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Bonne année 2018 en cette période politique un peu particulière

Publié le : 5 janvier 2018 à 17:23
Dernière mise à jour : 8 mars 2018 à 09:38
Par Bernard Deljarrie

Nous vivons une période politique un peu particulière. L’affaissement des grands partis traditionnels et les positionnements ni-gauche-ni-droite nous font perdre un peu nos repères habituels. La tendance au dégagisme nous inquiète notamment en prévision des élections locales, nous qui sommes si attachés au bilan de nos collectivités. Les discours populistes nous rappellent aussi la nécessité d’une parole publique forte et forcément moins simplificatrice. Sans oublier, en France, la nouvelle vague de responsables politiques qui aspirent au renouveau de l’action publique. Autant dire que cette année, l’univers de la communication publique s’est quelque peu brouillé.

L'action publique s'incarne différemment, l'engagement citoyen s'exprime autrement

Il faut que la communication publique s’adapte : qu’elle prenne en compte une action publique qui s’incarne différemment et un engagement des citoyens qui s’exprime autrement. Le Forum Cap’Com du Havre, en décembre dernier, fut une occasion de mobiliser sociologues et politologues pour aider les communicants publics à comprendre ces évolutions.

Comprendre que cette année électorale, les Français ont exprimé une envie de renouveau qui a conduit à une recomposition des clivages politiques. « Derrière le clivage gauche / droite s’invente une nouvelle bipolarité entre société ouverte et société fermée, expliquait Pascal Perrineau lors du Forum du Havre. Un clivage qui casse la droite comme la gauche. Nous sommes dans un changement structurant de la société française qui n’est pas quelque chose de passager. Certes, en situation de transition, un vieux monde est en train de se lézarder et il résiste évidemment. Mais un nouveau monde est effectivement en train de naître avec un nouveau personnel politique, de nouvelles organisations ». Une situation qui n’est pas que française mais qui prend des formes différentes dans les autres pays européens.

Comprendre la jeunesse, cette nouvelle génération qui n’est pas moins intéressée par l’action publique, qui n’est pas moins investie dans des engagements collectifs. Une jeunesse qui, selon Anne Muxel en ouverture du Forum, a d’autres pratiques de communication et aspire à d’autres relations avec les institutions, à d’autres modalités de participation. 63 % des 18-35 ans pensent que les responsables politiques sont presque tous corrompus. 87 % ont peu ou pas confiance en la politique. Pour mieux communiquer avec les jeunes, Anne Muxel rappelle qu’il faudrait davantage s’appuyer sur la valeur d’engagement que les jeunes portent et privilégier les applications concrètes tant au plan collectif que personnel. La communication publique devrait aussi reconnaître plus explicitement l’utilité sociale des jeunes à tous les niveaux et dans tous les registres de la vie sociale. Elle devrait aussi répondre au désir des jeunes de comprendre la société et de s’y repérer : une communication plus pédagogique, qui ne jouerait pas la simplification pour se croire davantage audible par les jeunes. Et une communication qui saurait rebondir sur le sens de la dérision que porte la jeunesse d’aujourd’hui.

Comprendre aussi que l’enjeu des élections locales de 2020 sera de réintroduire les abstentionnistes dans la vie publique, les prendre en compte, s’adresser à eux, les associer, leur redonner confiance et espoir dans l’action publique. Pour Céline Braconnier, professeure des universités, directrice de Sciences-Po Saint-Germain-en-Laye, spécialiste des comportements électoraux, et Erwan Lecœur, sociologue, consultant en communication politique et ancien directeur de la communication de la ville de Grenoble, voilà un objectif civique pour la communication publique.

Au regard de cette année passée qui fut mouvementée et après un 29e Forum normand trait d’union avec les défis futurs de la profession, souhaitons à tous les communicants publics une excellente année 2018.