Les compétences, le métier et ses réseaux
Le Forum Cap’Com s’est penché sur l’avenir du métier de communicant public. Étude, questionnaire aux participants et débat invitent à poursuivre cette réflexion tant le métier semble se transformer rapidement. Premier regard et verbatims de la table-ronde intitulée « Au-delà de la com » qui s’est tenue au Forum.
Les pionniers
Dominique Mégard, fondatrice de Cap’Com, revint en événements choisis sur l’éclosion et l’épanouissement du réseau. Promue « papesse de la com » sur un clin d’œil d’Alain Doudiès, elle laissa parler l’histoire et son cœur.
Séquence émotion en hommage aux pionniers, vivants et disparus, qui se lancèrent dans l’aventure du premier salon de la communication publique à Valence en 1988, clins d’œil à celles et ceux qui participent toujours à l’effervescence des idées.
Quel positionnement ?
L’anniversaire fut prétexte à explorer les perspectives et les enjeux à venir de la com publique. Il apparut vite que l’avenir de la fonction et du métier s’articulent autour du positionnement de la com. En substance, sa place reste à trouver dans le triangle « habitants - administration – élus ». Le communicant se retrouve parfois bien seul face aux exigences des uns et des autres, avec néanmoins, le réseau pour rompre cet isolement.
Le séminaire universitaire de Rennes étudie l’évolution de la com publique depuis 30 ans. Une com « fille de la décentralisation » selon l’historien Frédéric Theulé, « on est passé d’une fonction à un métier », de la tradition laïque et éducative à la française, celle du « changer la vie » selon le slogan des années Mitterrand, à l’institutionnalisation. L’évolution se poursuit, les territoires ont à se montrer face au poids de l’État, de l’Europe et de la mondialisation.
Une langue morte ?
Même combat dans l’Enseignement supérieur : Claire Laval plaida elle aussi pour la présence des communicants dans les conseils d’administrations des universités. Acteur de la gouvernance, le communiquant devient efficace avec les autres services et auprès de l’étudiant-citoyen. Le voilà « facilitateur, passeur et donneur de sens ».
Dans ce rôle, « La matière première, c’est l’information », souligne François Kohler. Capteur et diffuseur d’information, le communicant a pour mission de « faire du commun dans une société de plus en plus émiettée » : face à perte d’influence de la presse locale, à la force et à la séduction des réseaux sociaux, « la parole publique devient une langue morte ».
Le nouveau défi
Les gilets jaunes montrent toutes les difficultés du dialogue quand les ponts sont coupés entre les citoyens et les pouvoirs locaux et centraux. Jean-Christophe Gallien y voit pourtant une bonne nouvelle pour la démocratie, par le pluralisme des opinions, les enjeux de dignité sociale et la fraternité née sur les ronds-points.
Le nouveau défi du communicant public se dessine-t-il ? Les pouvoirs manquent de capteurs : à la com d’assurer cette mission. L’enjeu reste l’intérêt général et l’objectif, de parler à chacun, y compris aux invisibles, y compris ceux qui ont revêtu le gilet jaune pour se rendre visible.
La force du réseau
Le grand défi de la com pour Claire Laval - son « grand écart » - sera de relier le savoir-faire et le savoir-être. Pour Jean-Christophe Gallien, seule la présence du communicant dans les instances de direction l’aidera à résoudre « l’équation complexe » qui est la sienne.
La com comme « un caillou dans une chaussure trop confortable » : Dominique Mégard, rappelle les exigences de la démocratie et la primauté qui revient à l’usager. Comment ? « Par la simplicité du langage, même s’il faut quitter les habits de l’archevêque et revêtir les haillons du moine mendiant. »
Qui d’autre enfin que Dominique Mégard pour conclure sur le réseau qui facilite l’adaptation à l’évolution du monde et joint la pratique à la réflexion. « Cap’Com vous aide à avancer dans votre métier. Cap’Com vaut aussi par vous : soyez acteurs de la communication ! »
Les intervenants du grand angle « Au-delà de la com »
- François Kohler, président de l’association Communication publique, dircom de l’Agence régionale de santé Île-de-France
- Claire Laval, présidente de l’association des responsables de communication de l’enseignement supérieur, chargée de mission à Sorbonne Université
- Frédéric Theulé, coordinateur du séminaire universitaire sur la communication territoriale, chargé d’étude à la communauté d’agglo de Saint-Quentin-en-Yvelines
- Jean-Christophe Gallien, docteur en sciences politiques, conseiller en stratégies d’opinion, analyste des médias
- Dominique Mégard, fondatrice de Cap’Com, présidente du comité de pilotage du réseau
- Alain Doudiès, animateur du grand angle, ancien dircom de collectivités, consultant