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Les communes à la recherche d'une communication de proximité

Publié le : 19 novembre 2017 à 23:19
Dernière mise à jour : 19 novembre 2017 à 23:31
Par Cap'Com

Près de 200 maires ont assisté à un atelier sur la communication et la proximité lors du Congrès des maires de France qui s’est tenu à Paris du 31 mai au 2 juin dernier. Organisés avec Cap’Com, les débats ont permis de comprendre le rapport des Français, et notamment des populations précaires, à la communication de leur commune. L’enjeu reconnu par tous : favoriser l’inclusion et l’appartenance à une même communauté.

Les maires en sont conscients, la communication est un outil plus que jamais essentiel pour donner de la lisibilité à l’action publique. « Nos concitoyens sont perturbés par le brassage incessant des structures locales, explique Yves Goasdoué, député maire de Flers en Normandie. Ils sont en attente de comprendre qui décide de quoi, notamment en ce qui concerne la pression fiscale. » Pour renforcer la compréhension du qui fait quoi, la ville et l’agglomération de Flers ont mis en place une charte graphique commune. Et le maire d’en assumer le choix financier : « Au départ il y a un surcoût lié au déploiement de la charte et de la signalétique. Mais ensuite cela coûte moins cher et renforce la lisibilité de l’action publique. C’est la meilleure réponse qu’on puisse apporter à la complexité actuelle. » Mais la communication ne s’arrête pas à la pédagogie : « Il faut donner de la profondeur, précise Dominique Djian, directrice de la communication de la ville et de l’agglomération de Poitiers. Il y a une demande des habitants d’approfondir certains sujets. On ne peut pas toujours être dans la simplification. » D’où le choix de traiter un même sujet sous différents angles et dans différents supports de communication. « Pour laisser la place à une parole publique et politique », insiste-t-elle.

Les personnes en situation de précarité expriment un espoir dans la politique et s’y intéresse malgré les difficultés

Mais ces supports rencontrent-ils leur public ? Pas complètement lorsqu’on regarde les résultats du dernier Baromètre de la communication locale présentés par Jean-Daniel Lévy d’Harris Interactive. Ce sondage grand public, réalisé tous les deux ans, a mis en évidence trois types de publics : les bien informés, les médians, et les mal informés.

Qui sont les mal informés ? Un focus a été fait sur ces citoyens qui ne reçoivent pas ou peu les supports de communication de leurs collectivités. « Ils représentent plus d’un quart des habitants d’une commune », analyse Bernard Deljarrie, délégué général de Cap'Com. Une grande partie d’entre eux sont des personnes en situation de précarité, ainsi que le constate la sociologue Céline Braconnier, auteure avec Nonna Mayer d’une étude de référence Les inaudibles, sociologie politique des précaires. « La précarité - qui touche toutes les catégories socioprofessionnelles et près de 36 % des inscrits sur les listes électorales soit 17 millions de personnes - éloigne de la politique, explique-telle. Mais l’éloignement ne signifie pas rupture. Les personnes en situation de précarité expriment un espoir dans la politique et s’y intéresse malgré les difficultés. »

Les discours stigmatisants sur l’assistanat jettent dans l’exclusion une partie de la population

Un enjeu pour les communes qui conservent, comme collectivité de proximité, une capacité de médiation capable de faire revenir les publics précaires dans le débat public. « Lorsqu’un citoyen appréhende le périmètre de sa collectivité, sa temporalité, son fonctionnement, il se sent appartenir à cette collectivité, témoigne Agnès Lebrun, maire de Morlaix et vice-présidente de l’AMF. On voit chaque jour que dans le cas contraire les citoyens sont décentrés et donc en désaffection. » Et de souligner que le discours public, aussi pédagogique soit-il, se heurte à un déficit d’instruction civique : « Il y a une différence très nette entre les générations, nous devons réapprendre aux plus jeunes le fonctionnement des institutions. »

Avant d’être une question d’outils, la communication publique pose celle du message. « Il y a une responsabilité du discours politique, constate Olivier Berthe, président des Restos du cœur. Les discours stigmatisants sur l’assistanat jettent dans l’exclusion une partie de la population qui ne veut pas être considérée comme assistée. Ces personnes refusent de bénéficier d’aides dont elles ont pourtant besoin ». Céline Braconnier confirme : « Les personnes en situation de précarité veulent qu’on s’adresse à elles en tant que citoyens. Elles sont très sensibles au fait qu’on s’intéresse à elles pour ce qu’elles ont de commun avec les autres. » Dans cette perspective, la communication a donc une partition difficile à jouer. Valérie Levin, dircom de Grande-Synthe dans le Nord - 64% de logement social - raconte : « La communication à l’endroit de publics précaires doit revenir aux fondamentaux : dialogue, respect, simplicité. La bonne vieille lettre du maire, sans artifice de communication, est parfois un outil très efficace. Il faut surtout aller sur le terrain, favoriser la relation humaine directe. C’est un principe de médiation. » Une communication qui demande du temps, mais ne coûte pas très cher, ce qui, en ces temps de restrictions budgétaires, offre un argument supplémentaire à cette nécessaire proximité.

Favoriser la participation de tous aux élections de 2017

L’éloignement du processus électoral concerne 25 % du corps électoral, soit 11 millions d’électeurs potentiels qui ne sont plus inscrits ou qui restent inscrits dans une autre commune que celle de leur résidence. « Mais cela ne concerne pas que les populations précaires » a expliqué Céline Braconnier. L’Association des maires de France et le réseaux Cap’Com des communicants publics et territoriaux mettent en place une dispositif de soutien aux communes pour favoriser l’inscription sur les listes électorales.