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Notre Charlie s’appelait Michel

Publié le : 3 septembre 2020 à 11:36
Dernière mise à jour : 3 septembre 2020 à 16:16
Par Yves Charmont

Le procès des attentats de 2015, qui s’est ouvert hier, ravive les blessures. La communication publique se souvient de Michel Renaud, membre de l’association qui créa Cap’Com, dircom de Clermont-Ferrand, tué lors de la fusillade à Charlie Hebdo.

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C’est un douloureux devoir. Et c’est une évidence également. Ce 7 janvier 2015, le sort a fait que le fondateur du festival Carnets de voyage de Clermont-Ferrand soit dans cette rédaction martyre pour y retrouver Cabu à qui il devait rendre des dessins. Des dessins sur le voyage. Des dessins qui racontent la rencontre. Ce genre de dessins que Michel Renaud affectionnait, lui, le grand voyageur. Lui qui avait étanché sa soif d’humanité dans des périples extérieurs, à Ramallah ou en Asie centrale, ou intérieurs, dans sa ville de Clermont-Ferrand. Le communicant public s’était fait animateur, « imagineur », acteur, au point de marquer son territoire, et ses collègues qui se souviennent de lui, de son ouverture, construisant des ponts, des passerelles. Parce que la communication publique, c’est créer des liens, mais, plus que cela, c'est permettre une compréhension mutuelle. Oui, Michel Renaud était sans doute un exemple de ce que peut être un ou une dircom. Son assassinat est plein de sens pour moi et pour de nombreuses personnes. Des caricatures, puis d’obscurs tueurs, et cet homme qui re-dessinait le monde est tombé. La bêtise, elle, continue son chemin.

Je me replongeais dans les témoignages poignants des proches de Michel Renaud lorsque les réseaux sociaux m’alertaient sur un autre dessin. Une femme noire enchaînée, image de la traite des esclaves. Une image extraite des illustrations qui ont accompagné le roman de l’été de l’hebdomadaire Valeurs actuelles. Un dessin blessant pour la députée de la République Danièle Obono, ramenée à sa couleur de peau, à dessein. Toute l’ambiguïté de cette publication ne reposait d’ailleurs pas que sur ses illustrations. Elle appliquait à une personne les clichés associés à un groupe, selon la vieille et haïssable logique du racisme. Tout l’inverse du généreux travail de notre collègue, pour qui les traits de l’individu devaient se révéler dans les traits du dessin.