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La communication publique est un pilier de la démocratie

Publié le : 13 novembre 2025 à 07:07
Dernière mise à jour : 13 novembre 2025 à 16:40
Par Fabrice Villechien

La communication est au cœur de beaucoup d’échanges en cette fin d’année 2025 : une proposition sénatoriale qui vise à renforcer le pouvoir politique, un Premier ministre qui suspend les dépenses de communication de l’État, une période préélectorale qui met en alerte les communicants territoriaux...

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Par Fabrice Villechien, directeur de la communication de la ville des Ponts-de-Cé et membre du Comité de pilotage de Cap'Com.

C’est malheureusement une rengaine connue, déjà usitée tant dans la sphère privée que dans le domaine public. Quand il faut réduire la voilure, les yeux se tournent souvent vers la communication, comme si elle faisait partie des éléments non essentiels, pour reprendre une rhétorique de la période covidienne.

Et pourtant, en ces temps de fractures sociales, de défiance généralisée et de vacillements politiques, le pays a plus que jamais besoin d’une communication publique claire, transparente et porteuse de sens. À l’heure où les réseaux sociaux amplifient les rumeurs, où les discours populistes gagnent du terrain et où les institutions peinent à convaincre, la parole publique doit aller au-delà de l’information, elle aussi doit inspirer, rassembler et redonner confiance.

Quand les décisions publiques sont perçues comme opaques, technocratiques ou déconnectées des réalités, le citoyen se tourne vers d’autres sources, souvent moins fiables. Une communication publique efficace doit donc expliquer, mais aussi écouter. Elle doit transformer chaque annonce en opportunité de dialogue, chaque projet en histoire partagée. Les Français ne demandent pas seulement des résultats, ils veulent comprendre le sens des réformes, des investissements, des arbitrages. Pourquoi ce choix plutôt qu’un autre ? Quels sont les objectifs et les valeurs qui guident l’action publique ? La communication ne doit pas être un habillage ou un maquillage, mais le révélateur de la cohérence et de la vision à long terme. Elle doit montrer que chaque euro dépensé, chaque loi votée, chaque projet s’inscrit dans une ambition collective : celle d’une société plus juste, plus résiliente, plus unie.

Sans parole claire, sans écoute active, sans récit partagé, aucune réforme, aucune transition, aucune réconciliation n’est possible.

En période de permacrise, la cacophonie des discours affaiblit la crédibilité. Les messages contradictoires, les annonces précipitées, les polémiques stériles nourrissent le sentiment d’un pouvoir désuni. La communication publique doit donc être coordonnée, incarnée par des porte-parole légitimes, et ancrée dans le terrain. Elle doit donner à voir une administration à l’écoute, des élus proches des réalités et des experts qui parlent vrai. Une communication publique ambitieuse ne se contente pas de parler aux citoyens, elle les associe, les mobilise, les responsabilise. Elle transforme les enjeux complexes en appels à l’action et les politiques publiques en projets communs. Elle rappelle que la République n’est pas une machine administrative, mais une aventure collective où le récit prend le pas sur l’anecdote ou le futile. La communication publique n’est pas un outil de propagande, mais un pilier de la démocratie. Elle pourrait être une boussole, un lien, une promesse renouvelée de transparence et de sens. À ceux qui la considèrent comme un accessoire, rappelons que, sans parole claire, sans écoute active, sans récit partagé, aucune réforme, aucune transition, aucune réconciliation n’est possible.