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Jeux de mots à Nîmes pour protéger les agents

Publié le : 8 février 2022 à 09:09
Dernière mise à jour : 15 février 2022 à 17:17
Par Bernard Deljarrie

La ville de Nîmes a lancé une campagne de communication pour tenter de réduire le nombre d’agressions verbales à l’encontre de son personnel municipal. Une préoccupation partagée par de nombreuses collectivités, qui échangent sur les actions à mener contre ces incivilités.

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Les agents de la ville de Nîmes ne sont pas épargnés. Les agressions verbales, voire physiques, à leur encontre ont fortement augmenté ces deux dernières années. En 2021, la ville a recensé 260 agressions sur les 92 agents de la direction population et citoyenneté, principale direction en contact avec les habitants. « Tout le personnel en lien direct avec le public est touché », reconnaît l’adjoint délégué au personnel.

Agents et élus locaux à portée d'engueulades 

Le phénomène est assez général, en ces temps de pandémie le comportement de certains habitants est parfois agressif à l’encontre des représentants des pouvoirs publics. Le syndicat CGT de Brest Métropole a, par exemple, interpellé la population en décembre dernier « à respecter et faire respecter des hommes et des femmes sans qui le quotidien serait encore plus dur à vivre. Après avoir été applaudis, nous ne voulons pas être menacés, insultés, violentés ». À Valenciennes Métropole, la déchetterie a été fermée en janvier pour dénoncer des agressions à répétition contre ses agents, et plusieurs plaintes ont été déposées.
L'AMF s’est aussi mobilisée depuis plusieurs mois contre les incivilités et les agressions envers les élus locaux. 605 maires ou adjoints ont été victimes d’agressions physiques en 2021, soit une hausse de 47 % par rapport à 2020, a indiqué le ministère de l’Intérieur. « On est à portée d'engueulades», déclarait le maire d'Issoudun, vice-président de l’AMF.

C’est dans ce contexte que la ville de Nîmes a confié à son service communication le soin de mener une campagne de prévention.

Un benchmark et un accord pour adapter une campagne

Dans l’esprit du réseau Cap’Com, l’idée est alors de regarder ce qu’ont déjà fait les autres collectivités. Un benchmark qui les amène à prendre contact avec leurs collègues de la communication de Seine Normandie Agglomération. Et, d’un commun accord, le concept de la collectivité normande est adapté par le service communication de Nîmes, et la campagne est rapidement prête.

Affichée depuis le 24 janvier, la campagne de Nîmes reprend le concept qui joue sur les mots pour rappeler la peine encourue en cas d’agression d’un agent. Les quatre visuels, signés « En restant poli, ça marche aussi ! », présentent une même illustration d’une personne injuriant un agent public et affichent le début d’une insulte rapidement détournée.

La campagne similaire de Seine Normandie Agglomération avait été créée en juillet 2020.

« Bonne initiative ! Soutenir les agents est très positif et se sentir soutenu l'est tout autant pour les agents. Des rappels à la loi ne font jamais de mal », a déclaré une internaute.

La campagne de Nîmes s’accompagne de formations pour les agents sur l’amélioration de la qualité d’accueil du public et, à partir de cette année, sur la gestion du stress et des émotions, et sur la gestion des incivilités. Et la ville a aussi indiqué qu’elle « a décidé de déposer des plaintes pour conserver des traces concrètes de ces agressions ». En quatre mois, déjà 15 plaintes et 10 mains courantes ont été déposées au commissariat.

Jouer sur la césure des mots

Ces visuels qui jouent sur les mots assurent une certaine visibilité à la campagne, reconnaissent les communicants de ces collectivités.
Une technique utilisée par certaines collectivités, notamment, en 2017, par la ville et la métropole de Nantes. La collectivité avait lancé cette communication après la mobilisation d’agents de la société de transport public excédés par les incivilités et agressions subies les mois précédents. « Le respect des agents est au cœur de cette campagne », avait rappelé la maire. Le concept avait été mis en œuvre peu avant par la Wallonie, qui avait donné son accord – gracieusement – pour réutiliser sa campagne.

Plus récemment, la ville de Narbonne a aussi manié les césures des mots dans une campagne lancée en juin 2021 pour accompagner la création de son nouveau service de police de nuit.