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État des lieux des tendances graphiques : la sobriété à la mode

Publié le : 16 décembre 2019 à 11:08
Dernière mise à jour : 17 décembre 2019 à 11:05
Par Marie Ocelline Ceschino, Yann Colin, Salomé Lucas, Héloise Le Jallé, et Emma Le Jalé.

Entre modernisation des chartes graphiques des institutions territoriales et enjeux identitaires, la simplicité est de bon goût, dans cette ère du numérique où les supports et les identités se multiplient. Tel est l'état des lieux dressé par Bruno Lafosse, directeur général de l’agence Boréal, et Franck Tallon, graphiste et directeur artistique de Bordeaux Métropole, qui ont questionné les nouvelles modes au Forum Cap'Com de décembre 2019.

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Article rédigé par Marie Ocelline Ceschino, Yann Colin, Emma Le Jalé, Héloise Le Jallé et Salomé Lucas, étudiants en master 1 informatique et communication à l'UCO Campus de Vannes, suite à l'atelier « Percevoir les tendances graphiques qui se dessinent » animé par Séverine Adam, directrice de la communication de la ville d’Épernay et d’Épernay Agglo Champagne, le 4 décembre 2019 au Forum de la communication publique de Bordeaux.

L’évolution des techniques, la multiplication des usages, des supports, des acteurs et des messages, influencent les nouveaux enjeux territoriaux. Elles imposent la représentation simplifiée de l’univers graphique des institutions.

Donner du sens aux design pour servir un projet

Dans cette représentation, la question du sens est centrale. Le message à travers l’univers visuel d’un projet est conçu avec un parti pris. Les arguments au cœur du message transmettent des histoires et créent du lien au sein d’un territoire. Tout design doit donc être réfléchi et conçu en adéquation avec le projet. Malgré sa complexité, un projet nécessite des design simples, pour que chaque citoyen interprète le récit. Cela permet de laisser place à une liberté créative et une appropriation du message. De plus, l’implantation d’un logo est à penser sur le long terme et doit s’ancrer dans les esprits. Elle ne doit pas être rattachée à un élu, ou suivre un effet de mode.

Dans cette quête de sens, la nouvelle université de Bordeaux voit son identité visuelle refondée. Cette nouvelle charte graphique naît de l’histoire de la typographie, de l’imprimerie et des évolutions techniques, économiques et sociales. Ainsi, la minuscule à « université » favorise l’image d’un lieu d’échange, de pensée en mouvement. « Bordeaux » est mis en avant par une typographie tout en majuscules. C’est une façon efficace de développer un lien de proximité avec le territoire. C’est un logo sobre, durable, mais « avec une démarche de création tout sauf simpliste ».

La simplicité dans les conceptions graphiques : effet de mode ?

Les modes reviennent de façon cyclique dans le design. L’évolution des outils numériques et les nombreuses possibilités de créations influencent significativement le retour de la sobriété. Ainsi, la mode est à la monochromie, aux logos épurés aussi bien au niveau graphique qu’au niveau sémiotique. Le « dynamisme abusif » est délaissé et laisse place à la conception de design décliné sur tout support.

À cela, s’ajoutent donc les termes « responsive design », « design fluide » et « adaptable », ils sont devenus les mots d’ordre de la création graphique. Toutefois, à travers cette mode, les design figuratifs prennent le dessus, avec beaucoup d’informations. L’adaptation aux contraintes numériques, et notamment sur les réseaux sociaux, est donc difficile à concevoir. « Faire simple n’est pas si simple », soulignent Franck Tallon et Bruno Lafosse. « Le travail de création est un long processus de réflexion. La synthétisation des symboles et du message doit parfaitement se marier sans impacter sur l’un ou sur l’autre. »

Séverine Adam, Bruno Lafosse et Franck Tallon décryptent les tendances graphiques lors d'un atelier du Forum Cap'Com 2019.

Faire simple, une leçon de la rue et des réseaux sociaux

Les messages issus de la masse (communication de rue, manifestation) inspirent les créations graphiques des collectivités. Ces discours sont réduits à des hashtags – #MeToo – ou des signatures. Sur les réseaux sociaux, un message court facilite la compréhension et le partage. De plus l’intégration des citoyens dans les processus de création est un levier d’engagement fort.

Toutefois, la sobriété étant un effet de mode, la question de la pertinence de ce type de graphisme sur le long terme se pose. À vouloir trop simplifier le message, il perd de sa densité. Ainsi, les collectivités ne gagneraient-elles pas à fonder leur identité sur des valeurs et des traits distinctifs forts ?

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