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2024, des dircoms soucieux de l’avenir mais confiants dans leur métier

Publié le : 11 janvier 2024 à 07:35
Dernière mise à jour : 19 février 2024 à 15:47
Par Bernard Deljarrie

Les dircoms des grandes collectivités ont dévoilé leur état d’esprit à la veille de la nouvelle année 2024. Leur perception de l’avenir va au-delà de leur métier. Du poste d’observation si particulier qui est le leur, ils portent un regard pertinent sur la société. Ils témoignent de la vision que la profession a d’elle-même et du rôle qu’elle pense devoir jouer dans la société.

Ce n’est pas encore la grande forme. Il y a deux ans, le premier Baromètre 2022 « État d’esprit des communicants publics » (1) titrait sur la morosité des dircoms, après les longs mois de crise due au Covid. Cette année, le Baromètre 2024 n’est pas vraiment plus positif. Les difficultés économiques et sociales, les crises internationales, ne portent pas à l’optimisme. Et pourtant, la communication publique est loin d’être en souffrance. Les dircoms, soucieux de l’avenir, appellent la communication publique à un renforcement indispensable qu’ils sentent germer en cette nouvelle année 2024.

En révélant leur état d’esprit, les dircoms hésitent entre des qualificatifs positifs et des qualificatifs négatifs. Ils sont enthousiastes, sereins, confiants, et en même temps moroses, las et méfiants. Bien évidemment, les nouveaux dans le poste (moins de deux ans) sont plus nombreux à s’affirmer enthousiastes. Et la lassitude touche deux fois plus ceux qui sont dircoms depuis près d’une dizaine d’années. Plus surprenant, c’est dans les petites collectivités que les sentiments négatifs sont les plus nombreux. La morosité y est largement répandue et l’enthousiasme plus rare. Le graphique, ci-dessous, illustre cette ambivalence préoccupante.

Une profession où la lassitude et la morosité sont trop partagées, où le bien-être et la sérénité sont si faiblement énoncés, mérite une attention.

Cette ambivalence s’exprime aussi clairement dans leur vision de l’avenir. Pour deux tiers d’entre eux, leur état d’esprit dominant au regard de leur situation personnelle en tant que communicant public les conduit à être plutôt positifs. Là encore, ce sont les plus jeunes dans la profession qui portent l’optimisme. Mais 1 dircom sur 10 en poste depuis plus de sept ans se déclare largement pessimiste quant à son avenir personnel de communicant !

Le regard sur l’avenir de leur collectivité est plus contrasté. Plus de 4 dircoms sur 10 avouent un certain pessimisme. Un sentiment d’autant plus partagé qu’il repose sur la perception des contraintes budgétaires qui pèsent sur le secteur public. Dans bien des cas, la réduction des moyens affectés à la communication porte les dircoms à envisager avec difficulté un avenir serein. Pour beaucoup, l’époque faste appartient au passé et cela conduit au pessimisme. De plus, ils sont nombreux (75 %) à regretter la perte d’autonomie des collectivités locales et plus largement de l’action publique en France.

Le regard porté par les dircoms sur la société apparaît bien plus inquiétant. De leur poste d’observation privilégié, proche des élus comme des habitants, au fait des politiques publiques et des besoins sociaux, les dircoms mesurent la détérioration de la situation politique, économique et sociale de ces dernières années. À la sortie de la période Covid, où ils furent mobilisés comme jamais, les dircoms affichaient, pour plus d'un tiers d’entre eux, un certain optimisme quant aux évolutions dans les prochaines années de la situation du pays. Deux ans plus tard, ils sont moins de 10 % à se reconnaître optimistes et plus de 80 % d’entre eux expriment clairement leur pessimisme. Un état d’esprit partagé quelle que soit la situation personnelle du dircom, chargé d’une petite ou d’une importante équipe au sein de sa direction, ancien ou nouveau dans le poste, et quel que soit le type de collectivité publique dans laquelle il exerce.

La crise démocratique et la détérioration du débat public

Ce regard pessimiste est porté par certains maux qui touchent actuellement la société et plus directement leur métier. Aux premiers rangs des inquiétudes, la crise démocratique, marquée par la défiance croissante des citoyens envers l’action publique et les élus, les affecte particulièrement. De même, la détérioration du débat public, avec l’augmentation de la conflictualité idéologique, est pour eux une préoccupation primordiale. Tout comme l’est la désinformation avec l’audience croissante des infox et des théories complotistes. Le graphique, ci-dessous, révèle ce regard largement pessimiste.

Une profession qui semble douter d’un avenir serein, pour elle-même comme pour la société, mérite d'être soutenue.

Renforçons l’action publique

Face aux maux de la société, les dircoms en appellent à l’action publique. Rien d’étonnant à cela, ils connaissent les pouvoirs publics et les politiques que l’on peut mener. Ils voient aussi les attentes des citoyens et les demandes de services publics. Ils mesurent des défaillances de certaines politiques publiques qui laissent de côté tant de leurs concitoyens. Loin des discours promettant une réduction du rôle de l’État et des collectivités publiques, ils sont davantage porteurs d’un renforcement de l’action publique, notamment au niveau local. Une conviction qui construit la spécificité du métier et la résilience de la profession.

Une profession au service des habitants et qui mesure l’importance de l’action publique mérite d'être entendue.

Ce regard sur l’état d’esprit des communicants publics en ce début d’année est riche d’enseignements. Point commun, l’infolettre du réseau des communicants publics, complétera ces premières constatations par de nouvelles analyses. Mais en attendant, en souhaitant une bonne année 2024 aux communicants publics, espérons que leurs compétences et leur engagement seront mieux pris en compte en cette période pleine d’incertitudes et d’interrogations sur notre modèle démocratique.


(1) « L’état d’esprit des dircoms », baromètre online mené tous les deux ans, auprès des directeurs et responsables de la communication de 2 000 grandes collectivités (grandes villes et agglomérations, métropoles et départements) par le réseau professionnel Cap’Com en partenariat avec l’institut d’études Occurrence. Novembre 2023 / 197 réponses analysées, novembre 2021 / 208 réponses analysées.

2022, l’état d’esprit morose des communicants publics
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