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Tendances 2021 confirmées ?

Publié le : 6 octobre 2021 à 18:35
Dernière mise à jour : 7 octobre 2021 à 15:19
Par Yves Charmont

Il y a six mois, 33 experts livraient leur éclairage dans le « Cahier de tendances » publié chez L’Aube. Personnes, idées, objets ou lieux qui vont tout changer : qu’est-ce qui vient confirmer leurs intuitions et nous guider pour l’année qui vient ?

Ils avaient eu raison de démarrer cet exercice en relevant les mots qui signent les mutations. Comme l’ont fait les communicants publics en préparation du 33e Forum Cap’Com, c’est bien là que l’on peut lire les signes les plus manifestes des changements en cours (ce sera d’ailleurs un point d’ouverture du Forum à Rennes et le thème d’un des grands angles).

Dans une vision « post-monde d’après », sans concession, les articles de ce travail coordonné par Jean-Marie Durand et Thierry Germain pour la Fondation Jean-Jaurès font des focus sur des évolutions dont ils décelaient les prémices. En ouvrant sur la question du soin, on retrouve par exemple le thème des « signaux faibles ». Et l’on sait en cette rentrée combien les mouvements de basse intensité (sociaux, politiques, économiques, moraux, scientifiques, techniques ou culturels) sont à prendre en compte, comme des indicateurs sous forme de trace d’un lent « déboîtement », « décrochage » accompagné d'un retour dans le cocon protecteur des relations proches (famille, groupe). Comme pour confirmer cette tendance, Elena Scappaticci note la force des solidarités intergénérationnelles dans la sphère familiale, point qui vient d’être confirmé par l’étude « Le cœur des Français » d’Harris Interactive pour Challenges.

Nouvel horizon individuel et collectif

La tendance provoquée par le premier confinement est réinterrogée au travers des filtres socio-psychologiques et décryptée. Du travail à la maison, on passe à une société où sa place est mobile, avec sa part de précarité mais aussi son indépendance. Et les territoires eux-mêmes jouent avec cette recomposition permanente. À l’heure où le télétravail bouscule les modes de vie et les aspirations, la fameuse « chaise pliante » – vue et revue cette année – a de beaux jours devant elle ! D’ailleurs, ce travail collectif n’hésite pas à faire de la futurologie, à explorer des « lieux infinis » comme nouvel horizon individuel et collectif, comme alternative. Un positivisme intéressant qui peut concerner les grands enjeux, avec le « géomimétisme », mais aussi les territoires, avec le regard littéraire de Laurent Petitmangin sur la région Grand-Est.

L’incompréhension contre la communication

Mais ces tendances creusent aussi de sinistres sillons, malheureusement toujours plus profonds. Complotisme, repli, menaces… plusieurs approches synthétiques et utiles mettent en lumière l’aggravation et surtout la pérennisation de ces phénomènes qui étaient attendues, et, en cette rentrée 2021, confirmées. Dans la même veine, l’article sur la défiance face aux paroles scientifiques est fort et garde sa pertinence, notamment avec son approche des quatre sens du mot science, empruntés au livre Impostures intellectuelles d’Alan Sokal et Jean Bricmont (1997) : la connaissance à un moment donné, la communauté scientifique, les applications et la méthode. Il en ressort le constat d’une plus grande confusion, confusion qui peut se comprendre comme un facteur majeur d’incompréhension, un obstacle au dialogue. Et les communicants savent combien il est important de s’entendre, dans tous les sens du terme, c’est-à-dire ouïr, mais aussi s’accorder, et, ne l’oublions pas : se comprendre. Car, si on se souvient de la formule surannée « Je n’entends rien à ceci », on constate que ce verbe signifie également la compréhension. Inutile d’insister sur le fait qu’en cette rentrée, notamment avec l’incursion de ce nouveau vocable emprunté à l’univers anglo-saxon, la « littératie » (voir notre article), la compréhension est bien le point d’attention majeur des communicants publics.

Faut-il terminer cette relecture avec « solidarisme » ou « universalisme », ou plutôt avec « sans contact » ou « souveraineté » ? Qu’importe ! Les tendances sont confirmées et toutes aussi intéressantes à relire les unes que les autres.

Une customisation citoyenne ?

Intervenante au Forum Cap’Com de Bordeaux, Guénaëlle Gault signait ici en avril une analyse intéressante de la customisation comme moyen d’échapper à la consommation de masse par l’individualisation. Par ses liens avec le pouvoir d’agir, qui rappellent beaucoup une tendance parallèlement observée en compublique, ce changement est à décrypter avec un regard « service public ».