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La com de Brest mouille le maillot pour le Tour de France

Publié le : 27 mai 2021 à 07:17
Dernière mise à jour : 26 mai 2021 à 23:12
Par Yves Charmont

C’est un classique, mais à y regarder de près, beaucoup de choses changent au royaume de la petite reine ! Brest, ville « Grand Départ » du Tour de France, le 26 juin 2021, relève le défi dans une période atypique. Vincent Nuyts, dircom de la ville et de la métropole de Brest, nous dit comment et pourquoi.

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Cap’Com : Comment s’est organisé le travail de la communication locale depuis l’annonce du Grand Départ de Brest ?

Vincent Nuyts : Premièrement, nous ne sommes qu’un des acteurs de ce Grand Départ Bretagne qui compte quatre étapes. Nous en sommes un des partenaires, avec la région, qui est la coordinatrice générale de cet événement. Deuxièmement, nous avons dû nous lancer sans échauffement : ça a été une course contre la montre ! Nous avons eu presque un an de moins que d’habitude, car le Grand Départ était initialement prévu à Copenhague et, du fait du décalage de l’Euro de football, nous l’avons remplacé au pied levé. Dans ces conditions, le savoir-faire que nous avions était déterminant. Brest avait accueilli récemment un départ en 2018 et un Grand Départ en 2008, sans compter que nous avons reçu à 31 reprises le Tour de France, dont trois Grands Départs.

Cap’Com : Quels sont les défis pour vous en termes de communication ?

V.N. : Toujours les mêmes et en particulier les enjeux de coordination interne. Cette compétition est toujours enthousiasmante, mobilisatrice en interne, aussi le travail à faire est essentiellement un travail de coordination, je dirais même de canalisation des énergies !
Cette fois-ci le contexte sanitaire difficile et les élections – juste le lendemain du Grand Départ ! – posent de vrais problèmes de logistique.
Ensuite, bien sûr, il y a les enjeux d’animation du territoire. Il faut que cet événement soit une fête pour tous les habitants, sans exclusion. Nous y travaillons d’arrache-pied, en produisant par exemple des outils de communication destinés à être largement diffusés, pour permettre à chacun de s'y préparer. Nous avons ainsi édité un guide Bien profiter du Tour. Hier, nous préparions 500 kits de décoration pour les commerçants de la ville. Avec leur aide, nous allons ainsi sensibiliser très largement les habitants et mettre la ville dans l’ambiance accueil du Tour.

Vincent Nuyts, dircom de la ville et de la métropole de Brest, membre du Comité de pilotage de Cap’Com.

Le grand avantage de ce type d’organisation très rodée, c’est justement d’avoir un cadre très précis. Nous n’avons pas tout à inventer, tout en conservant une vraie marge de manœuvre pour des initiatives. Par exemple, sur la charte graphique, on sait exactement ce qu’on peut faire et ne pas faire. Comme souvent en communication, avoir un cadrage précis est un vrai gage d’efficacité et de gain de temps.

Cap’Com : Quels canaux avez-vous privilégiés pour l’accompagnement de cet événement ?

V.N. : Nous n’avons pas cherché à être particulièrement innovants, nous avons plutôt misé sur des valeurs sûres. Cela est passé par un document qui donne les contraintes mais aussi envie d’assister à ce Grand Départ ; un support papier tiré à 120 000 exemplaires. Nous avons naturellement mis en ligne un site internet dédié (www.tourdefrance.brest.fr), qui est mis à jour en temps réel, ainsi que des événements sur les réseaux sociaux. Pour ce qui concerne le magazine métropolitain, nous sommes au troisième numéro qui en parle. Dans ce genre d’événement, le plus important, c’est l’avant. Ces mois en or, qui précèdent immédiatement le passage du Tour de France, c’est là que l’on peut mettre en valeur les politiques publiques et mobiliser, depuis les habitants, les commerçants, jusqu’aux enfants. Lorsque les coureurs sont passés, la page est tournée.

Cap’Com : Combien de personnes sont attendues ?

V.N. : Il est compliqué de répondre à cette question cette année. Le Tour reste un événement grand public, gratuit, qui se vit au bord de la route, librement. Mais cette année, pour tous les événements officiels, qui peuvent concerner habituellement des milliers de personnes, on se pose la question différemment : combien de personnes aurons-nous le droit d’accueillir au regard des règles sanitaires ? À un mois de l’événement, on ne connaît pas encore les jauges, ni les protocoles sanitaires en vigueur au moment du Grand Départ.

Cap’Com : Communiquez-vous sur l’intérêt de cette étape pour le territoire ?

V.N. : Comme toujours, l’intérêt, ce sont l’impact des images du territoire retransmises dans des centaines de pays et les retombées économiques. Celles-ci seront particulièrement appréciées en 2021 par les secteurs de l’hôtellerie et de la restauration. Pour mesurer cet intérêt, nous faisons réaliser une étude sur les retombées économiques locales et, pour la première fois, nous y ajoutons une étude d’impact environnemental.

Nous profitons du Tour de France pour faire la promotion de certains axes forts de nos politiques publiques.

L’autre intérêt du Tour, c’est le coup de pouce que cela nous donne sur certaines politiques publiques locales. Les élus ont souhaité que l’on profite du Tour de France pour faire la promotion de certains axes forts de nos politiques publiques, en ne nous concentrant pas seulement sur l’aspect festif, mais aussi sur l’héritage que pouvait laisser le Tour. Nous avons profité du Tour pour valoriser le « vélo du quotidien », et cela porte ses fruits. Par exemple, nous organisons tous les ans un challenge pour inciter les jeunes enfants à aller à l’école à vélo. Cette année, grâce à l’effet Brest Grand Départ, plus de 3 000 enfants se sont mobilisés lors du « mois de mai à vélo ». C’est beaucoup plus que l’an dernier. Nous avons ainsi pu faire le pont avec nos politiques du quotidien.
Autre exemple : nous portons une grande attention à l’inclusion avec l’accueil des personnes en situation de handicap à l’occasion du passage du Tour de France. En 2018, déjà, nous avions lancé l’usage de la langue des signes sur certains temps officiels. Nous étions des pionniers et cette année, c’est l’organisation du Tour de France qui reprend le sujet en l’étendant à toutes les étapes. Enfin, dernier exemple, c’est l’opération menée pour la mise en place du « fan parc » (une des spécificités des Grands Départs), qui dure plusieurs jours sur Brest et rassemble tous les partenaires du Tour. Nous allons y mettre en valeur des thématiques citoyennes sur, notamment, l’éducation au vélo, le respect de la nature, la gestion des déchets plastique, l'accueil des personnes en situation de handicap ou encore le respect des zones naturelles. Pour ce qui concerne la place des femmes dans le cyclisme, nous sommes très heureux d’accueillir la « Course by le Tour de France », épreuve féminine classée à l’UCI, qui démarre le matin même à 8h10. Des prémices pour un Tour de France féminin ? Je ne peux pas me prononcer à la place des autorités organisatrices.

Cap’Com : Pour le dircom que vous êtes, qu’est-ce qui relève du plaisir ou du déplaisir dans cette organisation ?

V.N. : D’abord il y a beaucoup plus de plaisir, parce que c’est très bien organisé à la base. J’éprouve une vraie satisfaction de travailler pour la tenue de cet événement populaire, rassembleur, qui crée du lien. C’est, pour un dircom, du pain bénit ! C’est évidemment intéressant pour la notoriété de la ville car cela la place sur une carte et que nous connaissons tous la qualité des images qui en seront données. C'est un vrai plaisir d’accueillir ce type d’événement.

Pour ce qui concerne les aspects difficiles, il s’agit plus d’une charge de travail très importante. Il ne peut pas en être autrement. Pour bien organiser un Grand Départ, dans un temps court, où tous les détails comptent (comme toujours dans l’événementiel), le volume de travail est obligatoirement important. Pour nous cela dure depuis le mois de novembre. Pour cela, nous nous sommes organisés avec un chef de projet global et ensuite des groupes de travail. J’anime le groupe « communication et animation du territoire ». J’y coordonne toutes les questions de communication, d’animation et de promotion du territoire.

Cap’Com : Il y a eu des questionnements l’an dernier, autour de l’accueil du Tour de France dans certaines villes. Vous êtes-vous interrogés de la même façon ?

V.N. : Non, pour nous c’est le contraire, on a immédiatement dit oui. La position des élus était claire : c’est un instrument pour faire évoluer les choses. Il ne faut par exemple pas opposer la pratique quotidienne du vélo et cet aspect hypermédiatique d’une compétition universellement reconnue. On se sert de l’événement pour faire évoluer nos pratiques. Et contrairement aux idées reçues, le Tour de France s’est montré très à l’écoute de cela. Ils nous ont demandé comment ils pouvaient nous aider à relever ces défis.
Autre exemple : le Tour de France vient de lancer un label pour les villes étapes. Sur le modèle des Villes fleuries, « Villes à vélo » distingue, avec un, deux, trois ou quatre vélos, les villes qui ont pris des initiatives pour la mise en place de politique du vélo. Ils ont construit ce label avec la Fédération française des usagers de la bicyclette. Nous avons obtenu trois vélos, Brest est bien placée. Juste derrière Paris et Rotterdam (quatre vélos), mais ça, on le comprend ! C’est un vrai encouragement à poursuivre nos actions.