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Notre métier s’est renforcé

Publié le : 22 juin 2021 à 16:20
Dernière mise à jour : 24 juin 2021 à 11:26
Par Bernard Deljarrie

Les dircoms des départements et des régions, qui ont dû surfer sur une actualité exceptionnelle depuis 6 ans, dressent un bilan du mandat qui s’achève. Ils rendent compte de la position plus assurée de la communication dans leur collectivité. Une traversée, malgré la vague des abstentions aux élections de dimanche, qui balise les perspectives du prochain mandat.

Lorsqu'on les interroge, une certaine satisfaction transparaît. Satisfaction du travail accompli mais aussi d’un travail reconnu. Car les dircoms des régions et des départements ont vécu un mandat qui les a marqués.

Bien sûr, la participation électorale aux élections départementales et régionales du 20 juin (1/3 de votants) a de quoi les décevoir, eux qui durant un mandat ont œuvré pour faire comprendre leur institution et tisser des relations avec les citoyens. Mais en revanche, les bons scores engrangés par les exécutifs sortants illustrent d’une certaine manière leur réussite.

Période électorale, crise sanitaire et organisation du travail bouleversée par le confinement, les difficultés furent immenses et la mobilisation intense, pas seulement la dernière année, reconnaissent les dircoms (voir notre article Les dircoms des départements et régions racontent leur dernière année).

Une reconnaissance renforcée

Car, depuis 2015, ils le reconnaissent, ils ont ressenti dans leur collectivité un intérêt accru pour la communication. Elle est devenue une politique publique en tant que telle, permettant de faire bouger les lignes et d’impulser de nouveaux comportements. Fini la com « prestataire de service », la communication c’est une équipe en réflexion sur les stratégies à poursuivre à l’échelle de la collectivité, mettant en avant les actions concrètes de l’institution.

Le communicant exerce un rôle d’interface à la croisée des élus, des citoyens, des services, des partenaires et des médias. Ce rôle s’est décuplé depuis six ans, les dircoms en conviennent. Incontestablement, il y a eu une forte implication des directions générales, des directions des ressources humaines, mais aussi un travail plus fluide avec les cabinets. Et les élus, président en tête, ont mieux inclus la dimension communication dans tous leurs projets ou décisions stratégiques. Des élus qui ont manifesté un intérêt renouvelé pour la communication publique. Des élus, révèlent certains dircoms, qui portent même une attention soutenue à la communication, en toute confiance avec leur dircom.

Une organisation plus efficace

Pour les directions de la communication, cette dynamique s'est accompagnée d'une forte professionnalisation des équipes. Il semble, avouent les dircoms, que l’organisation au sein des directions de la communication soit devenue plus efficace. Cette recherche d’efficacité est liée à la baisse des budgets subie depuis plusieurs années. Des moyens financiers qui se réduisent du même ordre que pour les autres services transversaux mais qui conduisent à tenter de faire mieux avec autant, voire moins. Ce contexte budgétaire a contraint la communication et l’a conduite à mieux hiérarchiser ses actions pour ne pas diminuer son impact. Et la crise sanitaire a accéléré le mouvement, poussant encore à opter pour l’utilité.

Même à moyens constants, nous arrivons à faire de belles choses.

Avec des moyens humains qui sont restés globalement stables, c’est en comptant sur la mobilisation et les compétences des équipes que s’est jouée la performance de la communication. Évolution très sensible des profils métiers (relations presse-influenceurs, socialmedia manager, protocole…), équipes de plus en plus spécialisées, professionnelles et réactives, « même à moyens constants, nous arrivons à faire de belles choses », déclarent les dircoms.

Une vraie stratégie digitale

En six ans, c’est incontestablement dans le domaine du numérique que la communication des départements et des régions a le plus évolué. Nous sommes passés d’une gestion un peu empirique à une vraie stratégie digitale affinée, ciblée, évaluée et forcément évolutive, sur l’ensemble des supports numériques, expliquent les dircoms. La crise sanitaire a marqué une très forte accélération, avec pour conséquence une nécessaire montée en compétence de toutes les équipes, au-delà de celles gérant la communication digitale. L’approche « digital-centrée » des plans de communication et de toutes les opérations s’est affirmée. Le numérique s’est infiltré partout dans le métier, réseaux sociaux, webmarketing, vidéo, utilisation du numérique dans les relations presse, relation numérique aux usagers, etc.

Cette communication numérique n’est pas sans conséquence sur les contenus, sur les modes de fabrication des messages et sur les stratégies davantage ciblées.

Les sites internet sont devenus des sites serviciels conçus pour répondre aux besoins concrets des habitants. La communication par l’image – fixe ou animée, vidéo ou films, gif ou photos, illustrations ou infographie – s’est considérablement développée en quelques années, notent aussi les communicants. L’image est maintenant omniprésente, le texte se raccourcit, la place de la parole semble se dissoudre dans l’efficience d’un « visuel » bien pensé !

Pour les réseaux sociaux il a fallu prendre le temps de formaliser des lignes éditoriales, de trouver le bon positionnement, le bon ton. Ces outils n’existaient pas vraiment il y a six ans. La présence de départements et régions s’est rapidement développée sur les réseaux, conduisant à une communication plus ciblée et directe.

Une communication davantage ciblée et plus participative

La hiérarchie entre cibles et supports s’en est trouvée profondément modifiée. Aujourd’hui, les communicants s’attachent beaucoup plus au message et à la cible… ensuite vient la question des supports, d’autant que dans ce domaine les possibilités sont de plus en plus nombreuses. La part de l’information ciblée a pris de plus en plus de place, une tendance globale qui accompagne la surinformation permanente des habitants, due aux réseaux sociaux notamment et à l’accès à internet.

Avec le numérique, la démarche utilisateur s’est imposée. Une nécessité absolue et transversale, pas uniquement pour le digital. Les communicants ont introduit dans le métier un travail en amont plus systématique avec les usagers pour la conception de leurs outils de communication, online et en édition papier. Une communication participative, par exemple pour les jeunes ou autour des thématiques de la transition environnementale. Une communication collaborative avec des actions regroupant tous les acteurs impliqués sur le territoire.

Un métier varié et stratégique

Le mandat 2015-2021 fut à la fois exceptionnel et passionnant, laissent entendre les dircoms des départements et régions dont les outils et leur façon de faire ont été requestionnés chaque jour. « Nous agissons avec nos certitudes et incertitudes, nous expérimentons, nous tirons profit de nos succès et déceptions, mais finalement, nous avons la chance d’exercer un métier varié, toujours en mouvement, recouvrant une dimension de plus en plus stratégique. »

Mes meilleurs souvenirs

Huit dircoms de départements ou de régions nous racontent leurs meilleurs souvenirs de campagnes de communication menées au cours des six dernières années. Une belle diversité d’actions marquantes.

Bourgogne-Franche-Comté
« La campagne #Jaimaplace, campagne d’information grand public pour inciter les jeunes demandeurs d’emploi à s’inscrire dans un parcours de formation. En dehors de sa notoriété, et de la reconnaissance nationale par le réseau, elle a permis une très nette augmentation des inscriptions dans de nouvelles places de formation. Et la campagne J’veux du Local, qui a permis de valoriser une plateforme montée en urgence par les chambres d’agriculture et en lien avec les départements, valorisant les producteurs locaux et s’appuyant sur les nouveaux comportements alimentaires qui ont été largement encouragés au moment de la crise sanitaire de l'été 2020 », Séphora Grisey.

Ardèche
« La communication autour de l’implication de la collectivité dans la démarche des contrats de transition écologique et donc une démarche d’Ardèche en transition qui perdurera sans doute dans l’avenir. Et, parallèlement, la naissance de la marque départementale “Émerveillés par l’Ardèche” initialement portée par le tourisme, devenue l’emblème et l’étendard des entreprises et de tous les acteurs économiques quel que soit leur domaine d’activité », Isabelle Seren.

Nouvelle-Aquitaine
« Le festival de l'innovation, le Novaq, en septembre 2018, véritable vitrine de l'innovation en Nouvelle-Aquitaine, organisée en collaboration des acteurs socio-économiques concernés et qui nous a permis d'installer une communauté régionale de l'innovation. Novaq présente à la fois des débats de vision et de prospective, organisés par Le Monde, et un vaste showroom des innovations régionales », Aurélie Loubes.

Val-de-Marne
« La campagne menée en 2017 et 2018 contre le projet de suppression des départements a été particulièrement stimulante. L’enjeu était de taille, nos axes de communication – utilité, proximité, interactivité – se sont retrouvés au cœur du sujet, les moyens utilisés ont été d’une diversité exemplaire, et la réponse des habitants (plus de 60 000 signatures en soutien) à la hauteur de nos attentes. Enfin, le fait que cette campagne ait été reprise et adaptée par l’ensemble des départements franciliens a traduit le dépassement des clivages politiques », Jérôme Barbarin.

Lot-et-Garonne
« Notre communication faisant appel à la participation citoyenne autour de la loi NOTRe et ses incidences, l’important système valorisant le premier conseil consultatif citoyen ou le premier budget participatif… Mais aussi notre communication touristique de la saison dernière et de celle à venir, en partenariat avec le comité départemental du tourisme. C’est une grande satisfaction collective, pour les élus, pour les équipes, de mener ce genre de campagne, à la fois cohérente, totale et puissante. Depuis notre prix Cap’Com 2020, cette belle histoire se prolonge d’ailleurs en ce moment même sous la baseline “Venez voir ailleurs !” », Matthieu Stievet.

Orne
« À l’occasion des Jeux équestres mondiaux, la réalisation d’une animation pour les familles, à proximité du Haras national du Pin, notre “Versailles” du cheval. Le challenge ? Réaliser notre logo en labyrinthe géant végétal avec parcours ludique et didactique à l’intérieur. Petit budget, riches partenariats, belle synergie avec beaucoup de professionnels, associations, établissements de formation pour construire le projet et l’animer durant deux mois », France-Laure Sulon.

Hauts-de-France
« La communication durant toute la crise de la covid-19 a sans doute été la plus marquante. De l’opération “Un masque pour chacun” permettant de doter chaque habitant de masques en début de crise, aux actions de relance et de soutien économique dans le cadre du Plan de relance régional, et aux actions de soutien des secteurs en crise comme l’agriculture, par exemple avec le maroilles, ou le tourisme avec la campagne “Pour les vacances JePenseHautsdefrance”, c’est toute une communication qui a été déployée afin de répondre aux enjeux de l’urgence sanitaire, de la relance économique et du soutien aux secteurs en difficulté », Éric Dréano.

Ille-et-Vilaine
« Les actions liées au travail direct avec les citoyens : la co-construction du projet de mandature pour laquelle nous avons travaillé en cafés citoyens dans tous les territoires du département. Habitants, élus, collègues de l’administration : les gens étaient réunis en petites tables, avec papier et crayons et ça planchait dur ! Beaucoup d’habitants s’étaient mobilisés : lors de certaines réunions, il fallait faire plancher une centaine de personnes en même temps. La formule a assurément plu : certains soirs, les salles étaient bondées. Les habitants pouvaient bien sûr également contribuer en ligne, via une plateforme web. Et nous avons remis le couvert pour faire le bilan du projet à mi-mandat », Catherine Durfort.

Ils ont participé avec Cap’Com à la réflexion sur le bilan qu’ils tirent de la communication de leur département ou région, et sur l’évolution des actions de communication qu’ils ont conduites au cours du mandat 2015-2021 :

  • Jérôme Barbarin, directeur de la communication du département du Val-de-Marne ;
  • Éric Dréano, directeur de la communication et des relations publiques de la région Hauts-de-France ;
  • Catherine Durfort, directrice de la communication du département d'Ille-et-Vilaine ;
  • Séphora Grisey, directrice de la communication de la région Bourgogne-Franche-Comté ;
  • Aurélie Loubes, directrice de la communication et du marketing territorial de la région Nouvelle-Aquitaine ;
  • Isabelle Seren, directrice de la communication du département de l’Ardèche ;
  • Matthieu Stievet, directeur de la communication du département du Lot-et-Garonne ;
  • France-Laure Sulon, directrice de la communication du département de l'Orne.
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