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Outre-Atlantique, les communicants cultivent l'innovation

Publié le : 22 juin 2021 à 15:13
Dernière mise à jour : 24 juin 2021 à 11:26
Par Yves Charmont

Ce printemps, l'Association des communicateurs municipaux du Québec avait organisé une série de trois événements virtuels « Cultivez l’innovation » afin de remplacer leur traditionnel colloque. Comme ailleurs, ils se sont réinventés, autour des trois mots-clés de leur mission : écouter, partager et valoriser. Des rendez-vous intéressants pour tous, comme avec la conférence du 27 mai qui avait comme sujet : « Des femmes de tête, en tête des communications ».

Marie Grégoire, communicatrice et analyste politique.

Lors de cette dernière, et importante journée, l'Association des communicateurs municipaux du Québec, organisme canadien proche de Cap'Com, a enchaîné conférence, présentations et assemblée générale avec une réalisation vidéo de premier ordre. À cette occasion, en distanciel, plus d'une centaine de professionnels ont pu profiter d'un accueil virtuel proposant notamment des « tables » virtuelles pendant les temps intermédiaires, qui permettaient à chacune et chacun de faire connaissance, d'échanger sur les actualités du métier et de passer de groupe en groupe.

Parmi les différents sujets traités en plateau cette année, un a donc particulièrement retenu notre attention, celui du regard des femmes communicantes sur les évolutions de leur environnement professionnel, un sujet sans frontières !

Des femmes de tête

D'entrée de jeu, l'animatrice, Marie Grégoire, a donc lancé une question large à ses trois invitées : « Comment voyez-vous évoluer la communication municipale ? » Elles y ont répondu avec chacune un angle différent, et intéressant !

« Il y a [actuellement] une opportunité, car la pandémie nous a rapprochés de nos municipalités. Pour beaucoup de citoyens qui travaillent, cette relation se limitait aux services du quotidien comme le nettoyage des rues. Avec la crise de la covid-19, il y a eu un besoin de profiter de son environnement immédiat et les habitants se sont rapprochés de ce que la ville pouvait leur offrir. À Ottawa, on a découvert des tonnes de choses qu’on ne connaissait pas. La ville a trouvé des façons de joindre les gens facilement pour mettre en valeur tout cela, par une appli, sur son site web ou autre. Ils ont apporté des réponses à la question : Qu’est-ce que je peux faire ? »
Emmanuelle Latraverse, analyste politique et chroniqueuse.

« Avec la pandémie, il y a eu plus de haine envers les maires. Nous avons compté beaucoup de démissions de maires, ou de maires d’arrondissement, comme à Verdun, où Jean-François Parenteau a annoncé qu’il ne se représenterait pas, sur Facebook. On se demande à quel point cela va rendre difficiles les prochaines élections. Il faudra faire des efforts pour recruter des candidats. Les gens se plaignent, soit, mais il faut le faire de façon civilisée. On peut, au pire, envoyer des tomates, mais il faut aussi envoyer des fleurs. »
Stéphanie Grammond, éditorialiste en chef au quotidien La Presse.

Il y a eu de très belles idées, beaucoup d’initiatives dans les quartiers.

Maude Goyer

« On va désormais se sentir plus concernés, se rapprocher du voisinage, avec les blogs et les réseaux sociaux, évidemment. Il y a eu de très belles idées, beaucoup d’initiatives dans les quartiers. C’est une richesse qui sera à mieux prendre en compte. »
Maude Goyer, journaliste, blogueuse (Maman 24/7).

L'inspiration du côté du Saint-Laurent

Lors des échanges conviviaux, suite à cette conférence, plusieurs communicatrices (c'est comme cela que l'on nomme les communicantes ici) nous ont rapporté des faits qui peuvent être très différents de la réalité du travail de la communication publique en France. Comme avec Marie-Odile Pinet, de la ville de Pointe-Claire, et qui est conseillère principale au service des communications (c'est-à-dire dircom adjointe) : « Les communicateurs municipaux au Québec sont considérés comme des travailleurs essentiels, avec des sauf-conduits. » Cette reconnaissance d'avant-garde pourrait inspirer nos débats dans les mois qui viennent.

Les communicateurs municipaux au Québec sont considérés comme des travailleurs essentiels, avec des sauf-conduits.

Marie-Odile Pinet

Une de ses collègues de table rapporte une observation intéressante sur les commentaires malveillants au Canada. Isabelle Dugré, de la communication de la ville de Saint-Sauveur, a noté à propos du maire de sa ville qui fait des vidéos hebdomadaires diffusées sur la plateforme municipale et sur celle du journal local : « Sur cette dernière, les gens se permettent des commentaires plus désagréables ; alors qu'ils ne se permettent pas ces débordements sur le site de la Ville. Le contexte est donc différent et les habitants sont plus respectueux des règles du débat lorsqu'ils s'expriment sur un espace de la collectivité locale. » Un point qui mériterait d'être questionné pour ce qui concerne les usages en Europe, bien que l'extrême fatigue des modérateurs des réseaux sociaux de nos institutions semble prouver le contraire…

Une présidente confortée

Stéphanie Bélisle, présidente de l'ACMQ.

Plus de points communs ont pu apparaître lors de la présentation en amont de l'assemblée générale, avec une réflexion sur l'avenir du réseau des communicateurs québécois qui propose des pistes rappelant celles empruntées par Cap'Com.

Une autre femme a pris à cette occasion la parole, Stéphanie Bélisle, la présidente, qui a vu ce jour-là son mandat renouvelé. Nous lui souhaitons plein succès ! Ce qui, à la vue de cette programmation inspirante, avec des ateliers concrets axés sur les tendances du moment et des activités de partage, ne fait guère de doute.

Enfin, cette série d'événements s'est terminée par la remise des Plumes d'excellence 2021. Il y eut également un moment inoubliable, l'hommage rendu à l'ancien président, Louis Latraverse, pendant lequel, en regardant de près, nous pourrons reconnaître la fondatrice de Cap'Com, Dominique Mégard, et le plus québécophile des Cap'Commiens, Didier Rigaud !