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Un magazine fait en solo, mais construit avec les collègues !

Publié le : 25 avril 2025 à 14:08
Dernière mise à jour : 30 avril 2025 à 15:39
Par Yves Charmont

À la pointe de la Gaspésie, au Québec, à l’embouchure du fleuve Saint-Laurent, on tient bon face aux éléments. Seule communicante, mais pas solitaire, Julie Pineault a changé de voilure et remanié la revue annuelle de son intercommunalité, la municipalité régionale de comté (MRC) de La Côte-de-Gaspé. Un support pour lequel elle coordonne les contributions de ses collègues, avec efficacité et réalisme, inspirée par les lauréats du Prix de la presse et de l'information territoriales de Cap'Com.

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Point commun : Vous avez décidé de changer l'aspect de ce magazine l'an dernier. Pour quelles raisons ?
Julie Pineault :
On a surtout fait des petites mises à jour ! Dans les premières éditions, on avait peut-être l'impression que ça ressemblait un peu à un rapport annuel. C'était bien, ça satisfaisait nos objectifs, mais, après avoir vu une conférence au congrès de l’ACMQ l’an dernier, avec la présentation des tendances de la presse territoriale en France, j'ai eu plein de nouvelles idées sur comment donner un twist [touche] un peu plus humain, un peu plus drôle, un peu plus original, punché. On n'a pas fait une refonte complète, mais on a modifié les présentations, ajouté des titres, on a également mis « plus d'humain » dans notre publication.

Point commun : Comment s'organise la production annuelle de cette revue ? Comment récoltez-vous les informations et comment la produisez-vous ?
Julie Pineault :
Je commence par faire le tour de tout ce qui s'est réalisé dans la dernière année, le point sur les dossiers importants, je regarde les projets que la MRC a aidés, quelles entreprises ont été des coups de cœur qu'on pourrait mettre en valeur, etc. Je rencontre plusieurs personnes dans notre équipe et je leur demande de commencer à m'alimenter en contenu. Chacun me fournit soit des éléments, soit du texte. Après ça, je m'occupe de compléter la rédaction – ou de partir de rien et de faire toute la rédaction ! Après cette phase, j’enchaîne sur la production avec une graphiste. Puis, si j'ai besoin de licences photo, je vais les chercher. Ensuite, on part en impression, puis on distribue tout en automne.

Point commun : Quels sont les enjeux de communication à la MRC de La Côte-de-Gaspé appliqués à ce support magazine ?
Julie Pineault :
Je pense que le premier défi, avec un outil comme ça, c'est d'être vulgarisateur, mais sans niveler par le bas. Autrement dit de rendre l'information accessible, compréhensible, mais sans infantiliser les gens. Mais je dois préciser qu’ici au Québec (comme ailleurs sans doute) la MRC n'est pas le palier de gouvernement le plus proche du citoyen. S’il a besoin de la MRC, il va savoir ce qu'elle fait. Mais la plupart du temps, il méconnaît ce qu’est une MRC. En conséquence, notre premier objectif sera de faire découvrir la MRC, ses compétences et comment elle peut être utile aux gens. Voilà nos deux enjeux stratégiques : faire de la vulgarisation tout en gardant un niveau intéressant et montrer que la MRC a un rôle à jouer auprès des citoyens.

Point commun : Vous êtes donc seule communicante à la manœuvre et il vous faut trouver des associés parmi vos collègues. Vous leur demandez de vous fournir des éléments et vous leur donnez un cadre de travail rédactionnel. Est-ce que vous leur donnez aussi des consignes concernant l'utilisation de l'intelligence artificielle ?
Julie Pineault :
Nous allons être obligés de le faire, je crois. Je leur donnais des consignes relativement simples – un nombre de mots – et je leur recommandais de mettre l'humain au cœur des textes. Il y a peu, pour la première fois, un collègue m'a soumis des textes générés par l'intelligence artificielle, et je ne savais pas quoi faire avec cela ! Est-ce que cela avait la même valeur que ce que d'autres collègues avaient rédigé eux-mêmes ? Je n’avais pas la réponse. On a dû se pencher là-dessus. Si le contenu est pertinent et qu’il répond à nos objectifs, j'ai l'impression que cela va être valable. Mais vous savez bien qu’il arrive – c’est ironique – qu’on ne sente pas la touche humaine derrière ce qui est généré. Alors bien évidemment on peut s'en inspirer, on peut intégrer l’IA comme outil. Mais on a besoin, pour la communication grand public, de la touche humaine parce qu'on parle à des gens. Il faut qu'on se positionne là-dessus.

Point commun : Est-ce que ça veut dire que vous seriez prête à avoir un peu d'imperfection pour garder de l'humanité ?
Julie Pineault :
Oui, parce que, comme le contenu est fourni par plusieurs personnes, la façon de rédiger de chacun est différente. Donc, d'un article à l'autre, ce n'est pas pareil. Et s’il doit y avoir une ligne rédactionnelle, des codes de lecture, nous n’avons par contre pas à assurer une cohérence de principe sur la forme écrite. Autrement dit : tout ne doit pas être homogène, parce que cela fausserait la relation avec une institution dont les agents ne sont pas des robots ! Si une personne rédige d'une certaine façon et une autre de l'autre façon, cela reflète la pluralité des contributions. Dans ces conditions, oui, il y aurait de la place à l'imperfection… bien que j’exige quand même une certaine rigueur.

Il ne suffit plus de jeter de l'information aux gens, et il est préférable d’apporter quelque chose de plus fun !

Point commun : Parlons enfin de votre cycle de production, avec ce numéro d’octobre dernier. C'est le premier numéro avec cette nouvelle maquette ?
Julie Pineault :
Oui, on est restés quatre ans avec la même maquette. Désormais, on utilise des photos avec des gens en action plutôt que des portraits « studio ». Dès la première page, on a notre préfet [président] et notre directeur général, qui sont photographiés lors d’un événement et qui ont l’air heureux ! Ensuite, les titres des articles aussi ont changé. Pour rester dans la page 3, dans l’ancienne maquette, nous aurions dit « Mot du préfet, mot du directeur général ». Cette année, c’est « Ils répondent à vos questions ». On est allés vers des titres vraiment différents, plus presse et moins institutionnels. Pour aller plus loin, pour l'année prochaine, je souhaite ajouter un quiz sur notre territoire. Car il faut développer une partie ludique et attractive, avec une réelle interaction. Il ne suffit plus de « jeter » de l'information aux gens, et il est préférable d’apporter quelque chose de plus fun, un peu à l’image de ce que vous avez développé dans vos publications en France et que l’on voit dans le palmarès du Prix de la presse et de l’Information territoriales. Certaines ont un petit twist comme ça. Plus de visuels aussi. On ne peut plus remplir nos pages uniquement de texte : on agrémente de pictos, de tableaux, d’infographies, en mettant des respirations graphiques. Dans les titres, dans les visuels que l'on a choisis cette année, on met davantage nos agents en valeur. Comme dans la rubrique « Un métier à découvrir ».

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