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C’est faussement vrai ou vraiment faux ?

Publié le : 27 mai 2021 à 06:32
Dernière mise à jour : 26 mai 2021 à 23:12
Par Marc Cervennansky

Quel point commun entre Tom Cruise, Carrie Fisher, Barack Obama, Gal Gadot et Emmanuel Macron ? Ils ont été victimes de deepfakes. Les deepfakes ou comment coller numériquement un visage sur le corps d’un autre et lui faire dire tout et n’importe quoi.

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Par Marc Cervennansky.
@cervennansky

Une des premières victimes a été l’actrice Gal Gadot, interprète de Wonder Woman, dont le visage a été collé sur le corps d’une autre femme, dans un film porno (non je ne vous communiquerai pas le lien vers la vidéo dans cette chronique). Par contre je vous donne le lien de la vidéo de Tom Cruise, qui n’est pas Tom Cruise. Bluffant, non ?

Grâce aux progrès de l’intelligence artificielle et du « machine learning », il est même possible de redonner vie à des stars décédées. Ce fut le cas pour l’actrice Carrie Fisher dans le dernier épisode de Star Wars, alors qu’elle avait, paix à son âme, rejoint la Force avant même le début du tournage du film.
Moins dramatique, nous avons eu droit à un Robert De Niro artificiellement (mal) rajeuni dans le film de Martin Scorsese The Irishman.

Le gouvernement et le Conseil constitutionnel s’inquiètent déjà des dérives possibles

Si vous êtes fan de l’imitateur Nicolas Canteloup, vous êtes déjà familiarisé avec ce phénomène dans l’émission « C’est Canteloup » diffusée sur TF1 où il donne de la voix à des personnalités « deepfakées ».

Bref, tout est désormais possible dans le monde merveilleux du numérique où la réalité devient toute relative. Alors qu’il y a peu, de très puissants ordinateurs étaient nécessaires pour produire ces vidéotox, aujourd’hui vous pouvez générer les vôtres en quelques secondes sur votre smartphone, via des applications type Reface ou Wombo. Certes, le rendu est loin d’être parfait. Mais imaginez dans quelques années ce que cela pourra donner.

Tout cela reste plus ou moins amusant et les deepfakes mis en avant ont surtout vocation à divertir et faire rire. Il n’en sera peut-être pas toujours de même dans un proche avenir.

Face à ce phénomène qui n’est plus anecdotique, le gouvernement et le Conseil constitutionnel s’inquiètent déjà des dérives possibles de personnes mal intentionnées et de l’impact que cela pourrait occasionner lors des prochaines élections présidentielles.

Nous aussi, communicants publics, nous serons bientôt confrontés à la diffusion sur les réseaux sociaux de fausses déclarations de nos élus. Des mauvaises langues me rétorqueront qu'il n’y a pas besoin de deepfake pour que les élus fassent de fausses déclarations. Mais c’est un autre sujet.

Ces infox vidéo qui nous font sourire aujourd’hui nous feront peut-être grimacer demain. Alors, deepfakes et fakenews, même combat ? En constatant l’effet dévastateur que les infox produisent déjà aujourd’hui sur une partie de la population, nous pouvons légitimement nous inquiéter de l’usage qui pourrait être fait de ces détournements.

Et nous savons que l’exposition massive de fausses informations finit toujours par créer le doute. Il s’agit d’ores et déjà de s’armer pour créer les parades nécessaires. Des outils permettraient déjà d’identifier les deepfakes en analysant la rétine des yeux. Gageons que les progrès fulgurants du numérique corrigeront sous peu cette faille.

Cadeau bonus :

Mes créations sur Reface, Wombo et Deep Nostalgia. Les aurez-vous reconnus ?

Reface : j’ai toujours rêvé de jouer dans Pulp Fiction

Wombo : notre président de la République fan de DJ Snake

Deep Nostalgia (application controversée sur son utilisation des données personnelles) : comment donner vie à un graffiti sur un mur !

Crédit photo d'illustration principale : campus.hesge.ch