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Les communicants publics évaluent le positionnement de leur métier

Publié le : 22 février 2024 à 07:21
Dernière mise à jour : 22 février 2024 à 16:04
Par Bernard Deljarrie

Interrogés, les communicants publics décrivent l’évolution de leurs responsabilités, de leurs relations tant avec les habitants qu’avec les élus, et de la place qu’occupe la communication dans leur collectivité. Un positionnement, reflet d’une société où la défiance envers la parole publique progresse, que révèle l’étude « L'état d’esprit des communicants publics » (1).

Voilà un métier qui est loin d’être figé. La communication ne cesse de prendre de l’importance dans les collectivités publiques. C’est là l’avis de la plupart des responsables des services communication. Pour eux, la fonction gagne, d’année en année, en autonomie, elle s’enrichit et devient plus stratégique. Même s’ils craignent dans le même temps que le métier se complexifie trop.

Une profession qui gagne en responsabilité

N’allons pas croire, toutefois, que ce sentiment d’une profession qui gagne en responsabilité est autant partagé par tous les communicants publics. En effet, ceux qui dirigent leur service depuis près d’une dizaine d’années ont un regard moins enthousiaste sur l’évolution du métier. Les plus anciens dans la fonction ne sont que 30 %, contre près de 50 % pour les plus jeunes, à reconnaître que sur les dernières années leur fonction est devenue plus stratégique.

Mais ils sont tous d’accord, jeunes et moins jeunes, pour reconnaître que la fonction se complexifie sans cesse. Les champs de compétences qui s’élargissent, les outils qui se diversifient, les responsabilités croissantes assignées à la communication, rendent en effet ce métier plus compliqué. Les communicants publics sont presque unanimes (91 %) à le reconnaître.

La communication externe et la com interne se renforcent

Globalement, les communicants en conviennent, la communication externe comme interne de leur collectivité poursuit son renforcement. C’est un sentiment que l’on mesurait déjà pour les années 2020-2021.
Presque unanimes (87 %), qu’ils soient à la tête d’un service communication étoffé et bien doté, ou qu’ils disposent d’une petite équipe et de peu de moyens, ils reconnaissent que la communication externe de leur collectivité a tendance à se renforcer au cours des deux dernières années.

Pour la communication interne, les réponses ne sont pas aussi franches. Le renforcement de la com interne a été manifeste pendant les années 2020-2021. Aujourd’hui, c’est toujours le cas dans les grandes collectivités, où les services continuent à se consolider. Dans les plus petites collectivités, la com interne reste encore largement absente et ne semble pas décoller. Dans les communes de moins de 50 000 habitants, qui peuvent compter plus de 500 agents, les perspectives de montée en régime de la com interne sont laborieuses. Moins de 50 % des communicants mesurent un renforcement de la com interne au cours des deux dernières années, contre plus de deux tiers dans les plus grandes collectivités.

Une nécessaire relation de confiance difficile à maintenir

Les communicants publics ont-ils le sentiment que leurs responsabilités croissantes, que le renforcement de leur métier, se construisent dans le cadre de relations de confiance avec les habitants et avec leurs élus ?

En France, la confiance à l'égard de la politique, des institutions, des élus, ne cesse de se dégrader depuis plusieurs décennies. La défiance des Français envers la politique et ceux qui l'exercent ne faiblit pas, constate le dernier Baromètre élaboré par le Cevipof.

La défiance généralisée des Français, sauf pour l’institution communale

Dans un climat de grande défiance à l'égard de la politique, une large majorité de Français continuent à accorder leur confiance à leurs élus locaux et aux institutions de proximité. Selon la 15e vague du Baromètre de la confiance politique du Cevipof, la politique au niveau local se démarque, elle inspire davantage de confiance que la politique nationale. Le maire de leur commune dispose de la confiance de 60 % des habitants. De même, interrogés sur leurs institutions, ils déclarent à 59 % avoir confiance dans le conseil municipal.

Ces résultats sont en progression de 6 points pour le conseil municipal. Une évolution s'inscrivant dans le cadre d'un léger rebond de confiance qui profite à l'ensemble des institutions locales, après une année 2023 où a été enregistrée une chute très importante de la confiance accordée par les Français dans la politique, les institutions démocratiques et leurs élus.

Les responsables de la communication publique mesurent bien cette détérioration. Au cours des deux dernières années, un tiers d’entre eux constatent que la relation de confiance des citoyens envers leur institution continue de se dégrader. Le phénomène est donc loin d’être enrayé et rend la parole publique plus difficile à tenir et le lien avec les habitants plus laborieux à maintenir. Cela pèse sur l’état d’esprit des communicants publics et sur leur action quotidienne.

En revanche il est un domaine où l’on peut noter une amélioration. Le service communication est forcément en relation permanente avec l’ensemble des autres services de sa collectivité. C’est pourquoi, pour le communicant public, la qualité de ses relations avec les autres services est un indicateur de son positionnement. Ces relations de travail semblent plutôt s’améliorer. La période de tensions, générée par la crise sanitaire, paraît passée. Les communicants sont 30 % à estimer qu’aujourd’hui leurs relations avec les autres services s’améliorent contre 18 % estimant qu’elles se détériorent.

Une proximité avec les élus qu'il faut savoir entretenir

Il n’en est pas tout à fait de même pour les relations de confiance avec leurs élus. L’une des spécificités du métier est la proximité du communicant avec son élu, un donneur d’ordre important et l’objet de bien des communications. Cette confiance est à la base de la relation de travail du communicant. Et c’est souvent sous le prétexte d’une rupture de cette confiance que l’élu se sépare de son communicant. Autant dire que mesurer l’évolution de cette relation permet de bien cerner l’état d’esprit des communicants.

Or, cet indicateur n’évolue pas très positivement. Dans l’enquête précédente, couvrant les années 2020-2021, la tendance était à l’amélioration de la relation de confiance avec les élus. Là aussi, le rôle que les communicants ont été appelés à jouer pendant la période Covid, les responsabilités prises, aussi bien en communication externe qu’interne, ont manifestement renforcé la relation du communicant avec ses élus. Pour les années 2022 et 2023, la dernière enquête ne mesure pas un prolongement de ce renforcement. Cette période est marquée par le mi-mandat, moment où les élus municipaux souhaitent accélérer la communication car les projets sortent souvent de terre et les élections approchent.

Bien évidemment, pour que la relation soit au beau fixe, il faut que l’élu donne à son communicant les moyens des actions qu’il lui demande. Or ce n’est pas toujours le cas. Dans les collectivités où les budgets communication sont en hausse, 50 % des communicants conviennent d’une amélioration de la relation de confiance avec leurs élus et seulement 13 % se plaignent d’une détérioration. Dans celles où les communicants déplorent un manque de moyens, voire une baisse des budgets com, alors les relations en pâtissent. Ils ne sont plus que 15 % à noter des progrès et surtout plus de 35 % à avouer une détérioration de leurs relations avec leurs élus.


(1) « L’état d’esprit des dircoms », baromètre online mené tous les deux ans, auprès des directeurs et responsables de la communication de 2 000 grandes collectivités (grandes villes et agglomérations, métropoles et départements) par le réseau professionnel Cap’Com en partenariat avec l’institut d’études Occurrence. Novembre 2023 / 197 réponses analysées, novembre 2021 / 208 réponses analysées.

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