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Osez le langage clair ! Les 5 règles essentielles

Publié le : 4 juillet 2019 à 14:46
Dernière mise à jour : 12 juillet 2019 à 12:36
Par Eva Morin-Marechal

Quatre Français sur dix déclarent être confrontés à des écrits qu’ils ne comprennent pas ou mal, selon une étude du cabinet Occurrence. Face à ce challenge, Stéphanie Guillaume, fondatrice de l’agence de communication éditoriale Avec des Mots, a partagé les cinq règles essentielles du langage clair avec les communicants publics. Prenez votre plume, vous allez révolutionner vos écrits !

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Par Eva Morin-Marechal, étudiante en licence professionnelle communication éditoriale et digitale à l'IUT Bordeaux Montaigne et chargée de communication au sein de l'association TAPAJ France.

Parler en « langage clair », pour quoi faire ?

Écrire en langage clair, c’est employer un langage de tous les jours en se plaçant du côté du lecteur, de l’usager, du citoyen. L’objectif est de rendre tous les types d’information compréhensibles et accessibles au plus grand nombre. « Lors de la rédaction, cela consiste à vous demander constamment ce qui est important pour votre interlocuteur : "Qu’est-ce qu’il est utile pour lui de savoir ?" », a expliqué Stéphanie Guillaume, de l'agence Avec des Mots qui dispose d'une expertise spécifique en langage clair, lors de son intervention aux 10es Rencontres nationales de la presse et des médias territoriaux.

Un texte écrit en langage clair, c’est un texte facile à comprendre dès la première lecture.

Utiliser le langage clair aide votre public à :

  • trouver l’information qu’il cherche ;
  • comprendre l’information qu’il trouve ;
  • utiliser cette information pour répondre à ses besoins.

Quelques exemples d’application du langage clair (crédit : agence Avec des Mots) :

Déchiffrer les contenus fait partie de notre quotidien. Une habitude ancrée dans les normes sociales à tel point qu’elle est considérée comme « normale ». Pourtant, une étude de l’OCDE démontre que tout le monde préfère lire un texte facile à comprendre. Quels que soient votre âge, votre niveau de langue, votre niveau d’éducation ou votre catégorie socio-professionnelle, vous êtes sûrement le premier ravi de lire aisément un texte au style fluide et limpide. Il en va de même pour votre lectorat !

L’accessibilité pour tous, un enjeu pour les communicants publics

Écrire dans un cadre professionnel, c’est écrire pour être lu mais surtout pour être compris. En tant que communicant, vous avez le devoir de transmettre des informations de natures diverses et variées. Vous écrivez le plus souvent à un lectorat, lui aussi, vaste et hétérogène. Pour les professionnels du service public, c’est une mission essentielle d’informer et de renseigner les citoyens. Derrière le rôle de communicant se cache l’enjeu démocratique de rendre accessibles les informations et de faire en sorte qu’elles soient comprises, utilisées à bon escient.

Pour mener à bien les responsabilités dont vous êtes investi, il est primordial que vous puissiez tout mettre en œuvre pour clarifier les informations en votre possession. Ce n’est pas uniquement pour une question d’accessibilité mais aussi par souci de transparence. Être clair et direct avec votre audience vous assure de générer de la confiance, de gagner en temps et en argent, de satisfaire davantage vos publics, mais aussi de réduire le nombre d’appels, de réclamations ou de litiges. Ces liens de confiance fidéliseront votre lectorat à terme. Et qui sait… un lecteur heureux est susceptible de partager sa bonne expérience autour de lui, ce qui renforcera potentiellement votre cercle de fidélisés !

Les cinq règles-clés du langage clair

Dites adieu au superflu et bonjour à l’essentiel ! Le langage clair invite à prendre une autre posture en tant que communicant pour imaginer d’autres manières de tourner l’information afin de la rendre accessible à tous. Il existe une vingtaine de règles qui permettent, mises bout à bout, de tendre vers une simplification et une plus grande accessibilité des textes.

Parmi les vingt éléments-clés pour employer le langage clair, voici les cinq piliers fondamentaux.

1. Définir le but du texte

Le but d’une communication est toujours l’action attendue vis-à-vis du lecteur : que doit-il faire ou avoir compris après avoir lu le support ?

Quelques exemples :

  • brochure d’information pour les patients allant passer un scanner : le but, c’est préparer et rassurer la personne (qu’elle n’ait pas mangé quelque chose qu’il ne fallait pas, etc.) ;
  • dépliant sur les impôts locaux : le but, c’est que l’usager paie et au bon moment ;
  • brochure sur un produit d’investissement : le but, c’est que le client investisse ;
  • notice de montage d’un meuble : le but, c’est de monter le meuble ;
  • lettre informant de l’échéance d’un placement : le but, c’est que l’usager paie et le fasse dans les délais.

Penser au-delà de votre contenu en clarifiant le message à faire passer, c’est un premier pas vers l’application du langage clair dans votre pratique professionnelle.

2. Se mettre à la place du lecteur

Posez-vous les questions que vos lecteurs se posent. Les points-clés qui ressortent de ce questionnement permettent de structurer le contenu d’une façon logique, en adéquation avec leurs besoins et leurs problématiques. Il n’existe pas de réponse unique, tout dépend de votre lectorat.

Pour faciliter votre démarche, revenez aux fondamentaux de la rédaction journalistique avec les 5W ou QQOQCCP : Qui, Quoi, Où, Quand, Comment, Combien, Pourquoi.

Par exemple, voici quelques questions que peut se poser le lecteur d’un dépliant sur les impôts locaux :

  • qu’est-ce que c’est ?
  • à quoi ça sert ?
  • qui doit payer ?
  • combien ça (me) coûte ?
  • comment payer ? Quand ? Où ?

3. Placer le but au début du texte puis les informations secondaires

Dans une société où notre capacité d’attention est de 8 secondes sur le Web et où tout fuse à la va-vite, il est intéressant d’annoncer d’entrée de jeu les intentions de votre texte. D’une part, vous accrochez l’attention de votre lecteur en expliquant immédiatement quelle est l’utilité de vous lire. D’autre part, vous posez un cadre clair qui lui permet de mieux appréhender la teneur et le déroulement de votre propos.

4. Utiliser la voix active

Avec la voix active, votre lecteur distingue qui est l’émetteur et comprend mieux l’objectif du texte. C’est également un bon moyen pour créer davantage de proximité avec lui !

Exemple : « Les documents doivent être envoyés rapidement. » = « Vous devez envoyer ces documents rapidement. »

5. Simplifier le vocabulaire

Dites au revoir au langage formel, aux mots abstraits, aux euphémismes, au jargon, aux mots ambigus, au langage figuré… Le langage clair vous invite à employer des mots concrets et proches de la vie quotidienne. Vous allez redoubler d’efficacité dans votre rédaction, toujours dans une optique de simplification pour gagner en accessibilité.

Employer le langage clair ne signifie pas être simpliste mais être efficace. En ce sens, limitez les synonymes. Si vous écrivez « citoyen », vous allez utiliser uniquement le terme « citoyen » et vous ne parlerez pas « d’usager », de « civil », etc. Ces synonymes viennent brouiller le message véhiculé par le texte. L’objectif recherché n’est pas la richesse du vocabulaire ou les nuances des termes, mais bien de souligner ce qui est utile au lecteur. Vous gagnez en clarté car il n’y a pas d’ambiguïté dans la compréhension du texte : votre lecteur sait que vous parlez du citoyen.

D’autres exemples d’application du langage clair :

  • substantiel = important ;
  • entreprendre une étude = étudier ;
  • cette erreur est regrettable = excusez-nous ;
  • le montant restant à couvrir = le montant restant à payer ;
  • dénoncer la transaction = refuser l’accord ;
  • déplacer des montagnes = faire de gros efforts.

« Le pouvoir du langage clair »

Atouts du langage clair et règles essentielles sont rassemblés dans le livre blanc Le pouvoir du langage clair proposé en téléchargement par l'agence Avec des Mots.

Maîtrisez votre sujet

Albert Einstein disait : « Si vous ne pouvez pas expliquer quelque chose simplement, c’est que vous ne le comprenez pas vous-même. »

Maîtriser votre sujet est la première étape de votre travail. Cela peut être difficile par manque de temps, pour une question de légitimité ou pour masquer vos faiblesses dans un domaine. Ce sont quelques-unes des multiples raisons qui empêchent parfois les communicants (mais pas que !) d’écrire simplement. Toutefois, la compréhension et la connaissance de votre sujet restent la base de tout écrit clair. Si vous n’êtes pas sûr de bien saisir la teneur de l’information que vous transcrivez, il est fort probable que vos doutes se ressentent dans le texte et nuisent à la clarté de vos propos.