Aller au contenu principal
Fermer

Campagnes de lutte contre les violences faites aux femmes : montrer la réalité en face

Publié le : 11 décembre 2025 à 07:07
Dernière mise à jour : 11 décembre 2025 à 12:39
Par Cécile Ferrer Staroz

La communication sur les violences faites aux femmes pour dénoncer, alerter, protéger devrait être quotidienne et à la hauteur de l’enjeu : sauver des vies. Elle ne l’est pas.

Dans les mêmes thématiques :

Par Cécile Ferrer Staroz, responsable de la mission communication interne du département des Pyrénées-Orientales, membre du Comité de pilotage de Cap'Com.

Les violences faites aux femmes est un sujet qui me touche particulièrement, pour des raisons professionnelles et personnelles.

Je suis toujours effarée de voir le chiffre de féminicides en France qui ne baisse pas (152 au 23 novembre 2025), d’entendre les violences traitées encore banalement par certains médias, de lire les statistiques de plaintes jamais abouties (plus de 90 %).

Quant aux affaires où les « forces de l’ordre » ne font visiblement pas leur job voire accueillent les plaignantes comme des hystériques menteuses et au lieu de les protéger raccrochent au nez de celles qui se font tabasser voire tuer par leur conjoint, elles se multiplient.

Appelons un chat, un chat

Chaque 25 novembre, Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, je suis donc attentive aux campagnes et actions qui accompagnent cette journée de lutte puisque apparemment on ne lutte qu’un jour, voire une petite semaine.

Et si l’envie de m’énerver dans cette chronique m’a prise, c’est que j’ai vu passer cette année, en termes de visuels et de messages, des jeux de mots avec « coup », des phrases niaises et des dessins stylisés de femmes avec fleurs et rubans, au mieux moches, au pire incompréhensibles : « C'est une pub pour un mascara, la dame qui a une larme noire dessinée sur le côté ? »

Et si on appelait un chat, un chat, plutôt ? Si on montrait ce que c’est vraiment la violence que subissent les femmes ? Les bleus sur la figure, les cheveux arrachés, les brûlures, les accidents dans les escaliers… et ceux qui les frappent chez elles, car oui, 91 % des femmes violentées le sont par une personne proche.

Regarder la réalité en face

C’est trop dur ? Mais pour qui ? Ceux qui regardent sans rien faire ? Les voisins qui entendent tout mais ne disent rien ? La famille qui ne veut pas faire de scandale ?

Je me souviens d'un temps où, pour parler de handicap en communication, on mettait en couverture des plaquettes tout sauf des personnes en situation de handicap, idem pour les personnes âgées, jamais trop ridées ni trop vieilles et surtout bien coiffées ! De qui se moque-t-on ?

Je me souviens aussi d’une campagne média anglaise contre les violences routières, qui montrait de véritables accidents de la route, des morts, des blessés, des images atroces… et de la diminution importante des accidents mortels après cette campagne rude mais efficace.

Montrer pour choquer, choquer pour avancer

Il ne s’agit pas de choquer gratuitement mais bien de montrer la réalité en face pour faire changer les mentalités et les comportements.

Alors communicantes et communicants de tous les services publics, ayons le courage d’informer vraiment, avec de vraies gens, et pas juste de faire dessiner par l’IA l’idée qu’elle se fait d’une femme violentée, même en violet couleur de la lutte féministe pour faire bien... .e

P. S. : aucun chat n’a été violenté pour cette chronique.