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Quitter 200 000 abonnés sur X pour 600 sur Bluesky. Pari risqué ?

Publié le : 6 février 2025 à 07:07
Dernière mise à jour : 6 février 2025 à 11:43
Par Marc Cervennansky

Quand changer de réseau social ne résout pas le problème.

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Par Marc Cervennansky, responsable du centre web et réseaux sociaux de Bordeaux Métropole.

Des collectivités, majoritairement sous l’impulsion de leurs élus, fuient X. Après l’élection de Donald Trump, soutenue par Elon Musk, le patron de X, elles dénoncent la désinformation, la haine en ligne, l’algorithme qui pousse au clash. Elles préfèrent Bluesky. Mais elles restent sur Facebook, Instagram, TikTok. Bizarre, non ?

X est un problème. Mais ce n’est pas le seul

On accuse X d’être un outil de manipulation et de désinformation. C’est vrai. Mais ce n’est pas une découverte. Avant Musk, il y a eu Facebook et l’affaire Cambridge Analytica, TikTok et l’ingérence politique qui a provoqué l’annulation de l'élection présidentielle en Roumanie.

X est un bouc émissaire pratique. Mais croire que, en partant, on règle le problème est une illusion. Le vrai sujet, c’est le fonctionnement même des réseaux sociaux : tout est fait pour capter l’attention, jouer sur l’émotion, amplifier la polarisation. Quitter X, c’est bien. Mais continuer ailleurs sur les mêmes bases, c’est incohérent.

S’exprimer, oui. Mais où ?

Certaines villes ferment leur compte X et se retrouvent avec une audience réduite sur Bluesky. De 200 000 abonnés à… 600. C’est un choix symbolique. Mais est-ce efficace ? Aujourd’hui, beaucoup d’institutions sont coincées. Elles veulent s’affranchir des grandes plateformes, mais elles savent que leur audience est là. Partir, c’est renoncer à toucher ceux qui ne viendront probablement jamais sur leurs supports.

Les fausses bonnes solutions

Alors, on cherche des alternatives. Revenir tout de même aux supports traditionnels : newsletters, sites web, partenariats médias. Plus maîtrisés, plus fiables. Mais soyons honnêtes : combien de citoyens consultent spontanément le site d’une collectivité ?

Et en cas de crise ? Quand il faut alerter sur une catastrophe naturelle, une menace, un service public défaillant : devinez où les collectivités communiquent en priorité ? Sur les réseaux sociaux.

Le paradoxe est là. On critique ces plateformes, mais on en a besoin. On les quitte pour la posture, on y revient par nécessité.

Reprendre le contrôle, vraiment

La question n’est pas de quitter X ou non. La question est : comment se libérer de la dépendance aux réseaux sociaux ?

Tant que l’information publique sera soumise aux logiques des plateformes privées, les collectivités seront à leur merci. L’alternative n’est pas simple. Mais elle est essentielle.

Créer des canaux indépendants. Développer des stratégies hybrides. Investir dans des médias locaux solides. Retrouver une relation directe avec les citoyens. Naïf et irréaliste ou véritable stratégie à imaginer ?

En tout cas, quitter X, c’est un signal. Mais ce n’est pas un plan.

Illustration créée avec Grok (oui, le super outil IA graphique et sans limite d’Elon Musk).

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