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30 ans de com publique vus par Joëlle Deglin

Publié le : 28 août 2018 à 17:12
Dernière mise à jour : 6 novembre 2018 à 16:40
Par Pierre Geistel

Quand il arrive au Forum Cap’Com, le groupe de Joëlle Deglin ne passe jamais inaperçu. Il affiche un sourire éclatant et un (vrai) accent belge pour promouvoir la belle province Wallonie et son service public. Pour les 30 ans de l'évènement, la dircom nous livre sa vision de l'évolution de la com publique ces trois dernières décennies et pointe les défis à venir.

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Joëlle travaille dans la communication publique depuis 28 ans. Maîtrise en sociologie et agrégation en sciences économiques et sociale en poche, elle débuta comme journaliste dans un quotidien engagé. Quatre ans plus tard, elle devint attachée de presse dans l’administration publique. Chargée pendant 12 ans du journal interne et du magazine territorial, Joëlle dirige depuis 2010 la communication externe du Service public de Wallonie où elle gère et anime une équipe de 66 personnes.

Cette interview est issue d'une série d'entretiens de communicants publics "30 ans de com publique vus par..." menés à l'occasion de la 30e édition du Forum Cap'Com par Pierre Geistel, ancien chargé de communication, et par Philippe Lancelle, directeur du tourisme de la région Bourgogne Franche-Comté, tous deux membres du comité de pilotage de Cap'Com.

30 ans de com publique vus par...
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La com publique a beaucoup évolué depuis 30 ans. Quels sont les changements qui ont marqué le métier depuis ces années ?

La communication s’est professionnalisée et évolue vers une véritable communication d’intérêt public.
Si le politique est parfois encore omniprésent, notamment dans les petites entités, dans les administrations, la communication est devenue une discipline connue et reconnue à part entière.

Notre objectif est vraiment de construire une relation de confiance durable avec le citoyen et non de faire la promo de tel homme ou telle femme politique.

Elle pratique une information neutre et objective d’accès aux services. Notre objectif est vraiment de construire une relation de confiance durable avec le citoyen et non de faire la promo de tel homme ou telle femme politique.
Le périmètre est désormais beaucoup plus clair. Nous sommes en effet davantage dans l’information et la pédagogie à long terme plutôt que dans la séduction et l’effet d’annonce

Dans les 10 prochaines années, quels sont les défis auxquels la com publique risque d’être confrontée ?

J’épinglerai essentiellement quatre défis majeurs. Tout d’abord, comment continuer à gérer les effets d’annonces du politique et articuler la « communication de circonstances » avec une réelle communication de service public ?

En Wallonie aussi, et alors qu’elle est une composante essentielle de la vitalité de nos démocraties, la communication publique, comme tous les services publics est touchée par les politiques de restriction !

Ensuite, comment mener des actions de communication et organiser l’accès aux services avec moins de personnel et moins de budget ? En Wallonie aussi, et alors qu’elle est une composante essentielle de la vitalité de nos démocraties, la communication publique, comme tous les services publics est touchée par les politiques de restriction !

Troisièmement, comment être consultés en amont des décisions et ne pas toujours être appelés comme les pompiers de service ?

Et enfin, dans un monde volatile et complexe, comment répondre efficacement, rapidement et pro activement aux besoins des usagers alors que nous sommes dans une structure administrativement lourde ?

Quel est votre meilleur souvenir dans l’exercice de votre métier ?

J’ai connu énormément de satisfaction dans mon parcours professionnel. Nous avons de belles réussites à notre actif : un magazine territorial fort apprécié, des évènements de grandes qualités, des expositions très fréquentées...

Je n’ai pas un bon souvenir mais des milliers de moments de bonheur car notre métier, avec toutes ses interrogations, a vraiment du sens.

Nous travaillons en équipe dans une excellente ambiance et nous avons ce souci du citoyen qui anime notre quotidien. Bref, je n’ai pas un bon souvenir mais des milliers de moments de bonheur car notre métier, avec toutes ses interrogations, a vraiment du sens.

Et le moins bon ?

J’ai vécu, comme tous les communicants, de grands moments de stress : une brochure publiée avec une erreur, un événementiel sous la tempête, un changement de cap en pleine campagne de com…

Ces moments sont effectivement désagréables mais ils font partie des aléas du métier. A titre tout à fait personnel, ce que je regrette maintenant, c’est d’être de plus en plus éloignée du terrain et de la réalité des citoyens par des tâches de management et de reporting. Que de temps passé en réunions « prises de tête » et que de d’heures consacrées à réaliser des tableaux !

Si vous aviez à conseiller un étudiant qui veut se lancer dans la com publique, que lui recommanderiez-vous et pourquoi ? 

 Je lui dirais d’abord qu’il a choisi de se lancer dans un beau métier, un métier qui a du sens et une réelle utilité.

Un conseil à un étudiant en com publique : rester humble, curieux, ouvert et toujours se mettre à la place de l’usager.

Je lui conseillerais de choisir une solide formation en communication stratégique, de la compléter par des modules pratiques et techniques, d’alterner des stages dans le secteur public mais aussi d’aller voir dans le privé comment cela se passe. Et puis surtout de rester humble, curieux et ouvert et de toujours se mettre à la place de l’usager.