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Brassée d’idées et de données pour avancer avec espoir

Publié le : 10 juin 2021 à 07:07
Dernière mise à jour : 10 juin 2021 à 12:21
Par Alain Doudiès

Promesse tenue. Après les indicateurs d’alerte et d’alarme, précédemment proposés à la sagacité des lectrices et des lecteurs (voir « À lire aussi »), voici, picorés ici et là, quelques éléments revigorants.

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Par Alain Doudiès, consultant en communication publique, ancien journaliste, membre du Comité de pilotage de Cap’Com.

D’abord une confirmation qui nous fait du bien. Sans être fracassante, la confiance des Français dans les élus locaux reste supérieure à celle dans les élus nationaux. Nos compatriotes sont 50 % à avoir « plutôt confiance » ou « très confiance » dans leurs élus régionaux, 51 % dans leurs conseillers départementaux et même 64 % dans leur maire. De leur côté, les députés n’obtiennent que 42 %. Plus intéressant : depuis 2017, avec un creux à 55 % pour les maires, la tendance générale est à la hausse. Espérons que le taux de participation aux prochaines élections consolidera quelque peu ce socle démocratique (1).

Ouverture et mobilité

La société française est-elle repliée sur elle-même ? Moins que certains phénomènes le donnent à penser. Ainsi 67 % des Français sont assez favorables (43 %) ou très favorables (24 %) à ce que les étrangers vivant en France aient le droit de vote à toutes les élections locales (municipales, départementales et régionales). Cette ouverture s’accroît avec la jeunesse : le score est de 73 % chez les 35-49 ans, 78 % chez les 25-34 ans et 81 % chez les 18-24 ans.
Rappelons que, depuis 1992, les résidents en France des pays de l’Union européenne ont le droit de vote aux élections municipales. Il est donc significatif que l’extension de ce droit aux étrangers extracommunautaires ait progressé de 47 % d’opinions favorables en 2014 à 62 % en 2021. Voyons-nous cette ouverture surgir dans la campagne électorale en cours ou poindre dans les propositions de candidats (2) ?

Un autre signe de la mobilité de la société française est mesuré par le degré d’adhésion à trois modèles de société idéale, trois systèmes : l’utopie écologique, l’utopie sécuritaire et l’utopie techno-libérale. L’utopie écologique arrive nettement en tête puisque choisie par 58 % des répondants, devant l’utopie sécuritaire (32 %) et l’utopie techno-libérale (29 %). L’utopie écologique a gagné 3 points entre 2019 et 2020. Les détracteurs de cette voie reculent de 5 % à 4 %. Chez les jeunes de 18 à 24 ans, comme on l’a constaté, l’adhésion à un horizon écologique est forte : 72 % d’entre eux l’ont plébiscité (+ 11 % par rapport à 2019). À chacun de tirer les leçons de ce mouvement en profondeur (3).

Mutations et quête du bonheur

Dans l’« après-crise » en vue, chez les pourvoyeurs ou les agitateurs d’idées, les optimistes reprennent du poil de la bête. Ainsi le sociologue Jean Viard, inlassable détecteur des mutations, prédit, avec un bel enthousiasme, La révolution que l’on attendait est arrivée. Il y décrit en particulier « un changement de civilisation », présente « seize leçons pour avancer » et annonce « le réenchantement du territoire » (4). Avant d’y aller voir de plus près, que nous dit-il, à grands traits ? « La démocratie fonctionne quand il y a une toile de fond commune. Depuis la Révolution, c’était le progrès, le développement industriel et la répartition des richesses via un rapport de forces entre patrons et salariés. Là, nous entrons dans une nouvelle période où l’enjeu climatique va faire consensus, tout en donnant lieu à un affrontement entre les théories et les solutions. » Il ajoute : « Après chaque guerre, chaque épidémie, il y a eu dans l’Histoire des périodes extrêmement créatrices. La période qui va s’offrir sera foisonnante » (5).

La philosophe et romancière italienne Ilaria Gaspari nous entraîne sur d’autres chemins. Jean-Louis Cianni avait prescrit La philosophie comme remède au chômage ou comment il était sorti du trou de plus en plus profond d’un sans-emploi par la lecture de grands textes (6). De la même manière, Ilaria Gaspari nous invite, à partir de sa propre expérience, à mieux vivre notre vie compliquée et incertaine en nous éclairant par la sagesse des philosophes de la Grèce antique, épicuriens, stoïciens et pythagoriciens. Elle nous donne ses Leçons de bonheur (7).
Elle avance ainsi : « Notre image très photogénique du bonheur, conçu comme un moment d’euphorie, un sourire sur Instagram, a montré ses limites. Et si nous profitions de ce moment qui s’ouvre pour réactiver l’idée grecque du bonheur ? À savoir l’eudaimonia, “apaisement de son daemon personnel”. Un parcours semé d’embûches, certes, mais qui conduit à se connaître, à devenir ce que l’on est » (8).

Le ciel se dégage… L’horizon s’éclaircit… Fringants communicants, avançons !


(1) Baromètre de la confiance politique – OpinionWay pour Sciences Po (CEVIPOF) – Vague 12B – Mai 2021. Échantillon de 1 832 personnes inscrites sur les listes électorales.
(2) Étude Harris Interactive pour « La Lettre de la citoyenneté » – Baromètre – Édition 2021 – Enquête auprès d’un échantillon de 1 009 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.
(3) Étude de l’OBSOCO pour l’ADEME sur « Les perspectives utopiques des Français » – Juin 2020. Échantillon de 1 888 personnes représentatif de la population française métropolitaine âgée de 18 à 70 ans. L’étude examine de nombreux aspects de l’opinion, notamment le rapport au cosmopolitisme, au travail, au temps, à la consommation, au cadre de vie.
(4) Éditions de L’Aube – Mai 2021.
(5) Interview – Midi Libre – 25 mai 2021.
(6) Albin Michel – 2007.
(7) PUF – 2020.
(8) Le Monde – 29 mai 2021.

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