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La transition s'appuiera sur les collectivités et leurs moyens de communication

Publié le : 25 mai 2022 à 07:21
Dernière mise à jour : 21 septembre 2022 à 10:28
Par Yves Charmont

Géraud Guibert, président du think et do tank « La Fabrique écologique », est en première ligne sur la transition écologique. Fin connaisseur de l'action publique et des enjeux écologiques, il revient pour « Point commun » sur le contexte et la méthode à appliquer, notamment en lançant une grande enquête à laquelle les communicants publics sont invités à répondre.

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Répondez à l'étude sur la communication responsable et la publicité dans les collectivités

La Fabrique écologique conduit une étude, à laquelle Cap’Com s’associe, sur la communication responsable, la publicité et la transition écologique dans les communes et les intercommunalités.

La communication territoriale peut jouer un rôle essentiel dans la prise en compte des enjeux environnementaux. C'est aussi au niveau local que s'organise la régulation de la publicité. L’étude, lancée en partenariat avec l’Ademe, La Poste et Cap’Com, vise à établir un état des lieux des initiatives, freins et leviers à la prise en charge par les collectivités de ces sujets.

L’enquête s’adresse aux élus et aux responsables de la communication des communes et des intercommunalités. L’un des questionnaires porte sur la publicité extérieure, et l'autre porte sur la communication responsable.

Vous êtes une commune et vous souhaitez contribuer sur le volet :

Vous êtes une intercommunalité vous souhaitez contribuer sur le volet :

Point commun : Quels sont vos objectifs et comment fonctionne La Fabrique écologique ?

Géraud Guibert : Créée en 2013, La Fabrique écologique est un think et do tank pluraliste et transpartisan ayant pour objectif de promouvoir la transition écologique et le développement durable. À travers nos différents travaux et événements, nous nous efforçons de faire émerger des propositions concrètes, innovantes et applicables. Pour ce faire, La Fabrique écologique opère de deux manières distinctes, mais complémentaires.

D’une part, nous bénéficions d’un réseau de 800 experts issus d’une grande variété de disciplines pour traiter des enjeux de transition écologique au travers de publications et de conférences. La rigueur scientifique étant au cœur de notre démarche, nous avons créé un comité de lecture réunissant des professionnels au profil varié. Ce comité est garant de la qualité des travaux issus des groupes de travail que La Fabrique écologique encadre.

D’autre part, nous invitons fortement la société civile à prendre activement part à nos événements afin de co-construire les propositions. Réfutant l’idée d’une écologie centralisée et technocratique, notamment éloignée de la réalité des territoires, La Fabrique écologique s’emploie à combiner les méthodes d’action et de réflexion. Nos idées et propositions sont à disposition de tous les acteurs de la société, pouvoirs publics, collectivités locales, entreprises, corps intermédiaires et grand public.

Point commun : Comment La Fabrique écologique agit-elle pour influencer une opinion publique encore rétive à placer les enjeux écologiques au centre des débats de société ?

Géraud Guibert : L’opinion publique a tout de même démontré à plusieurs reprises l’intérêt qu’elle portait sur ces enjeux. Par exemple, l’environnement est ressorti comme l’une des principales préoccupations des Français dans diverses enquêtes préélectorales. De plus, l’utilisation exponentielle du concept de planification écologique par différents partis politiques ces dernières semaines n’est pas sans lien avec cette opinion publique. La société civile attend de la part des gouvernants des mesures socio-écologiques fortes.

Toutefois, un certain nombre d’enjeux font encore face à d’importants obstacles : un manque de vulgarisation scientifique, des visions trop en silo, des débats où l’émotionnel prend trop largement le pas sur les données tangibles, etc. Dans ce contexte, notre but est de rendre audibles ces enjeux par tout un chacun grâce à des travaux nuancés et fiables. Il s’agit de poser des diagnostics fidèles, de ne pas omettre le caractère complexe de certains sujets et de créer un débat constructif entre des personnes aux avis divergents afin d’enrichir les connaissances et de faire émerger des solutions pragmatiques. Nous ne pourrons pas mobiliser l’ensemble de l’opinion publique si nous n’écoutons pas leurs craintes, leurs interrogations, mais également leurs propositions. Par conséquent, la co-construction citoyenne nous semble être un impératif pour parvenir à une véritable dynamique à l’échelle nationale qui ne laisse pas un pan entier de la population de côté.

Des stratégies de communication qui suscitent du désir pour d'autres modes de vie que celui basé sur la surconsommation.

Point commun : Quel rôle peuvent avoir les moyens de communication des collectivités territoriales pour accompagner la transition socio-environnementale ?

Géraud Guibert : La transition écologique ne pourra se faire en France sans une forte implication des collectivités territoriales. Si l'État français est encore très centralisé, les collectivités disposent de nombreuses compétences leur permettant d’agir de manière concrète en faveur de l’environnement. Étant les interlocutrices privilégiées des citoyens, elles sont les moteurs des actions de sensibilisation et de mobilisation pour la transition écologique. En effet, la communication étant omniprésente dans notre société, il est indispensable de la mobiliser stratégiquement afin de réussir la transition. Le but est de susciter du désir pour d’autres modes de vie que celui basé sur la surconsommation et de mettre en valeur des activités locales et éco-responsables qui sont également source d’attractivité et de vitalité économique pour le territoire.

Point commun : Pourquoi avoir lancé cette étude sur la communication responsable et la publicité dans les collectivités ?

Géraud Guibert : Le rôle de la communication commerciale et institutionnelle dans la nécessaire transformation de nos systèmes de production et de consommation est plus que jamais sur le devant de la scène. D'une part, un nombre grandissant de rapports et propositions législatives soulignent la responsabilité directe et indirecte de la publicité dans l'utilisation des ressources et matériaux polluants, et dans l'incitation à la surconsommation et l'achat de produits et services ayant un impact sur la crise écologique. D'autre part, les guides pour des pratiques de communication responsable se multiplient en direction des communicants publics et privés, et des obligations de communication sont attachées à la mise en place des politiques de transition écologique. Cela démontre la nécessité de maîtriser l'impact écologique des moyens utilisés, mais également le besoin de s'appuyer sur des stratégies de communication qui suscitent du désir pour d'autres modes de vie que celui basé sur la surconsommation.

Malgré ces évolutions, peu d'attention a été portée à l'analyse des initiatives locales en la matière alors que les compétences des communes et intercommunalités sont nombreuses en matière d'environnement ou encore qu'elles ont la possibilité d'élaborer des règlements locaux de publicité pour encadrer la publicité dans l'espace public à leur échelle. De plus, la grande diversité des communes et intercommunalités et leur disparité de moyens à travers le territoire appellent à une étude minutieuse des pratiques existantes et des possibilités inexploitées.

L'objectif de cette étude est d'établir un diagnostic exhaustif des enjeux et pratiques de communication et d'encadrement de la publicité dans les communes et les intercommunalités, de l'état des connaissances et compétences opérationnelles des élus et agents sur le sujet, afin d'identifier le potentiel d'évolution.

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