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Publié le : 22 septembre 2022 à 07:35
Dernière mise à jour : 22 septembre 2022 à 17:03
Par Didier Rigaud-Dubaa

« La démocratie dépend d’abord et avant tout d’un public bien renseigné. » Cette citation de Thomas Jefferson était mise en exergue dans l’introduction d’un mémoire de recherche sur l’information municipale dans les années 1980. On ne parlait pas alors de communication publique dans les collectivités territoriales. N'avons-nous pas durant ces dernières décennies un peu négligé l’information en privilégiant trop la communication ?

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Par Didier Rigaud-Dubaa, maître de conférences à l'université Bordeaux-Montaigne.

Bien sûr la communication publique est utile, elle participe au projet du territoire, contribue aux missions de service public et d’intérêt général, mais trop souvent elle n’est jugée qu'à travers le prisme de son originalité, de sa créativité, de son audience, et n’est pas systématiquement évaluée pour connaître son impact réel.

Même la presse territoriale est concernée, elle a développé le concept de city magazine dont les objectifs souvent avoués sont d’attirer un maximum de lectrices et de lecteurs, de privilégier les éléments iconographiques en réduisant les textes. Les rédactions en chef se vantent même parfois de réduire à la portion congrue les messages clairement identifiés comme étant politiques. On ne traite pas de certains sujets pourtant d’intérêt général par crainte d’un impact négatif sur le lectorat (mais aussi parfois par manque de courage politique).

« Et pourquoi donc vouloir considérer comme du seul domaine public l’information journalistique, en feignant, d’une part, d’oublier que nous sommes dans une société d’informations principalement concurrentielles et privées, que les médias ont des intérêts commerciaux et financiers et, d’autre part, d’ignorer la communication des institutions publiques, naturellement porteuse de l’intérêt général ? », s'interrogeait Pierre Zémor (« Communication publique et information médiatique », revue MédiasPouvoirs (Carte blanche), n° 34, 2e tr. 1994).

Sans nier le travail des journalistes (pas de tous), indispensable pour relater les faits, dénoncer les scandales et les fausses informations, susciter le débat… Dans notre contexte actuel où il est de plus en plus difficile de disposer d’informations fiables et vérifiées, ultraconcurrence entre les médias, prolifération des fake news sur les réseaux sociaux, informations contradictoires comme nous l’avons vécu durant la crise sanitaire liée au Covid-19… Les directions communication devraient peut-être se réapproprier l’information des citoyens comme une de leurs missions fondamentales, contribuant ainsi à la démocratie en permettant à chacune et chacun de disposer d’une information de qualité.

Et, pourquoi pas, rebaptiser nos directions : information et communication ? et remplacer « dircom » par « dirinfocom » ?