participation pour ne pas donner la fausse impression que le choix était déjà fait à l'avance. Expliquer et être transparent étaient nos deux axes prioritaires. »
Un parti pris qui a aussi été celui de la ville de Grande-Synthe (Nord – 23 600 habitants), qui vient de renouveler son identité avec une forte implication des habitants. « Grande-Synthe, c’est un territoire fort. Mais avec une identité vieillissante, basée sur un blason historique sans homogénéité sur le territoire. Impossible de marquer de son empreinte un dynamisme retrouvé et les particularités qui font son image. Il était temps d’affirmer son identité. Les habitants ont participé et surtout choisi leur identité visuelle. Un contrat gagnant/gagnant. L’identité visuelle de la ville a retrouvé un nouveau dynamisme. Et les habitants se sont inscrits pleinement dans celle-ci avec l’avantage d’avoir obtenu la confiance totale du premier magistrat pour le choix d’un logo identitaire », résume David Laidet, le directeur de la communication de la ville.
Revue de nouveaux logos territoriaux
Quelles nouvelles identités visuelles ont vu le jour ces dernières années ? Revue non exhaustive des logos récemment créés par type de collectivités.
Communes et villes

Intercommunalités

Chez nos voisins belges et suisses

Renouveler son identité visuelle : et après ? La suite au Forum
Nul doute que les refontes ou évolutions d’identités visuelles vont continuer à s’enchaîner dans les mois à venir. Au-delà des partis pris graphiques, le curseur des démarches participatives et les stratégies de déploiement de ces nouveaux logos donneront le « la » de stratégies plus globales de communication. Pour y voir plus clair dans ces choix, pour partager des expériences, rendez-vous à l’atelier « Renouveler son identité visuelle : et après ? » qui se déroulera le 8 décembre prochain à l’occasion du Forum de la communication publique et territoriale de Rennes.