Alerte aux Zombies Phone
Transformés en zombies, regards rivés sur leurs téléphones, les piétons dans la rue sont une menace à la fois pour eux-mêmes et pour les autres. À la veille d'Halloween, la Sécurité routière a décidé de frapper fort, avec une vidéo digne du célèbre « Thriller » de Michael Jackson.
Des créatures hypnotisées, sourdes et aveugles à leur environnement immédiat. « Ils sont déjà parmi nous. Ils envahissent les villes, ils sont de plus en plus nombreux. Eux, ce sont les Zombies Phone », explique une voix off ténébreuse dans ce clip à deux formats (30 et 60 secondes).
La campagne, diffusée depuis le 22 octobre dans les salles de cinéma, en VOL, mais aussi en affichage digital et sur les réseaux sociaux, frappe incontestablement les esprits. Mais ce qui fait le plus peur, ce sont les chiffres.
Il est urgent de lever le nez
Selon l'ONISR, 27 % des piétons qui traversent la chaussée utilisent un distracteur (35 % chez les 18-35 ans) et la mortalité des piétons représente 14 % des accidents.
Dans un tiers des cas mortels (456 par an), le piéton décédé est présumé responsable ou coresponsable. Le facteur inattention est cité dans 26 % des cas pour les hommes (derrière l'alcool mais devant les stupéfiants), et dans 46 % des cas pour les femmes. Rapportée à la totalité des accidents mortels de piétons, l'inattention intervient dans 10 % des cas.
Zombies et smombies
Difficile de ne pas établir un lien entre cette campagne et Smombies, la ville à l’épreuve des écrans, un livre d'Hubert Beroche, fondateur du think tank Urban AI. Smombie (contraction de « smartphone + zombie ») est un néologisme allemand inventé en 2015, suite au décès d'une adolescente happée par un tramway à Augsbourg, alors qu'elle regardait son smartphone. Dans cet ouvrage, l'auteur s'interroge sur ce que ces smombies racontent de notre dépendance aux écrans et sur l'adaptation des villes face à ce fléau. À Séoul par exemple, où 61 % des accidents de la route impliquent un piéton zombie, la municipalité a installé des bandes lumineuses sur les trottoirs (passant du vert au rouge) pour signaler le passage des véhicules. À Anvers, la ville a préféré aménager des « phone lanes » réservées exclusivement aux utilisateurs de téléphone. En revanche, à Honolulu, il est interdit de traverser la rue en regardant son téléphone, sous peine de récolter une amende. Flippant, non ?