L’astroturfing pèse sur les mouvements sociaux et menace le débat public
Voilà un mot qui ne peut rester inconnu du communicant public. L’astroturfing sur les réseaux sociaux vient perturber les mouvements d’opinion et pourrait aussi interférer dans les débats locaux, notamment lors des élections municipales.
« Le 10 septembre, bloquons tout. » Depuis la mi-juillet, au moins un million de messages ont été publiés au sujet de ce mouvement. Certains comptes publient jusqu’à 1 000 tweets par jour ! Sans préjuger du mouvement populaire autour de cette journée, il y a là un bel exemple d'astroturfing.
La plateforme Visibrain d'écoute et d'analyse des médias sociaux a en effet constaté un phénomène d’astroturfing autour de ce mouvement. L’exemple donné est le hashtag #BloquonsTout pour lequel « les 15 messages les plus relayés émanent de faux comptes (très) suspects représentant les trois quarts des tweets et retweets associés ».
Faux gazon et jeu de mots
On parle d'astroturfing quand des techniques de propagande automatisées sont utilisées notamment avec l’objectif de donner une fausse impression d'un mouvement populaire spontané et d’ampleur. Le mot vient d’une marque américaine de gazon synthétique « AstroTurf » née dans les années 60. Sachant qu’un mouvement populaire issu de la base se nomme en anglais « grassroots » - littéralement les racines de l’herbe ou du gazon - , l’idée a été de prendre ce mot pour illustrer le coté faux et synthétique de cette technique.
Il est aujourd’hui assez aisé de mettre en place des campagnes d’astroturfing sur les réseaux sociaux et le web. L’astroturfing peut être exploité par n’importe qui et sur n’importe quel sujet. Certains mouvements comme #agriculteurencolère ont ainsi fait récemment l’objet d’une volumétrie aberrante de messages sur X. Ces actions d’ampleur demandent toutefois une organisation et une stratégie concertées qui démontrent la volonté d’une manipulation politique orchestrée. Rien d’étonnant si certains groupes ou puissances étrangères en sont friands.
Vigilance dans les débats locaux
Dans le débat local, ces techniques de manipulation pourraient apparaître. D’où l’intérêt d’être vigilant et de surveiller les signes :
- Une mobilisation quantitativement douteuse avec des profils à plus de 100 tweets par jour, confirmée par le coefficient de manipulation des échanges ;
- Une présence accrue de profils anonymes : absence d’informations, alias actifs sur un seul réseau social, focus sur un unique sujet, coordination avec d’autres acteurs similaire ;
- Un narratif tourné vers des arguments spécifiques qui reviennent en permanence chez ces acteurs, avec une coordination spécifique.
Autant d’indices qui laisseraient à penser - selon la plateforme Visibrain - qu’une opération d’astroturfing est lancée.
