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Montpellier accueille un maire afghan et raconte son périple

Publié le : 2 novembre 2021 à 19:02
Dernière mise à jour : 4 novembre 2021 à 15:23
Par Yves Charmont

Il y a quinze jours, les médias nationaux et locaux ont relaté une histoire hors du commun : le sauvetage et l’accueil d’Hakimullah Ghazniwal, ancien maire de la ville de Ghazni en Afghanistan, et de sa famille par la ville de Montpellier. Comment ce récit d’une migration en urgence a-t-il été construit ? Quelles leçons en tirer ? Nous avons interrogé Benoît Roos, chargé de la communication à la métropole.

Toute l’histoire est reprise dans un article du site web de la ville. On y retrouve en particulier la chronologie de cette fuite de l’Afghanistan, après que l’aéroport de Kaboul fut fermé. Un récit qui a largement été repris dans les médias, notamment dans une double page de Libération du 15 octobre. Un journaliste de ce titre avait, comme d’autres, été invité dans l’avion qui se rendait à Skopje. « On savait que cela les intéresserait, précise Benoît Roos, cela s’est fait de manière naturelle. »

Une fidélité entre villes

Mais l’histoire remonte à Georges Frêche, alors maire, comme le raconte le responsable de la com : « Ce maire avait été fait citoyen d’honneur de la ville en 2003. Frêche était allé en Afghanistan, puis l’avait fait venir. Mais aujourd’hui, comme il a travaillé pour le gouvernement, il a été menacé. Il n’a pas pu passer. » La suite est à la fois émouvante et rocambolesque puisque Hakimullah Ghazniwal a lancé un appel à l’aide sur le mail général de la collectivité. C’est le cabinet qui a repris l’affaire et a contacté le président d’une association franco-afghane locale qui a pu prêter main forte, notamment pour les traductions. Pour la suite, ce sont des ONG qui ont apporté leur aide. « Mais nous n’avons pas communiqué dessus, par précaution, avant qu’il arrive », précise Benoît Roos. « Ils ont vécu un incroyable périple et rien n’était garanti, même les villes de transit. » Le hasard voulait qu’une équipe de handball de Montpellier joue à Skopje en Macédoine, le temps de parler de cette affaire était venu et les médias ont été invités à participer à ce vol à partir du samedi 9 octobre. Le vol de retour a eu lieu le mercredi soir qui suivait.

Quel est le sujet pour Montpellier ?

Suivant au jour le jour cette épopée, Benoît Roos prend du recul et analyse le sujet : « Il s’agissait évidemment du sauvetage d’une famille afghane, qui plus est qui avait des liens avec la ville et qui nous a demandé l’asile, c’est aussi simple que cela. » Alors la communication de la ville a relaté toute l’histoire, sans discours superflu, avec les faits, sur les réseaux sociaux (avec une vidéo) et cette semaine dans les pages du magazine de la ville. Les retours ont été positifs, avec 134 likes immédiatement. « Les gens qui ont des réactions positives ne s’expriment pas, ils mettent au mieux un like », constate Benoît Roos, avant de continuer, plus grave, en évoquant les commentaires : « Il y en a eu 110, beaucoup plus polémiques, comme on pouvait s’y attendre. » Les mots sont effectivement blessants : « La honte », « On marche sur la tête », « Vous ne m’avez pas demandé mon avis », « Commençons par nous-mêmes » et d’autres plus haineux… Mais les retours les plus palpables se sont fait jour au contact des habitants, lors des déplacements de Michaël Delafosse, maire, qui a reçu de très nombreuses félicitations dans la rue, au quotidien.

L'histoire du maire afghan accueilli par la ville est relatée dans le magazine municipal « Montpellier en commun » (numéro de novembre 2021).

On se mobilise autour des individus

Si on devait tirer des leçons de cette communication sur un sujet qui touche l’humain, la fuite devant la menace physique, mais aussi la migration dans son aspect le plus réel, c’est que, comme le souligne Benoît Roos, « comme les migrants de la Méditerranée n’ont pas de visage, on réagit alors sur ces thématiques de manière impersonnelle. Avec les individus, les gens peuvent se mobiliser ». Et le ressenti est bien différent. On peut également se demander s’il ne s’agit pas, au final, d’une opération sans cohérence, sans conséquences, un arbre d’humanité qui cacherait une forêt d’indifférence. Ce à quoi notre interlocuteur répond en indiquant que la ville de Montpellier a accordé une subvention à SOS Méditerranée en 2020 et 2021. Dont acte !

Photo principale : accueil de la famille Ghazniwal par le maire de Montpellier à la descente de l'avion. Crédit : Guilhem Canal pour la ville de Montpellier.