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Et si vos abonnés Facebook ne voyaient plus vos publications ?

Publié le : 13 novembre 2017 à 11:45
Dernière mise à jour : 8 mars 2018 à 11:57
Par Marc Cervennansky

La nouvelle est tombée le 23 octobre dernier. Panique chez les quelques community managers connectés pendant les vacances de la Toussaint. Facebook envisage de ne plus afficher vos posts sur le fil d’actualité de vos abonnés. Qu’en est-il ? Quelles mesures prendre ? Qui a le 06 de Mark Zuckerberg ?

Par Marc Cervennansky

La rumeur s’est propagée instantanément sur les réseaux : au Sri Lanka, en Bolivie, en Slovaquie, en Serbie, au Guatemala et au Cambodge le fil d’actualité des utilisateurs de Facebook n’afficherait plus les publications postées depuis les pages des marques, des entreprises ou des institutions. Elles seraient reléguées dans le fil Explorer, accessible depuis le menu de gauche de son profil... mais que personne ne regarde.

Facebook s’est rapidement fendu d’un communiqué officiel (en anglais) et confirme l’évaluation de la pertinence d’un fil d’actualité vidé des publications des pages. Finis donc l’annonce de votre prochaine fête communale, les changements d’horaires d’ouverture de la bibliothèque, les belles photos du quartier historique de la ville. Facebook déclare continuer ses tests dans les prochains mois, pour évaluer ainsi la pertinence de l’exclusion des posts organiques du fil d’actualité. Selon l’entreprise californienne « Les gens nous disent qu’ils veulent accéder plus facilement aux publications de leurs amis et de leur famille. Nous testons un espace consacré, pour que les gens puissent suivre leurs amis et leur famille et un autre espace séparé. »

Si ce test s’avère concluant pour Facebook, cela signifie à terme l’obligation de payer vos publications pour garantir leur affichage sur le fil d’actualité de vos abonnés.

La fin du mythe de la gratuité de Facebook

Selon Baptiste Garnot, de l’agence Trajectoires « Il faut se rappeler que c'est un outil créé pour les individus, par pour les marques. Si on prend du recul, ce n'est pas si choquant et cela mettrait fin au mythe du Facebook gratuit. » Une prise de conscience salutaire pour certains. N’oublions pas que nous, collectivités, ne sommes que locataires à titre provisoire de Facebook, qui décide de faire ce qu’il veut dans sa maison et de mettre fin au bail gratuit s’il le souhaite.

Rappelons la tentation dangereuse qu’ont certaines petites collectivités de communiquer exclusivement sur ce réseau social et de ne pas avoir de site internet. Franck Confino consultant et fondateur de l'Observatoire Social Media conseille à juste titre de ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier en matière de communication en ligne.

Pierre Renaud, community manager de Saint-Dizier, animateur du groupe Facebook des community managers d’institutions publiques rappelle toutefois que « c'est moins les oeufs que les usagers qui sont tombés dans ce panier. La logique, c'est d'aller où sont les usagers. Même IRL on distribue des flyers là où il y a des gens, pas au milieu des champs ». Facebook reste le réseau social numéro 1 en France, avec 30 millions d’utilisateurs.

Remettre nos stratégies en question

« Est-ce que ça ne nous permettrait pas tous de remettre nos stratégies en question, de se concentrer sur plus de contenus qualitatifs sur des réseaux de niches ? D'arrêter d'établir des stratégies de masse parce que c'est là qu'est le public. Demain Facebook ferme ? Tant pis ? Tant mieux ? Ca nous ferait les pieds à tous .» s’interroge pour sa part Thomas Biarneix, responsable de l'animation des médias sociaux de la Haute-Garonne.

Faut-il alors se résigner à quitter Facebook ? Claire Faurie, formatrice au Cnfpt et journaliste à Nantes Métropole rappelle que « le coût d'une campagne Facebook par rapport à de l'affichage ou un encart presse c'est vraiment peanuts ». Les événements ou posts sponsorisés peuvent s’avérer en effet efficaces... si vous disposez d’une carte bancaire pour régler Facebook et si vous êtes prêt à renoncer à la gratuité de vos publications.

Des alternatives peuvent devenir des opportunités pour repenser sa communication en ligne : investir d’autres réseaux sociaux (avec les mêmes risques à terme ?), exploiter les nouvelles possibilités offertes par les groupes Facebook disponibles pour les pages (jusqu’à quand ?), utiliser les potentialités de la messagerie Messenger... Quoi qu’il en soit, n’oublions pas qu’être dépendant d’une plateforme tierce est dangereux et qu’il est indispensable de diversifier ses supports de communication.

Un sujet qui sera débattu lors du prochain forum de Cap Com au Havre dans les carrefours numériques ici et ici. Au plaisir d’y échanger avec vous.

@cervasky

Illustration : Rodney Smith - Three Men with Shears no. 1m Reims, France, 1997.