Pages de com : « Faire la paix avec nos écrans » par François Saltiel et Virginie Sassoon

Le cœur de l’ouvrage réside dans un néologisme : amphinétique. Les auteurs associent « amphi » (des deux côtés) et « nétique » (connexion) pour désigner une humanité désormais partagée entre le monde tangible des corps et celui, omniprésent, des flux numériques. « Il y a un continuum d’expériences, un seul tissu de sensations, d’actions, de liens, désormais indissociables » (p. 13).

Loin des caricatures sur le temps d’écran, Saltiel et Sassoon rappellent que nos usages sont multiples, contradictoires et inégaux. Lire Victor Hugo sur une liseuse ne provoque pas les mêmes jugements que scroller sans fin sur TikTok. Et pourtant tout se mesure en « temps d’écran » (p. 27). Leur ambition : aider à retrouver une lucidité critique qui dépasse la culpabilisation.

Apprendre à nager dans l’océan numérique

Internet est comparé à un océan : fascinant, dangereux, convoité. « Ce qui devait être une mer ouverte à toutes et tous s’est peu à peu transformé en champ de batailles économiques, politiques et culturelles » (p. 15). Entre les « chalutiers » que sont les Gafam et les pirates qui ouvrent des brèches de liberté, l’utilisateur doit apprendre à nager sans se laisser happer.
Cette métaphore irrigue tout le livre : celle de l’amphibien, idéal d’équilibre entre deux milieux. « À force de vivre les yeux rivés sur cette surface lisse, nous devenons nous aussi poreux. Chaque signal, chaque vibration nous traverse et modifie notre ressenti » (p. 19).

Un manuel de « savoir cliquer »

L’ouvrage ne se contente pas d’alerter. Il propose des repères concrets : accompagner les enfants dans leurs usages, résister aux logiques de captation de l’attention, revendiquer une éducation à la citoyenneté numérique. « Nous voulons croire qu’il est encore possible de réenchanter notre rapport au numérique, de le remettre au service de nos droits, de nos désirs, de nos imaginaires » (p. 24).