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Le burn out du communicant public

Publié le : 4 novembre 2021 à 06:32
Dernière mise à jour : 9 novembre 2021 à 09:12
Par Marc Cervennansky

L'avantage d'être actif dans le réseau Cap'Com, c’est l'opportunité de rencontrer plein de personnes remarquables, d’échanger sur nos vécus professionnels respectifs, de tisser parfois des liens d’amitié. Depuis les dernières élections, la nature de nos conversations a changé. Après des changements de majorité, certains ne sont plus en capacité d’exercer correctement leur travail, frisant le burn out. Épiphénomène ou crise symptomatique ?

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Par Marc Cervennansky.
@cervennansky

Le phénomène n'est pas nouveau, il est cyclique : après chaque scrutin, nous assistons à une valse de communicants publics et à un mercato de qui part où. En fonction du changement de couleur politique, des responsables de com partent d'eux-mêmes, ne souhaitant pas se mettre au service du nouvel exécutif. Pour d’autres, c’est directement la porte de sortie qui est indiquée.

Mais, depuis les dernières élections, un nouveau sentiment, gênant, apparaît. De nouvelles équipes politiques sont aux affaires et leur rapport à la communication publique est parfois problématique. Il ne s'agit plus seulement d'affinité politique entre élus et responsables de com, mais d’absence de reconnaissance professionnelle vis-à-vis de communicants qui pour beaucoup ont fait leurs preuves depuis longtemps, quelle que soit leur obédience.

Certaines et certains tentent vainement d’expliquer les bases de la communication publique à leurs élus, ces derniers étant convaincus d'être génétiquement doués pour la com, imposant leurs certitudes sur ce qu'il convient de faire ou pas.

Cela ne signifie pas qu'ils ont forcément tort et que les communicants ont forcément raison, mais nous sommes face à ce paradoxe où, parfois, la communication ne passe carrément pas entre élus et professionnels de l’administration publique.

Un échec des communicants publics ?

Après la défiance avérée des citoyens vis-à-vis de la politique et de ceux qui l’incarnent, la défiance entre élus et communicants doit nous interroger. Si les communicants publics ne croient plus en leurs élus, et que les élus ne croient plus en leurs communicants, doit-on en tirer comme conséquence qu’il s’agit d’une nouvelle fracture entre nos représentants et la société ? Ou bien est-ce un échec des communicants publics, incapables de traduire la volonté des nouveaux exécutifs ?

Quoi qu’il en soit, certains de nos collègues initialement prêts à collaborer avec leurs nouveaux dirigeants jettent l’éponge, avec un fort sentiment de mal travailler pour arriver à des résultats qui ne satisfont personne. Avec un constat terrible pour certains : il ne s’agit plus pour eux de changer de collectivité, mais de changer de vie.

L’époque où le communicant, s’appuyant sur son expérience et son réseau professionnel, se mettait à son compte pour devenir consultant semble avoir pris du plomb dans l’aile. Comme une lassitude, une usure ou une déception de l’évolution du métier.

Ce métier, la plupart d'entre nous l'avons choisi

Ces souhaits de changements de vie ne sont pas exclusifs aux métiers de la com. La crise de la covid-19 est passée par là. La longue période que nous avons traversée a permis à certains de s'interroger en profondeur sur le sens donné à leur vie, à leur engagement. Combien ont quitté la ville pour la campagne, combien ont décidé de planter leur job pour aller planter des légumes ?

Oui, il existe plein de professions sans doute plus passionnantes et épanouissantes que communicant ou communicante. Mais ce métier, la plupart d'entre nous l'avons choisi. Ce n'est pas une profession comme une autre. « La communication publique est une dimension essentielle de l'action publique, au service de l’intérêt général », rappelle Cap'Com. Non, nous ne sommes pas là pour vendre des boîtes de petits pois. Sinon, nous irions bosser chez Cassegrain.

Vous qui portez encore ce sens du service public, vous qui travaillez encore intelligemment avec vos élus : je vous invite à réagir à cette chronique et à témoigner. Assistons-nous à un épiphénomène somme toute cyclique et inévitable, ou bien à une nouvelle tendance du rapport entre élus et professionnels ?

Rendez-vous à Rennes en décembre, pour en débattre autour d’un verre de cidre (ou autre), à l'occasion du tant attendu Forum Cap’Com. Kenavo, les potos.

Photo : CLIN D’ŒIL à la Scène nationale du Carré-Colonnes qui dans le cadre du projet artistique « La Coulée Douce », mené par l’Opéra Pagaï, a proposé une déambulation Art & Nature au cœur même de son théâtre à Saint-Medard-en-Jalles. Voilà que, pour un soir, le Pôle Publics (communication / médiation) a été transformé en poulailler, à l’occasion de la clôture du FAB 2021 - Festival international des Arts de Bordeaux Métropole.