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Dépenses de communication de l’État : nouvelles coupes

Publié le : 4 décembre 2025 à 17:58
Dernière mise à jour : 11 décembre 2025 à 12:37
Par Yves Charmont

C’est par un article du « Journal du dimanche » du 30 novembre que l’explication est donnée : une circulaire va recadrer les dépenses de communication des ministères et des opérateurs publics. Dans ces lignes, avec le ton engagé que l’on connaît, le « JDD » mélange devoir de transparence, formules chocs et imprécisions.

Les communicants publics qui travaillent dans les grandes agences de l’État ou pour le service public à l’échelle nationale ont dû apprécier les paragraphes du JDD qui enchaînent les clichés : « Le choc annoncé va assécher les rentes à l’œuvre depuis vingt ans », « Sébastien Lecornu rompt avec 10 ans de laisser-faire ». De même des coups de canif assénés à l’occasion par la rédaction contre les fonctionnaires : « De très chers fonctionnaires, toujours plus nombreux ». Un fonctionnaire bashing malheureusement toujours payant, d’autant qu’il s’appuie ici sur un détournement des chiffres de la note de René Dosière, le président de l’Observatoire de l’éthique, qui passait au crible les rémunérations des membres des cabinets ministériels (entre décembre 2024 et septembre 2025). Cette note donnait le revenu mensuel brut moyen des membres des cabinets ministériels (10 000 euros), montant que le JDD attribue allègrement à l’ensemble des 5,8 millions de fonctionnaires en France.

La manipulation est énorme et discrédite une annonce qui, par ailleurs, méritait qu’on l’examine pour ce qu’elle est.
Les dépenses de communication de l’État sont de l’ordre de 1 milliard d’euros en 2024. Le gouvernement s’est fixé comme objectif pour l’année 2026 de les réduire de 300 millions d’euros. Les ministères devront donc diminuer leurs dépenses de 20 % par rapport à 2024 et, pour les opérateurs de l’État, cette réduction devra atteindre 40 %, sans distinguer la nature de ces dépenses. Au regard de ce chiffre, rappelons que les dépenses publicitaires des entreprises dans les médias avoisinent 20 milliards d’euros en 2024 et sont en croissance régulière (+ 25 % par rapport à 2019).
La volonté affichée du gouvernement, suite aux recommandations de la Cour des comptes, est de rendre plus lisibles ses dépenses de communication et d’en recentrer le pilotage au sein du SIG.

La compublique, éternel bouc émissaire

Seul élément concret pour le moment, la circulaire prévoit qu'au premier trimestre 2026 le Service d'information du gouvernement et la mission « État efficace » remettent un projet complet de réforme structurelle de la communication gouvernementale et étatique. Difficile donc de savoir ce que cette séquence médiatique couvre, sauf à faire une nouvelle fois de la communication publique un bouc émissaire. Alors que la parole publique a besoin de sérénité, de cohésion, de crédibilité et de puissance, au service de l’intérêt général.
À suivre, et, si possible, dans des colonnes plus facilement « certifiables ».

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