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Les difficultés de la communication intercommunale vues par des élus

Publié le : 21 janvier 2018 à 22:15
Dernière mise à jour : 15 avril 2020 à 18:21

Cinq élus, qui président tous des intercommunalités, se livrent et dévoilent le rôle qu’ils assignent à la communication et les priorités qu’ils lui fixent. Des regards croisés qui en disent long sur les difficultés d’initier une communication à l’échelle d’un territoire intercommunal. Des propos sans langue de bois qui illustrent les résultats du Baromètre de la communication intercommunale présentés vendredi 10 avril à Rennes lors d’une journée ouverte aux communicants publics.

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Photo de gauche à droite : Frédéric Sanchez, Eric Kerrouche, Anne Blanc, Jean-Marc Nicolle, Charles-Eric Lemaignen
Photo de gauche à droite : Frédéric Sanchez, Eric Kerrouche, Anne Blanc, Jean-Marc Nicolle, Charles-Eric Lemaignen

Quelles priorités avez-vous fixées à la communication de votre intercommunalité ?

Anne Blanc, CC du Naucellois

« La réforme du périmètre de l’intercommunalité et l’évolution des périmètres communaux sont des changements majeurs qui auront un impact important sur le territoire. Notre enjeu est donc d'expliquer à la population ces changements à venir et d’essayer de les faire participer. »

Charles-Eric Lemaignen, CA Orléans Val de Loire

« Notre priorité est de communiquer sur le projet de territoire. Ensuite, nous communiquons sur les compétences de l’agglomération en mettant l’accent sur les compétences exclusives de la communauté. Nous ne sommes plus dans une communication-outil. La communication fait partie de la stratégie politique. Le projet et sa communication doivent être définis en même temps. Nous ne devons pas être dans le coup par coup. Incontestablement, la communication est une politique publique. »

Jean-Marc Nicolle, CA Val de Bièvre

« Notre priorité reste de rendre lisible et compréhensible les actions menées par la communauté d’agglomération au regard des compétences que nous avons transférées. Nous sommes porteurs d’une vision stratégique sur des projets d’avenir majeurs. L’agglomération doit arriver à installer une vision du territoire (s’inscrire sur la durée) tout en informant sur les compétences quotidiennes telles que la voierie, les piscines ou nos équipements culturels. Sur certaines publications municipales, les projets portés et mis en œuvre par l’intercommunalité se voient réappropriés par les élus municipaux, ce qui ne permet pas de gagner en lisibilité. Pourtant, nous avons un grand devoir d’information. C’est aussi très important de rendre visibles les institutions qui portent les projets à l’échelle intercommunale, à plus fortes raisons maintenant qu’aujourd’hui des ressources fiscales sont affectées à l’intercommunalité. »

Frédéric Sanchez, Métropole Rouen Normandie

« Il y a trois priorités pour la communication intercommunale. Tout d’abord, l’information : nos habitants font un usage intensif des journaux émis par les collectivités locales. La communication doit être un outil qui permet à nos usagers d'être informés sur la manière dont est rendu le service et sur son fonctionnement. L’information de service est donc très importante. La deuxième priorité de la communication concerne la valorisation du territoire et de l’intercommunalité. En effet, l’appartenance à l’intercommunalité n’est pas spontanée, contrairement à ce que l’on observe pour les communes. Il faut donc susciter le sentiment d’appartenance. Si les habitants mesurent ce que leur apporte l'intercommunalité, ils sont alors capables de l'évoquer à l'extérieur : l’attractivité du territoire s'en voit alors renforcée. Cela correspond au rôle d'ambassadeur qu'on espère toujours voir jouer par les habitants. La troisième priorité c’est l’enjeu citoyen : nous devons assumer notre responsabilité pour que les citoyens sachent bien qui fait quoi. »

Eric Kerrouche, CC Maremne Adour Côte-Sud

« Il y a toujours une difficulté à identifier les intercommunalités. La plupart du temps, les compétences sont partagées entre les niveaux municipal et intercommunal, sans que cela soit d’une clarté extrême pour les élus et encore moins pour le citoyen. L’objectif est donc de valoriser la structure intercommunale : informer sur ses compétences et ses moyens et montrer en quoi elle agit de manière complémentaire ou se distingue des communes. Cet exercice est important pour au moins trois raisons : nous devons rendre l’intercommunalité lisible, faire accepter son poids en matière de dépenses publiques et montrer qu’il y a des services en face. »

L’une de vos ambitions est de faire comprendre l’intercommunalité aux citoyens. Les habitants du territoire sont-ils votre cible privilégiée ?

Anne Blanc, CC du Naucellois

« On attend de la communication qu'elle cible en priorité la population locale, les électeurs et les citoyens en expliquant l’état d’avancement des projets du territoire tout en leur faisant comprendre le fonctionnement de l'intercommunalité. On s'aperçoit encore aujourd'hui que nos citoyens ont encore un peu de mal à comprendre ce qui relève de l'intercommunalité et ce qui relève des communes. Nous communiquons donc en priorité sur ce qu'on a fait, sur ce qu'on fait et sur ce que l'on prévoit de faire auprès des habitants. »

Charles-Eric Lemaignen, CA Orléans Val de Loire

« Il y a deux cibles, en externe le grand public et les relais d’opinions (presse et décideurs), et en interne : le personnel, les élus communautaires et les élus non communautaires. La communication auprès des élus non communautaires est cruciale : très peu d’agglomérations sont performantes à ce niveau. Avec la nouvelle gouvernance que nous mettons en place, nous nous sommes engagés dans une démarche de sensibilisation auprès de tous les élus des communes afin qu’ils saisissent l’ensemble des enjeux de l’intercommunalité. »

Jean-Marc Nicolle, CA Val de Bièvre

« Il y a deux types de communication. D’abord, la communication institutionnelle, très ciblée et bien reçue. Ensuite, une communication plus difficile, qui est celle qui s’adresse au grand public et à nos concitoyens. Depuis plus de dix ans, nous nous employons à faire connaître l’échelon intercommunal qui s’articule entre nos communes et d’autres structures comme les départements et les régions. Cela passe notamment par des grands projets très concrets comme la couverture de l’autoroute et la piscine intercommunale. Mais le projet du Grand Paris est trop peu clair. C’est une grande nébuleuse, dont personne ne comprend vraiment le fonctionnement. Ce changement, majeur, va entrainer un nouveau travail d’affirmation du territoire. Si nous souhaitons rendre compréhensible la réforme et créer un attachement de la population à cette nouvelle structure, réfléchir à une nouvelle identité sera nécessaire, qui se positionnera entre celle de Paris et celles des différentes communes du territoire. »

Eric Kerrouche, CC Maremne Adour Côte-Sud

« Nous devons faire comprendre aux citoyens que les enjeux de l’intercommunalité, parce que nous avons un territoire très large, se distinguent du simple horizon communal. »

Lors des dernières municipales, le système électoral par fléchage n’a-t-il pas contribué à faire mieux reconnaître l’intercommunalité ?

Eric Kerrouche, CC Maremne Adour Côte-Sud

« Le fléchage, lors des élections municipales 2014 n’a donné lieu à aucun changement. Nous sommes toujours dans le cosmétique. Il y avait très peu de programmes intercommunaux dans les campagnes électorales (même si le nôtre était riche) où ils étaient noyés sous des arguments municipaux. »

Jean-Marc Nicolle, CA Val de Bièvre

« Le fléchage, lors des élections municipales 2014, a aidé les gens à comprendre qu’ils désignaient des conseillers communautaires. Jusque-là, cela passait complètement inaperçu. Même si ça n’a pas provoqué une révolution, des questions nous ont été posées, démontrant le nouvel intérêt des habitants pour la structure intercommunale. Un exemple concret : nous présentons les budgets dans les conseils de quartiers depuis maintenant dix ans. On remarque que depuis deux ans, les questions se font plus précises sur l’intercommunalité. »

Charles-Eric Lemaignen, CA Orléans Val de Loire

« Le changement de mode de scrutin a eu un impact. Aujourd’hui, le mode de fonctionnement des communautés se rapproche de celui des communes. Nous commençons à le ressentir très concrètement, avec l’arrivée d’élus de l’opposition dans le conseil communautaire. De nombreuses actions ont été menées pour sensibiliser les habitants aux changements opérés. Le fléchage mis en place lors des élections n’a pas forcément mis au cœur des campagnes électorales les enjeux intercommunaux, mais a probablement amélioré la lisibilité de la structure intercommunale. Paradoxalement, c’est davantage la crise financière en nous obligeant à mutualiser, qui va permettre la prise de conscience. »

Anne Blanc, CC du Naucellois

« Le fléchage lors des élections municipales 2014, a eu un impact. Les électeurs ont pris conscience qu’en votant pour des conseillers municipaux, ils votaient aussi pour des élus intercommunaux. Ils ont pu identifier les personnes qui interviennent à l’échelle intercommunale. Le fléchage a concrétisé l'existence de l'intercommunalité. S'ils ont identifié l'intercommunalité, il n'est pas certain que les habitants saisissent réellement les enjeux qui accompagnent la structure intercommunale. »

Frédéric Sanchez, Métropole Rouen Normandie

« La communication est aussi un enjeu démocratique : nous nous orientons vers des scrutins plus directs s'agissant des intercommunalités. Mais la condition d'un scrutin plus direct est que le citoyen mesure la responsabilité propre de l’intercommunalité. C'est un enjeu fort des cinq années à venir. De ce point de vue, le système de fléchage instauré pour les élections municipales de 2014 a constitué une petite étape. Les enjeux communaux l’ont emporté dans la campagne électorale mais le mode de scrutin a modestement, mais réellement, apporté une évolution. »

Les réductions budgétaires conduisent beaucoup d’élus à demander à la communication d’en faire au moins autant avec moins de moyens. Comment résoudre cette équation difficile ?

Jean-Marc Nicolle, CA Val de Bièvre

« Nous allons évaluer l’ensemble de notre dispositif communicationnel, dans le but d’éviter les empilements d’outils. Il y a des efforts à faire et la communication ne doit pas être à l’écart de ces efforts. Mais il est hors de question que la communication soit sacrifiée. C’est dans ces moments difficiles qu’il faut faire encore plus de communication. »

Frédéric Sanchez, Métropole Rouen Normandie

« La recherche d’économies s’est accentuée et la direction de la communication fait l’objet d’une attention identique à celle portée aux autres services. Le budget du service de communication n’est pas forcément représentatif de l'ensemble des dépenses puisque d'autres acteurs du territoire communiquent également : l'office du tourisme, l'agence de développement… Nous sommes dans une phase de reconsolidation des budgets : nous invitons nos partenaires à collaborer entre eux dans un souci d'économies. Nous multiplions les mutualisations d'outils et d'actions ainsi que les partenariats. Sur notre communication propre, des économies ont été réalisées : le magazine ne paraît plus que neuf mois par an et son format a été optimisé. »

Anne Blanc, CC du Naucellois

« Nous sommes une petite intercommunalité et les moyens dédiés à la communication ne sont pas exorbitants. Nous sommes plutôt sur une communication de proximité à travers des réunions publiques, qui n'ont pas un coût très conséquent. Notre perspective est de maintenir le niveau de communication tel qu’il était auparavant, ce qui ne devrait pas demander des efforts considérables. Les principaux outils à gérer sont le bulletin communal, qui paraît une fois par an, et un site internet. Les coûts ont déjà été réduits puisque nous avons repris la gestion du site en interne. Le budget sera maintenu. »

Eric Kerrouche, CC Maremne Adour Côte-Sud

« La communication va souffrir au même titre que les autres services. »

Charles-Eric Lemaignen, CA Orléans Val de Loire

« La communication institutionnelle a vu son budget diminuer d’années en années, pour atteindre 360 000 euros en 2015. Cela crée des contraintes qui obligent à la créativité. La lettre de cadrage, en 2015, impose une baisse de 4 % mais nous avons choisi de n’abandonner aucun support mais d’effectuer plutôt des repositionnements. Par exemple, nous avons ré-étudié le format de notre magazine trimestriel. Nous avons opté pour un tiré à part à glisser dans le magazine mensuel de la ville centre (Orléans). Ce tiré à part est également mis à la disposition des habitants dans les 21 autres communes membres, en divers points de dépôt. Le contenu du magazine est aussi revu et adapté. En complément, le supplément loisirs/culture « Sortir à Orléans », inséré dans le magazine municipal d’Orléans intègre dorénavant les manifestations organisées au sein de toutes les communes de la communauté et non plus seulement celles d’Orléans. La même approche a été adoptée pour les sites internet et Facebook Ville d’Orléans et de l’Agglo en cours de mutualisation. Nous essayons de repositionner les outils avec une logique de territoire, afin d’avoir une communication moins coûteuse et surtout plus lisible. »

L’une des solutions n’est-elle pas de parvenir à mutualiser les services, et notamment de la communication ?

Anne Blanc, CC du Naucellois.

« Aujourd’hui les services de communication ne sont pas mutualisés. Nous sommes dans une période de flou, mais si une commune nouvelle à l’échelle de l'actuelle intercommunalité est créée, une mutualisation importante des services sera mise en place. La communication peut et devrait être mutualisée. Il faut pourtant aussi prendre en compte le contexte et les relations au sein des communes. Nous parlons ici de communautés qui ont peu de moyens : les agents sont très polyvalents ce qui peut entraîner parfois un défaut de compétences. Si nous mutualisons, nous pouvons spécialiser les agents avec comme résultats une meilleure efficacité et une meilleure cohérence à l’échelle du territoire. Si nous mutualisons a une échelle beaucoup plus large, nous pouvons éviter la sous-traitance et gérer nous-mêmes. La mutualisation permet de renforcer les liens entre les communes et l'intercommunalité. Si elle est bien menée, elle a beaucoup de vertu. »

Charles-Eric Lemaignen, CA Orléans Val de Loire

« En termes d’organisation de la direction de la communication, nous avons commencé par spécialiser chaque chargé de communication dans un domaine spécifique de politiques publiques. L’intérêt est d’avoir une communication centralisée, qui obéit à cette stratégie globale, mais aussi d’avoir des cadres de communication qui ont un minimum d’expertise, identifiés en interne et en externe. Cela permet une meilleure lisibilité pour les différents référents de services. Cette approche a parfois été compliquée à mettre en œuvre, notamment pour le domaine des déchets où le service disposait déjà d’une communication de terrain-outil. L’enjeu, pour la Dircom, était alors de montrer que le dispositif pouvait être utile aux autres services et aussi aux autres collectivités, en leur apportant une expertise en communication que parfois ils n’avaient pas. »

Frédéric Sanchez, Métropole Rouen Normandie

« Il n'y a pas de mutualisation des services communication de la ville centre et de la métropole. Cela a été évoqué, mais nous sommes face à une difficulté opérationnelle : Rouen compte 100 000 habitants pour une métropole de 500 000 habitants et doit légitimement faire face à ses besoins propres de communication. Il serait probablement difficile, au niveau de la métropole, de porter une attention particulière aux habitants de Rouen en terme de communication vis-à-vis des habitants des autres villes. »

Eric Kerrouche, CC Maremne Adour Côte-Sud « Les communes membres de l’intercommunalité ont des identités très fortes : nous ne sommes pas suffisamment mûrs pour parler d’une même voix. Il n’y a donc pas de mutualisation prévue, ni de partage d’outils de communication. »

La communication ne devrait-elle pas s’appuyer plus fortement sur l’offre de services publics assurée par l’intercommunalité ?

Anne Blanc, CC du Naucellois

« L'objectif est de maintenir les services de proximité à la population en évitant le plus possible la dégradation de l'offre. Il est même possible de renforcer la qualité des services en mutualisant. Nous allons veiller à rester très attentifs au maintien de la qualité de service que l’on apporte, mais ça ne veut pas dire qu'on ne va pas apporter de modifications aux services. Ce contexte va avoir des conséquences qu'il faut expliquer. Le pôle de communication va se concentrer sur cette mission. C’est un thème et un enjeu très fort. »

Jean-Marc Nicolle, CA Val de Bièvre

« L’identité de notre territoire se construira à travers la réalisation de grands projets, qui dépasseront la maille communale. Mais c’est aussi un territoire qui existera à travers ses équipements et ses offres de services. »

Charles-Eric Lemaignen, CA Orléans Val de Loire

« Si nous ne sommes pas capables de mutualiser et de faire des économies de fonctionnement, il est clair que d’ici trois à cinq ans nous devrons remettre en cause nos prestations en matière de services publics. En ce qui concerne ces services publics, une stratégie globale a été mise en place qui est déclinée politique par politique et projet par projet, en parfaite complémentarité avec nos délégataires, pour travailler en cohérence la communication publique et la communication commerciale. Lorsque l’on parle de services publics, systématiquement, les notions de qualité de service et de proximité-réactivité sont toujours mises en exergue avec une charte graphique et des éléments de langage, des supports et une gestion du temps pour bien coller au projet. »

Eric Kerrouche, CC Maremne Adour Côte-Sud

« Il y a des compétences qui se prêtent assez bien à la communication au bénéfice de l’intercommunalité comme la promotion des ZAC, le pôle culinaire unique ou le ramassage des déchets. D’autres, comme la voirie souvent attribuée spontanément à la commune, sont moins visibles, et peuvent plus difficilement être mises en valeur. Nous disposons de deux DSP. L’une portant sur le très haut débit et l’autre sur la piscine intercommunale. Pour cette dernière, la communication est gérée en commun avec le délégataire et nous essayons d’apparaître au maximum. C’est d’autant plus facile pour nous puisque l’équipement a beaucoup de succès. L’équipement est par ailleurs intégré dans la communication institutionnelle puisqu’il est un des motifs qui ont justifié l’intercommunalisation du territoire. Il fait partie du kit de communication. Pour le reste, nous avons choisi de garder une maitrise publique. »

Frédéric Sanchez, Métropole Rouen Normandie

« La communication sur les services publics locaux est un sujet très sensible. Nous avons clairement identifié le risque de perte de cohérence sur nos différents services et infrastructures et nous le prenons en considération très sérieusement. Par exemple, nous venons d'organiser le changement de nom de beaucoup de nos satellites pour qu’ils s’appellent tous « Rouen-Normandie » suivi de leur désignation spécifique. Il y a un fort enjeu à ce qu’on identifie mieux les vecteurs d’intervention de l'intercommunalité. Que ce soit pour le Parc des expositions, le Zenith, la Salle 106 ou le Palais des sports, nous essayons de contrôler la communication, sans tomber dans la caporalisation. Ces structures qui fonctionnent en délégation de services publics (DSP), ont leur propre public. Mais les habitants doivent comprendre et identifier qu’elles entrent dans les stratégies de développement et d'aménagement de la métropole. Le travail de la Direction de la communication est donc de réguler la tension structurelle entre une forme d’autonomie des structures déléguées et notre objectif d'identification de la métropole. »

Environ une intercommunalité sur quatre a - ou va devoir - changé de nom. Comment abordez-vous cette question d’identité ?

Eric Kerrouche, CC Maremne Adour Côte-Sud

« En général, le nom de l’intercommunalité fait appel à la géographie locale ou met en avant une ville centre. Or, dans notre intercommunalité, nous avons trois villes centres : nous ne pouvions donc pas en faire prévaloir une. Nous avons choisi l’acronyme MACS (Maremme Adour Côte Sud), car il rappelle un prénom et qu’il y a une idée de max (maximum), qui induit le sens « plus ». Nous jouons sur le fait que l’acronyme MACS est plus amusant que certains autres acronymes. À l’intérieur du territoire, le terme a été plutôt bien accepté. »

Jean-Marc Nicolle, CA Val de Bièvre

« La réforme territoriale qui s’annonce va bouleverser notre territoire avec la création de la Métropole du Grand Paris le 1er janvier 2016. Nous allons passer du statut d’EPCI à celui de « territoire du Grand Paris ». Ce changement, majeur, va entrainer un nouveau travail d’affirmation du territoire. Si nous souhaitons rendre compréhensible la réforme et créer un attachement de la population à cette nouvelle structure, réfléchir à une nouvelle identité sera nécessaire, qui se positionnera entre celle de Paris et celles des différentes communes du territoire. »

Anne Blanc, CC du Naucellois

« Le périmètre de la communauté va évoluer et le nom de la communauté va changer également. Pour le moment, le périmètre n'est pas encore fixé, deux hypothèses sont examinées. Si la première hypothèse est choisie, le nom est déjà acté car il circule depuis très longtemps. Si la deuxième solution est adoptée, le nom fera peut-être l'objet d'une consultation. Dans tous les cas, il n'y aura pas de référence à la ville centre puisque nous avons plusieurs communes équivalentes et qu’il était impossible d'en faire prévaloir une sur les autres. Le nom de la nouvelle communauté s'inspirera donc davantage de l’identité économique, culturelle et géographique du territoire. »

Frédéric Sanchez, Métropole Rouen Normandie

« La Métropole Rouen Normandie est le nouveau nom que nous avons donné à la Créa (Communauté d’agglomération Rouen-Elbeuf-Austreberthe). Le nom Créa a extrêmement bien fonctionné pour les habitants du territoire. Nous avons effectué une enquête en septembre dernier et 90% des personnes qui reconnaissaient l'appartenance de leur commune à l'intercommunalité, identifiaient le nom de la Créa. Cela n’a donc pas été facile de décider d’abandonner ce nom… Nous l’avons tout de même fait en considérant que le changement de nom marquait une étape : devenir une Métropole nous positionne dans la catégorie des grands territoires français. Le nouveau nom s'est imposé assez facilement en associant la ville centre, Rouen, à la Normandie qui offre un rayonnement international. Ce nouveau nom est à la fois plus clair pour l’extérieur, mais au fond plus indéterminé pour les habitants car il peut induire une confusion avec le rôle d'autres acteurs comme la Région. D’autant plus que les services de la ville centre et de l'intercommunalité entrent dans un processus de mutualisation qui peut renforcer ce sentiment de confusion. Je ne considère pas que le mot « métropole » doive être réservé aux seules intercommunalités qui bénéficient de ce statut. La loi ne doit pas conduire à des rigidités telles que nos collègues soient contraints à des évolutions sémantiques. Les territoires concernés par cette question ne sont pas des territoires frontaliers avec des « vraies » métropoles : il n'y a donc pas de confusion directe. Par ailleurs, le mot « métropole » suggère une réalité qui s’accorde mal avec la géographie. Il renvoie au fait urbain, alors que l’enjeu, en terme d'aménagement du territoire, est justement d’inventer un équilibre nouveau qui allie l’urbain et le rural pour une meilleure qualité de vie. Il est difficile à faire comprendre que la métropolisation est la constitution d’une communauté de destin entre urbains et ruraux. C’est pourtant ce concept d’aménagement nouveau que nous souhaitons réussir. »

La communauté de commune du Naucellois

Créée le 1er Janvier 2002, la communauté de communes du Nancellois se compose de dix communes autour de sa ville centre de Naucelle. Elle compte 5 566 habitants. La CCN se situe en Aveyron à mi-chemin entre Rodez et Albi. Anne Blanc est présidente de la communauté de commune, maire de Naucelle et conseillère départementale PRG, élue le 29 mars 2015.

La communauté de communes Maremne Adour Côte-Sud (MACS)

La communauté de communes Maremne Adour Côte-Sud a été créée en 2002, et regroupe 23 communes pour une population de plus de 60 000 habitants. Située sur la côte Atlantique dans le sud-ouest du département des Landes, la communauté se structure autour de trois pôles : Saint-Vincent-de-Tyrosse, Soustons et Capbreton. Éric Kerrouche est président de la Communauté de communes Maremne Adour Côte-Sud et maire-adjoint socialiste de Capbreton.

La communauté d'agglomération de Val de Bièvre

La communauté d'agglomération de Val de Bièvre regroupe sept communes du Val de Marne : Arcueil, Cachan, Fresnes, Gentilly, L’Haÿ-Les-Roses, Le Kremlin-Bicêtre, Villejuif, et compte 203 100 habitants. Elle est présidée par Jean-Jacques Bridey. Jean-Marc Nicolle est vice-président de la communauté d'agglomération de Val de Bièvre, premier adjoint au Kremlin-Bicêtre, conseiller régional MRC d’Île-de-France. Délégué spécial auprès du Président de la Région Ile-de-France sur le Grand Paris.

La communauté d’agglomération Orléans Val de Loire

Initiée dès les années soixante, devenue en 2002, une communauté d’agglomération regroupant 22 communes, la communauté d’agglomération Orléans Val de Loire, compte 274 000 habitants. Charles-Éric Lemaignen est président de la communauté d'agglomération Orléans Val de Loire depuis 2001, conseiller municipal délégué d'Orléans, conseiller régional UMP de la région Centre Val de Loire, et président de l'Assemblée des communautés de France (ADCF).

Métropole Rouen Normandie

La communauté d'agglomération Rouen-Elbeuf-Austreberthe (CREA) est devenue le 1er janvier dernier la Métropole Rouen Normandie rassemblant 71 communes et 495 000 habitants. Frédéric Sanchez est président de la Métropole Rouen Normandie, maire de Petit-Quevilly, ancien premier vice-président du Conseil général de Seine-Maritime (2011-2015).