Aller au contenu principal

Les communicants publics face à la guerre en Ukraine

Publié le : 15 mars 2022 à 09:08
Dernière mise à jour : 19 avril 2022 à 17:13
Par Bernard Deljarrie

« Nous ne pouvons pas rester indifférents » : les communicants publics, comme la plupart des Français, sont abasourdis par la guerre en Ukraine. Mais ils peuvent jouer un rôle dans la mobilisation des Français.

Lors d’un Comité de pilotage de Cap’Com, vendredi 11 mars, les communicants publics se sont exprimés. « On constate une demande spontanée auprès de la ville et de fortes sollicitations via les réseaux sociaux. Cela souligne, une nouvelle fois, le lien à l’usager que nous entretenons au quotidien. » Pas question pour eux de rester inactifs devant l’ampleur de la crise humanitaire.

« Prenons exemple sur la réactivité des petites collectivités, via leurs réseaux sociaux ou leurs applis. Les mairies appellent et relaient l’appel à la solidarité. » « Nous redécouvrons aussi l’Europe », reconnaît un communicant. Cette guerre européenne entraîne un afflux de réfugiés, ce ne sont pas moins de 4 millions d’Ukrainiens qui sont attendus. « Cela représente 1 % de la population de l’UE, fait remarquer un autre participant du Comité, c’est-à-dire qu’une métropole comme Lille devrait accueillir de l’ordre de 10 000 personnes ! » Une ville déjà mobilisée, car Lille est jumelée avec Kharkiv.

Les dispositifs sont en place

Les collectivités locales et les associations d’élus se sont rondement organisés via leurs réseaux internationaux, comme l’Association française du Conseil des communes et régions d’Europe (AFCCRE), Cités unies France ou encore la Confédération des petites villes de l’Union européenne. Et rapidement, en coordination avec les services de l’État, des dispositifs ont été mis en place. Service public.fr, sur sa page Guerre en Ukraine : comment aider les Ukrainiens depuis la France ?, présente tous les liens utiles pour faire un don ou proposer un hébergement. Via une démarche unique, les collectivités territoriales, les entreprises, les associations, les fondations, peuvent présenter leurs capacités d'hébergement, qui seront susceptibles d'être mises à disposition des réfugiés. Un recensement instruit par les préfectures.
La loi stipule : « Si l’urgence le justifie, les collectivités territoriales et leurs groupements peuvent mettre en œuvre ou financer des actions à caractère humanitaire. » Aucun frein ne limite donc les possibilités d’action des collectivités.

Un triple rôle pour favoriser l’accueil des réfugiés

Pour les communicants publics, la priorité sera donc d’informer et de mobiliser pour favoriser cet accueil. La communication peut jouer un triple rôle.
Une communication vers les différentes collectivités doit pouvoir renforcer l’action de chacune d’elles sur un territoire donné. Les régions, les départements, les intercommunalités peuvent contribuer à mobiliser les communes, en coordonnant un minimum les messages sur leur territoire.

La communication interne a aussi son rôle à jouer pour informer les agents. À Sarreguemines, par exemple, un appel aux dons a été lancé en interne aux agents. Les différents services auront aussi à intervenir ; CCAS, directions du logement, de la vie associative, voire de l’éducation quand il faudra accueillir les enfants réfugiés à l’école. La valorisation des engagements des agents sera attendue.

Bien évidemment, le rôle de la communication en direction des habitants et des associations locales est essentiel. La communication des collectivités et le tissu associatif local se sont déjà rapprochés à l’occasion de la pandémie. Maintenant, il s’agit de coordonner l’information humanitaire. L’élan humanitaire est exceptionnel, reconnaissent les associations, mais il va falloir travailler dans la durée pour accueillir des réfugiés et soutenir les organisations humanitaires. Les membres du Comité de pilotage n'ont d'ailleurs pas occulté la différence qui se fait jour, « lorsqu'on se souvient des positions et du traitement de la question des réfugiés pour d'autres conflits, pas si éloignés géographiquement ou dans le temps ». Ont alors été évoqués les flux migratoires venus de Syrie ou du Kosovo. Le travail de la communication publique, en accompagnement des politiques d'accueil des réfugiés, utilise les mêmes chemins : énoncé des chiffres, lutte contre les fausses informations et mise en lumière des situations individuelles des familles lorsqu'elles arrivent dans les territoires d'accueil (scolarisation, aide publique, solidarités, démythification).

Magazine territorial, site, réseaux sociaux, affichage, les outils des communicants territoriaux sont aussi mis à contribution, outils particulièrement performants, comme nous le rappelle régulièrement le Baromètre de la communication locale. Toute la communication numérique peut porter les liens utiles comme la plateforme officielle Je m’engage pour l’Ukraine, qui permet aux particuliers de proposer un logement enregistré auprès de la préfecture. Et un peu partout, affiches et drapeaux illuminent déjà les villes des couleurs jaune et bleu de l’Ukraine.

La communication numérique en temps de guerre

Même si, à ce jour, aucune cyberattaque d’ampleur n’est à déplorer en France, les communicants publics savent bien que, comme toute communication de crise, cela se prépare avant. L'Agence nationale de la sécurité et des systèmes informatiques estime que le cyberespace risque lui aussi de devenir un théâtre de guerre durant les prochaines semaines. Dans ce contexte, l’Anssi préconise le renforcement du niveau de vigilance et une veille renforcée elle aussi, pour détecter un éventuel incident afin de pouvoir réagir le plus tôt possible.

Ne pas oublier aussi, constate un communicant, « la guerre de l’info et le rôle des réseaux sociaux dans la diffusion des fake news avec l’impact sur la présidentielle ». Et, comme l’exprime Marc Cervennansky, membre du Comité de pilotage de Cap’Com, l’invasion de l’Ukraine par la Russie nous rappelle aussi que l’usage des réseaux sociaux expose à des risques individuels et collectifs. La guerre de l’information existe depuis toujours, rappelle-t-il, mais aujourd’hui « l’usage des réseaux sociaux peut mettre en danger la vie de leurs utilisateurs en laissant, volontairement ou non, accessibles des informations permettant de connaître activités, opinions et déplacements ».

Autant dire qu’après la période de la covid, les communicants publics ne sont pas au bout de leurs peines. Mais une simple pensée pour les populations ukrainiennes, et les voici remobilisés.