Aller au contenu principal

Le grand débat national fait débat au sein des communicants publics

Publié le : 7 février 2019 à 10:01
Dernière mise à jour : 8 février 2019 à 09:02
Par Bernard Deljarrie

Réunions locales, kits méthodologiques, contributions en ligne, conférences régionales dès le 1er mars , le grand débat national est un exercice inédit qui doit permettre aux Français de prendre la parole. Et il semble que cette parole s’exprime dans les centaines de réunions qui s’organisent ou au travers des milliers de contributions sur le site ministériel ouvert à cet effet. Collectivités locales, associations, groupes d’habitants se saisissent de cette opportunité bien que les modalités de collecte et de restitution des données soient encore floues. Réunie vendredi 1er février, la quarantaine de communicants publics présents lors du Comité de pilotage de Cap’Com a eu l’occasion d’un échange sur ce dispositif de concertation. Un regard sans concession autour de deux questionnements. Quel rôle doivent avoir les collectivités locales dans ce grand débat ? Et quelles réponses apporter aux nombreuses questions qui concernent la communication publique posées dans ce cadre ?

Dans les mêmes thématiques :

« Le principe d’un débat public, ce n’est pas de poser des questions »

La particularité de ce grand débat national est qu’il définit un questionnement précis sous quatre thématiques : transition écologique ; fiscalité et dépenses publiques ; démocratie et citoyenneté ; organisation des services publics. « Le principe d’un débat public, ce n’est pas de poser des questions aux Français, ce sont les Français qui posent des questions, eux qui s’expriment, eux qui disent ce qui leur tient à cœur », avait pourtant prévenu la présidente de la Commission nationale du débat public.

Le choix des quatre thématiques conduit le gouvernement à dresser le diagnostic et les enjeux et à interroger les Français au travers d’une quinzaine de questions pour chaque thématique. Des questions précises. Il n’est pas certain que ces thématiques et ces questions croisent les premières prises de parole des citoyens depuis décembre dernier. L’Association des maires ruraux a recensé des milliers de contributions déposées dans le cadre des cahiers de doléance ouverts dans les mairies. Un tiers de ces contributions portent sur la justice sociale et fiscale. Un point peu soulevé dans le questionnement ministériel. L’organisation politique et territoriale ne représente que 14 % des contributions et les thématiques liées à la transition écologique que 8 %.

Quoi qu’il en soit le grand débat est lancé et « je crois qu’il faut prendre part au débat », préconise un participant du Comité de pilotage de Cap’Com. « Notre collectivité locale prend le train en marche et organise un débat », nous explique un autre communicant. « Nous serons facilitateurs mais nous n’organiserons rien. Vu avec mon élu chargé de la concertation, nous accueillerons des réunions mais les animateurs seront un universitaire et une citoyenne : on se met en retrait ». « Chez nous, reconnaît une participante, le maire refuse qu’on invite des habitants à participer au grand débat ».

Assurer les conditions d’un débat durable

Si l’engagement peut être variable d’une collectivité à l’autre, les membres du Comité de pilotage de Cap’Com sont d’accord pour rappeler qu’il faut s’assurer que ce grand débat ne soit pas un temps isolé. « Chez nous, explique un communicant d’une ville, nous inscrivons le débat dans une démarche locale existante ». En effet, les collectivités locales n’ont pas attendu le grand débat pour conduire des démarches participatives. Elles sont aussi nombreuses à avoir lancé des initiatives depuis octobre dernier pour recueillir la parole des habitants. Il appartient donc à la collectivité de replacer ce débat lancé par le gouvernement dans une démarche participative plus durable.

Le Comité de pilotage de Cap’Com en plein débat sur le grand débat lors de sa réunion du 1er février.

Il revient aussi à la collectivité de veiller que toute initiative de participation locale respecte certaines conditions qui déterminent la confiance dans le dispositif. Que soit clarifié, dès le départ, les modalités précises de prise en compte des résultats ; que les sujets pouvant être abordés soient ouverts ; que soit garanti la neutralité dans la restitution des résultats. De plus, il appartiendra inévitablement aux collectivités locales d’assurer un certain retour sur les propositions qu’auront formulés les citoyens. Une information indispensable d’autant plus que le traitement des contributions au grand débat s’annonce complexe. Le non respect de ses recommandations essentielles pourrait contribuer à accroit la défiance à l’égard de la sincérité des démarches participatives si les participants ont le sentiment qu’elles n’ont servi à rien et que les décideurs n’ont pas tenu compte de leur parole.

Des questions qui concernent souvent la communication publique

« Cap’Com pourrait apporter sa contribution sur la plateforme du grand débat », propose un communicant du Comité de pilotage. « Pourquoi Cap’Com n’organise pas son grand débat ? », renchérit un autre. « C’est un bon moment de prise de parole pour les communicants publics, confirme un troisième intervenant. « * Certains thèmes nous concernent, c’est une opportunité clé de réaffirmer le rôle de la com publique* », conclut un autre communicant.

Alors invitons chaque professionnel du réseau à prendre connaissance des thématiques du grand débat, à en débattre entre collègues et au sein des équipes. Et peut-être à y participer en apportant des contributions en tant que communicant public. Et pour contribuer au travail du Comité de pilotage de Cap’Com sur ces questions n’hésitez pas à vous faire connaître votre avis et vos propositions.