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Les sujets qui vont interpeller les communicants publics cette année

Publié le : 18 février 2021 à 07:00
Dernière mise à jour : 18 février 2021 à 13:01
Par Damien Pfister

En ce début d’année 2021 et après une année où la communication publique était sur tous les fronts, pourquoi ne pas voir plus loin et s’approprier de nouvelles thématiques ? Des sujets qui de prime abord ne nous concernent pas vraiment ou pas directement, mais pour lesquels nous avons un rôle à jouer ?

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Par Damien Pfister, directeur de la communication à la mairie de Villeparisis.

Je voudrais rapidement partager avec vous un sentiment, des perspectives de nos métiers et de nos champs d’intervention. J’ai bien conscience que certains sujets sont très techniques et demandent des connaissances fines, mais en tant que communicant public, je pense que nous devons les prendre en compte, se les approprier et, pourquoi pas, intégrer ces compétences avec des spécialistes de ces secteurs dans nos services com...

Impact du numérique sur l’environnement

Selon l'association française The Shift Project, près de 3,7 % des émissions de CO2 mondiales en 2020 sont liées à la consommation numérique : une pollution non négligeable, sans parler de l'épuisement du stock de ressources de minerais nécessaire à la production des appareils.

Éco-concevoir les services numériques publics, voilà une notion qui peut paraître utopique, mais je reste convaincu que nous devons avoir un rôle de modèle, de précurseur. Être l’un des moteurs de cette dynamique ne doit pas nous empêcher d’innover et de proposer de nouveaux services.
Notamment sur deux axes :

  • les mises en concurrence et les appels d’offres, en y intégrant des critères de pondération sur la préservation de l'environnement et le développement durable ;
  • dans le cadre de nos missions d’accompagnement et d’évolution des comportements, en sensibilisant les usagers et en présentant des solutions pour tendre vers la sobriété numérique.

La fracture numérique et l’illectronisme

La sobriété numérique peut aider à atténuer la fracture numérique, principalement pour les territoires inégalement raccordés aux réseaux et qui ont des difficultés à accéder aux services publics numériques. En 2019, l’UFC Que choisir dénonçait le fait qu’en France, «10,1 % de la population est privée d'un accès de qualité minimale à internet ». À nous d'exiger de nos prestataires d’avoir des sites publics les plus accessibles et « légers » possible !

L’autre volet de la fracture numérique est l’illectronisme ; selon une étude de l’Insee, 17 % de la population française n'a pas accès à internet ou ne sait pas utiliser les outils numériques. Notre mission de communicant public nous oblige à penser des sites par les usagers pour les usagers. Des sites plus « légers » qui permettent d’accompagner la simplification des démarches administratives. Début 2019, le Défenseur des droits alertait : « La dématérialisation offre de nouveaux moyens d’accès aux services publics et permet de simplifier l’accès aux informations et aux documents administratifs pour une majorité d’usagers mais, si les facultés de chacun ne sont pas réellement prises en compte, elle comporte un risque de recul de l’accès aux droits et d’exclusion pour de très nombreux usagers. » La dématérialisation n’est pas une fin en soi et jamais elle ne doit se substituer à l’accueil et l’accompagnement physique des publics.

Open data

Au-delà du cadre réglementaire, notamment la loi sur la République numérique du 7 octobre 2016 (qui oblige les communes de plus de 3 500 habitants et d'au moins 50 agents à publier leurs données sous un format ouvert, accessible aisément, réutilisable et exploitable par un système de traitement automatisé), la communication publique a tout intérêt à s'intéresser de près à ce sujet. En plus de créer de la richesse pour susciter l’émergence de nouveaux services, l’exploitation de ces données doit permettre de rendre plus lisible l’action publique et surtout d’être plus pédagogique grâce au développement des infographies. Elles peuvent même aider à la décision voire justifier certaines politiques publiques. À l’heure de l’information de masse, l’open data est une vraie opportunité de simplification de l’information à l’état brut mais aussi de différenciation.

Enfin, l'ouverture des données publiques est un enjeu de la communication, elle est une preuve matérielle et concrète d’une volonté de transparence et de démocratie. Les valeurs de l'open data se retrouvent également dans le principe de citoyenneté et de démocratie participative.

Égalité femme/homme

Depuis plusieurs années, le monde de la communication commerciale est régulièrement épinglé pour des publicités sexistes, mais la communication publique n’est pas en reste. Dernièrement, c’est la campagne de la ville de La Ciotat qui en a fait les frais. Souhaitant vouloir « offrir un moment de détente après une année de stress », voilà une femme de dos portant un string se baignant et des internautes et associations dénoncent « l’objectivation du corps de la femme ».

Personnellement, je ne comprends pas trop le principe de ce type de campagne, mais je dois avouer que les pubs de parfums et de sous-vêtements déploient suffisamment ce type d’affiche pour qu’une ville n'en fasse pas de même. Et ce n’est pas en déclinant cette campagne avec un homme que cela changera le propos. Pourquoi faudrait-il nous aussi mettre des personnes à moitié dénudées pour « vendre » un territoire ? Dans le même registre en 2020, c’était la campagne pour le Centre de formation des apprentis de Toulouse qui utilisait une femme nue, mais pourquoi ? Vouloir faire le buzz ?
Je pense qu’en tant que communicant public, nous devons montrer l’exemple. Pour nous y aider, le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes a édité en 2015 un Guide pour une communication publique sans stéréotype de sexe avec dix grands principes :

  1. Éliminer toutes expressions sexistes
  2. Accorder les noms de métiers, titres, grades et fonctions
  3. User du féminin et du masculin dans les messages adressés à toutes et tous
  4. Utiliser l’ordre alphabétique lors d’une énumération
  5. Présenter intégralement l’identité des femmes et des hommes
  6. Ne pas réserver aux femmes les questions sur la vie personnelle
  7. Parler plutôt « des femmes » que « de la femme »
  8. Diversifier les représentations des femmes et des hommes
  9. Veiller à l’équilibre des femmes et des hommes
  10. Former les professionnel.le.s et diffuser ce guide

L'égalité femmes/hommes, ce n'est pas mettre des hommes « nus » pour équilibrer des femmes « nues », c'est éviter de mettre des images stéréotypées ou des images qui pourraient être mal interprétées voire dégradantes.

Laïcité

Depuis plusieurs années, je m’interroge beaucoup sur notre rôle de communicant public sur cette valeur de notre République. Nous entendons, de temps en temps, dans nos collectivités, des incidents liés indirectement à ce sujet, notamment dans les accueils. La notion de laïcité est souvent incomprise mais surtout mal interprétée. Car oui, elle permet à tous les citoyens et usagers français d’être traités à égalité devant les services publics. Alors après le drame de Samuel Paty, la question du rôle de la com publique dans l'explication de la laïcité prend tout son sens. Que ce soit auprès des publics mais surtout auprès des agents en interne afin de donner des clés de lecture pour les accompagner dans leurs missions au quotidien.

Cette liste n’est évidemment pas exhaustive, je ne parle pas de notre possible rôle dans la gestion des relations avec les citoyens, qu’il soit numérique mais également physique, de notre positionnement par rapport aux DSI et de la porosité de plus en plus importante dans nos missions… et sûrement d’autres sujets sur lesquels je pourrais me pencher...