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Transparence, authenticité… Est-ce opportun de vouloir tout dire ?

Publié le : 15 mai 2025 à 07:07
Dernière mise à jour : 10 juillet 2025 à 14:50
Par Mary Mackay

Voilà deux mots qui sont presque devenus des mantras : transparence et authenticité. Dans la reconquête de la crédibilité de la parole publique, on nous rappelle que le citoyen attend de nous que tout soit clair, limpide, sincère, « vrai ». Et c’est valable en interne comme en externe, la frontière entre les deux n’existant presque plus dans certains cas. Mais cette injonction à la transparence totale et à l’authenticité absolue ne finit-elle pas par devenir… paradoxale ?

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Par Mary Mackay,
responsable de la communication interne de Pays de Montbéliard Agglomération, membre du Comité de pilotage de Cap'Com.

Soyons honnêtes : la transparence, c’est un idéal, pas une réalité. Dans l’action publique comme ailleurs, tout n’est pas racontable, tout n’est pas simplifiable, tout n’est pas partageable sur les réseaux sociaux. Que ce soient les coulisses d’une décision (ces tractations en marge des conseils et autres réunions de bureau), les hésitations entre plusieurs solutions (jamais totalement satisfaisantes), les compromis nécessaires pour pouvoir avancer, les débats internes… Tout cela est rarement sexy, souvent complexe, parfois même ennuyeux.

Pourtant, face à la défiance, la tentation est grande de se lancer dans le storytelling « authentique » : montrer les visages derrière l’institution (les agents passent face caméra), raconter les petits ratés (ces micros-trottoirs sur la place du marché), humaniser à tout prix les politiques publiques (voyez comme je suis heureux et épanoui, moi, usager de ce service public).

À force de vouloir représenter le « vrai », ne risque-t-on pas de tomber dans une nouvelle forme de mise en scène ?

Je suis pourtant assez convaincue de l’intérêt de la démarche et accueille avec soulagement la sortie de l’omniprésence des élus – et d’une expression pas toujours adaptée – dans nos supports de communication. Mais je me pose tout de même une question. À force de vouloir représenter le « vrai », ne risque-t-on pas de tomber dans une nouvelle forme de mise en scène ? L’authenticité, quand elle découle d’un style imposé, d’un angle calibré, devient une case à cocher, une stratégie de communication parmi d’autres. Elle perd de sa force et perd donc de sa… crédibilité !

Le paradoxe, c’est que plus on veut être transparent et authentique, plus la frontière entre « vrai » et mise en scène se brouille. Et la représentation du réel sera, quoi qu’on en dise, toujours du faux, tout du moins de l’arbitraire, le reflet d’un parti pris (et ce n’est pas Magritte, avec sa bien dénommée Trahison des images, qui me contredira). Il s’agit donc de trouver un nouvel équilibre, pour que l’essentiel ne se dilue pas dans l’anecdote : réhabiliter une part de discrétion, assumer que tout ne peut (ni ne doit) être partagé. Pour que l’incarnation, sincère, singulière, soit réellement au service du projet et serve, in fine, la relation à l’usager.

C’était, pour partie, le sujet de l’atelier mené au Spot Festival en juin dernier. Un sujet, pris sous l’angle des productions audiovisuelles, qui sera à nouveau évoqué lors d’une conférence Hop lors du Forum Cap'Com d’Angers : « Des films pour raconter les territoires et les institutions ». Rendez-vous en novembre !

Photo de Brett-Sayles pour Pexels.

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