Aller au contenu principal

Mes pages com de l'été #2

Publié le : 9 juillet 2020 à 19:24
Dernière mise à jour : 16 juillet 2020 à 12:37

Le choix de Guy Lorant, ancien dircom nantais, pilier du réseau :
« Plus rien à faire, plus rien à foutre », Brice Teinturier

J'ai choisi ce livre parce qu'il constitue une des analyses intéressantes de la crise de la représentativité et que trois ans après sa publication il demeure d'actualité. Je l'ai aussi choisi parce qu'il me semble important que les communicants publics assument pleinement la dimension politique de leur métier. Ce que décrit Brice Teinturier me paraît au moins aussi important que tout ce qui s'écrit sur les techniques et les outils de communication.

Il y a des livres comme ça. Celui que Brice Teinturier a publié en 2017 aurait très bien pu être écrit à l’issue des élections municipales de 2020. « Plus rien à faire, plus rien à foutre » (la PRAF-attitude) est consacré à la crise de la démocratie. Un de plus ? Peut-être. Mais certainement pas le plus mauvais. Le délégué général d’Ipsos fait partie des bons observateurs de la société française. Qu’il évoque l’effondrement de la morale, la crise de l’exemplarité ou la confusion entre politique et téléréalité, il fait preuve d’une perspicacité alimentée par les nombreuses études d’opinion qu’il a eu l’occasion de réaliser et dont il sait, dans ce livre, dépasser le caractère parfois anecdotique. Inquiet de voir progresser « l’indifférence, la relativisation et le dépassement », l’auteur lance un cri d’alarme qui ne saurait laisser indifférents les communicants, à l’heure où ces derniers ont parfois tendance à privilégier la technique sur la stratégie et à nier ou sous-estimer la dimension politique de leur fonction.

Les problèmes de l’information, parmi lesquels l’influence des réseaux sociaux, sont évoqués à plusieurs reprises dans cet ouvrage, où il est notamment question de la « dilution des référentiels communs portés par l’information ». Problème crucial pour tous ceux qui sont chaque jour confrontés à la difficulté de concevoir des messages adaptés à des publics de plus en plus segmentés, parmi lesquels les adeptes de la PRAF-attitude. Si le doute radical est une caractéristique du pays qui a engendré Descartes, celui qui touche la politique prend les aspects d’une défiance « et, avec elle, de plus en plus souvent et tout simplement [de] la haine ». En d’autres termes, l’invective et l’injure ont remplacé le débat démocratique, alors que progresse par ailleurs une indifférence jamais égalée.

Que faire face à cette situation ? La réponse que nous livre l’auteur est modeste. Il propose surtout de s’interroger sur les motivations de la PRAF-attitude pour la contrer. Tâche qui, selon lui, incombe aux acteurs politiques, mais pas seulement à eux. « Ce travail concerne aussi tous ceux qui jouent un rôle spécifique dans la vie du pays et le débat public, et qui contribuent à faire vivre ou à abîmer la démocratie : journalistes, intellectuels, présidents d’associations, représentants syndicaux, chefs d’entreprise, spécialistes des marques et du marketing, responsables d’enquêtes d’opinion, entre autres. » Si le mot communicant ne figure pas dans la liste, on peut considérer qu’il est sous-entendu.

Au total, un livre à la fois grave et agréable à lire, qui a valu à son auteur le prix du livre politique. Que ceux qui ne l’ont pas encore lu n’hésitent pas à consulter les quelque 200 pages de « Plus rien à faire, plus rien à foutre ».

« Plus rien à faire, plus rien à foutre »
Brice Teinturier
Robert Laffont
23 février 2017
198 pages

Vos pages com de l'été

Avec les congés, nous marquons une pause dans le suivi des éditions et avons demandé à certains membres du réseau de nous présenter un livre en quelques lignes. Un livre qui l'aura fortement influencé professionnellement ou qui alimente sa réflexion personnelle.

Voir toutes les « pages com »