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Information locale : de bonnes idées à prendre

Publié le : 5 octobre 2023 à 07:07
Dernière mise à jour : 5 octobre 2023 à 15:06
Par Alain Doudiès

À Nantes, le Festival de l’information locale (FIL) a montré des innovations dynamisantes et activé la réflexion dans la presse des collectivités locales et dans les autres médias. Initiatives territoriales exemplaires et déploiement des newsletters : premier volet du panorama de ce paysage en mouvement.

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Après deux jours de cueillette, à Nantes, dans les salles de conférences et de tables rondes et dans les couloirs de Mediacampus, que rapporte notre envoyé spécial, Alain Doudiès, dans son sac ? De solides contenus, caractérisés par des tendances marquantes, et une poignée de pépites, révélées lors de la 5e édition du Festival de l’information locale, organisé par Ouest Médialab et son directeur, Julien Kostrèche, infatigable découvreur de nouveautés.

La place grandissante des communicants publics

Premier constat : dans le croisement de journalistes, patrons de petits ou grands médias, marketeurs ou prestataires, les communicants publics ont de plus en plus de place au Festival de l’information locale (FIL). C’est normal : une réalité tangible s‘impose. Le Baromètre de la communication locale Epiceum – Harris Interactive (novembre 2022) démontre que les publications des collectivités locales arrivent en tête pour s’informer sur la vie locale (78 %), avant tous les autres médias locaux (télévisions, sites, radios, PHR, PQR et autres).

Département de Loire-Atlantique : quand la BD permet d'aller au-delà du reportage photo

Matthieu Bonamy, rédacteur en chef, et Valérie Gautier, journaliste au département de Loire-Atlantique, ont décrit un exemple abouti de diversification des traitements : dans le magazine, un grand sujet présenté en BD, sur cinq pages : « De la BD, mais pas juste pour faire de la BD. » Un duo journaliste-illustrateur le co-réalise avec le service public comme axe et de gros sujets (les assistants familiaux, les agents des collèges ou la prévention spécialisée). Clés de la réussite : le sens éditorial réel donné à la BD, des thèmes froids parce que ce genre demande du temps, la fécondité des échanges entre journaliste et illustrateur. Les premiers retours sont bons, hors et dans la collectivité, avec un effet notable sur la communication interne. Il se manifeste par les sollicitations spontanées et inhabituelles émanant d’agents.

Nantes, ville et métropole : pratiquer le journalisme de solutions dans un mag de collectivité

François Guillôme, responsable transmédia de l’information de la ville de Nantes et de Nantes Métropole, a raconté la conséquence bénéfique de l’usage du « journalisme de solutions ». Elle résulte de la collaboration avec Marine Mugnier, du Collectif Antidotes, ardent promoteur de cette manière de réactiver les pratiques. Le premier temps date de juin 2022, avec la formation, en deux demi-journées, des journalistes de Nantes Passion et Nantes Métropole le mag aux principes du « joso ». Le deuxième temps a démarré à l’automne 2022 : conseil éditorial mensuel (angles, points d’attention) lors de la conférence de rédaction, puis relecture des articles. Cet accompagnement sur la durée a permis d’appliquer la méthode « journalisme de solutions » aux spécificités de la communication institutionnelle, « sans lâcher les règles du “joso”, tout en faisant bouger positivement les lignes de l’expression journalistique, notamment en présentant comment des collectivités ou d’autres acteurs ont traité la même problématique ou en abordant des sujets au traitement complexe, telles la sécurité ou la place des LGBTQIA+ dans la ville ». Constat de François Guillôme : « La démarche a été validée par le politique et, pour les journalistes, c’est un exercice aussi exigeant que plaisant. » Selon les deux partenaires de la coopération, cette opération donne satisfaction. Elle apparaît donc comme reproductible.

Ville de Saint-Nazaire : l’info locale dès le plus jeune âge ?

Hélène Lopes, chargée de communication à la ville de Saint-Nazaire, a présenté Chiche !, le minimagazine (16 pages, 147 x 210) destiné aux 6-10 ans et lancé en 2018. Réalisé avec l’appui de l’agence R2C et diffusé dans les écoles par des agents municipaux, ce petit journal entend « ouvrir les enfants sur leur ville, y compris vers des quartiers qu’ils ne connaissent pas ». Son sous-titre : « L’aventure commence à Saint-Nazaire », une façon d’activer la fierté d’appartenance. On y trouve informations pratiques, jeux, coloriages, « coups de cœur de la médiathèque », idées de sorties, propos du maire, comme pour les grands, et « coin des parents » avec d’autres informations de service. « C’est une façon indirecte de les toucher », indique Hélène Lopes.

Rennes, ville et métropole : repenser sa publication pour plus de sobriété et d'efficacité

Laurent Riéra, dircom de la ville de Rennes et de Rennes Métropole, a expliqué comment les deux magazines institutionnels ont été entièrement repensés pour gagner en sobriété et en efficacité. Parmi les points saillants de cette démarche induite par une quadruple crise sanitaire, financière, environnementale et démocratique :

  • des économies (notamment le passage du papier 90 g semi-couché à 52 g) ;
  • un seul magazine mensuel, avec un « deux en un » pour les Rennais (cahier métropolitain de 36 pages, plus cahier « Ville » de 16 pages) ;
  • une ligne éditoriale qui se veut « populaire, inclusive et participative », avec la contribution d’habitants à la production de contenus, des portraits d’habitantes et d’habitants ;
  • un nouveau récit sur les transitions et la sobriété « désirable » ;
  • ainsi qu’une grande rigueur dans la qualité et le contrôle de la distribution.
Le nouveau journal 2 en 1 au format 250 mm par 319 mm : Ici Rennes Métropole (tiré à 240  000 exemplaires) et Ici Rennes (tiré à 130  000 exemplaires et encarté pour les Rennais).

Le déploiement des newsletters

On le savait. Le FIL l’a confirmé. Les newsletters (infolettres in french) ont le vent en poupe.

  • Actu.fr a lancé des newsletters thématiques (nature, villes, etc.) avec des sujets locaux d’intérêt national.
  • Nice Matin publie, à Antibes, Fréjus-Saint-Raphaël, Cannes, Nice, des infolettres « hyperlocales pour retrouver la proximité », axées sur des informations de service.
  • Marsactu, pour accompagner son journal en ligne d’investigation payant, édite Pointue, infolettre hebdomadaire gratuite sur le travail de la rédaction et les coulisses de l’information.

Dans ces initiatives se conjuguent les objectifs de fidélisation des lecteurs, de renforcement des relations directes avec eux, de promotion de l’ensemble de l’offre. Constat unanime : ces supports doivent être conçus comme des médias à part entière, avec une logique éditoriale, promotionnelle et économique spécifique.

FIL, suite

Les communicants publics ont tout intérêt à regarder ce qui passe dans les médias locaux, pour y puiser la connaissance de l’environnement informationnel dans lequel ils se situent et aussi pour dénicher des idées, des expériences stimulantes. Deuxième volet du retour sur l'édition 2023 du FIL (Festival de l’info locale) dans le prochain numéro de Point commun, avec ces coups de projecteur :

  • l' impact de l'intelligence artificielle ;
  • la voie de la diversification ;
  • l’apport de l’innovation, via des start-up ;
  • pour éclairer le chemin : la prospective ;
  • du côté des journalistes.
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