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Utilisez les couleurs de votre ADN !

Publié le : 14 juin 2019 à 13:42
Dernière mise à jour : 14 juin 2019 à 15:59
Par Yves Charmont

Communiquez vos couleurs et soyez habiles avec la chromie ! Rose et rouge, si proches et si différents ; verte non pas de rage mais de créativité, rouge d’autorité… dans vos supports, la couleur, c’est l’avis. Le designer Jean-Gabriel Causse est venu décrypter les codes couleurs de la communication aux 10es Rencontres de la presse et des médias territoriaux ce 13 juin 2019. Il nous donne quelques recommandations pour améliorer l'ambiance chromatique des supports territoriaux.

Jean-Gabriel Causse est un écrivain et designer, spécialiste de l'influence des couleurs sur nos perceptions et comportements. Il raconte cette histoire des couleurs dans un ouvrage : L'Étonnant Pouvoir des couleurs chez Palio. Il est également l'auteur de deux romans : Les Crayons de couleur et L'Algorithme du cœur.

Quelles sont vos recommandations en termes de couleurs pour la presse des territoires ?

Jean-Gabriel Causse : 1 - Choisir une couleur dominante forte. Éviter le côté « arbre de Noël » ou Arlequin. Préférer une couleur principale qui s’appuie sur une couleur secondaire. C’est toujours payant de prendre un parti pris chromatique très fort.
2 - Essayer de respecter au maximum les couleurs de la marque territoriale. Il faut s’appuyer sur l’ADN du territoire et ses gammes de couleurs. Il faut les cultiver, quand on a la chance d’en avoir.

Comment faire lorsque l’on hérite de couleurs délicates ou difficiles ?

J.-G. C. : Il n’y a pas de situations insurmontables. La symbolique peut évoluer. Prenez par exemple celle du drapeau rouge : à l’origine il était antirévolutionnaire ! Quand il y avait un soulèvement dans une seigneurie, on hissait le drapeau rouge sur le donjon pour mater l’émeute. Ce fut encore le cas pour la prise de la Bastille en 1789 ! Mais les révolutionnaires d’alors ont pris le drapeau rouge et l’ont brandi pour le tourner en dérision et défier le pouvoir. Lénine a vu des images de ce fait d’armes révolutionnaire et en a fait le symbole que l’on connaît.

N’accorde-t-on pas trop d’importance au langage des couleurs ?

J.-G. C. : C’est l’inverse. Les couleurs que l’on porte en disent par exemple beaucoup sur vous. Le non-verbal est bien plus important qu’il n’y paraît. De nombreuses études convergent vers une influence des couleurs sur la perception sensorielle et les comportements.

Faut-il aborder différemment nos codes couleurs dans l’espace digital ?

J.-G. C. : Pour moi vous avez intérêt à garder la même tonalité dans le print et le web. L’avantage dans ce dernier, c’est que vous aurez des couleurs plus saturées. Il est plus important de conserver une cohérence entre vos éditions. Il y a des cas particuliers, bien sûr, mais si je partais de zéro, aujourd’hui, pour un titre pluri-médias, je choisirais le canal ayant la plus grosse audience (print ou web) et je déclinerais ensuite les couleurs dans les autres supports.

Quelles sont les tendances couleurs actuelles ?

J.-G. C. : Dans la communication, la seule tendance décelable, c’est la sobriété. On abandonne les « arbres de Noël » multicolores assez inefficaces – quand il y en a trop, on perd en élégance ! En parallèle, aujourd’hui, on a tendance à resaturer les couleurs des images. Enfin, sur le Web, beaucoup de sites privilégient une ambiance chromatique sur un fond blanc. Un site sur fond coloré peut maintenant paraître ringard.

La couleur de l’actualité, ce fut le « jaune gilet » n’est-ce pas ?

J.-G. C. : Oui ! Le jaune, c’est la couleur détestée, de tout temps, et partout. On dit « jaune cocu », on « rit jaune »… Quelque part, nos gilets jaunes se sentent peut-être « cocufiés » par la République. Mais j’ajouterais que ce jaune « fluo » a une autre signification : celle de l’invisible qui devient visible. Comme pour une équipe de foot, dès que l’on met une couleur, on fait partie d’un ensemble, d’un groupe. Les armées se paraient d’une couleur.

Que retiendrez-vous de ces 10es Rencontres de la presse et des médias territoriaux ?

J.-G. C. : Je connais ce sujet par le magazine de Montrouge, ma ville ! Je trouve cela bien, plein d’infos et je le lis avec grand plaisir. J’y trouve des informations locales, que l’on ne voit pas ailleurs. Je crois plus au papier qu’au web en ce qui concerne la communication des collectivités et de proximité, y compris, comme je le constate avec mes enfants, pour les nouvelles générations. L’avenir de la presse, d’une certaine manière, se joue là. Vous avez une vraie carte à jouer. On est contents de recevoir cette presse territoriale… surtout si elle est bien faite !