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Quand l’apéro estival révèle l’expertise de chacun

Publié le : 24 juin 2025 à 07:07
Dernière mise à jour : 4 septembre 2025 à 11:33
Par Marc Cervennansky

Pastis à la main, tonton Raoul vous explique que les écolos sont responsables des incendies de forêt, tandis que tata Jacqueline disserte sur la corruption généralisée des élus. Bienvenue dans l'univers de l'apéro-expertise de cet été, où chacun détient LA vérité sur tous les sujets, de l'Ukraine au réchauffement climatique. Et si cette rentrée était l'occasion de rééduquer nos neurones ?

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Par Marc Cervennansky, responsable du centre web et réseaux sociaux de Bordeaux Métropole.

Quand l'été rime avec certitudes sur tous les sujets

Cet été encore, ça n’a pas loupé : dès que les verres se remplissent et que la température monte, les avis définitifs fleurissent sur tous les sujets. Le réchauffement climatique, la loi Duplomb, le conflit ukrainien… Peu importe la complexité du dossier, chacun y va de sa petite analyse péremptoire, souvent inversement proportionnelle à sa maîtrise réelle du sujet.

Ce n'est pas nouveau, me direz-vous. Mais j'ai l'impression que le phénomène s'amplifie et surtout que la parole de chacun se désinhibe. Peut-être parce qu'il est devenu acceptable de dire et d'entendre n'importe quoi depuis qu'un certain blond peroxydé a été réélu à la tête de la première puissance mondiale ?

Vous avez vécu ces apéros débats ? Alors, que faites-vous ? Vous tentez d'argumenter au risque de passer pour le rabat-joie de service ? Vous vous taisez pour préserver la paix familiale ? Ou vous montez au créneau et transformez la soirée en champ de bataille ?

L'ère de l'opinion-reine

Ces discussions estivales m'ont replongé dans une formation que j'avais déjà évoquée dans une précédente chronique : « Cogito », une initiative de l'équipe de L'Esprit critique. Je vous invite à la suivre si ce n’est pas déjà fait (je ne touche aucune commission !).

Parce que développer l'esprit critique, ce n’est pas une lubie d'intellectuels. C'est développer notre capacité de réflexion et d'analyse des informations dont nous sommes quotidiennement bombardés. C'est lutter contre :

  • la désinformation qui prolifère ;
  • les rumeurs qui se propagent plus vite que leur démenti ;
  • les réactions à chaud qui remplacent la réflexion ;
  • les émotions manipulées par les algorithmes des réseaux sociaux.

Tout ce cocktail détonant fait le lit de certaines mouvances politiques qui prospèrent sur la confusion et l'émotion brute.

Notre responsabilité de communicants publics

Nous, communicants publics, pouvons avoir une responsabilité particulière dans cette bataille pour l'intelligence collective. À l'heure où certains remettent ouvertement en cause notre fonctionnement démocratique, encourager l'esprit critique autour de nous est un acte citoyen.

Cette rentrée marquée par l’entrée en vigueur de la réserve sur la communication en période électorale pourrait être l'occasion de nous intéresser à cette mission éducative.

L'esprit critique ne se décrète pas, il se cultive. Il se nourrit de questions plutôt que de certitudes, de nuances plutôt que d'absolus, de sources vérifiées plutôt que de rumeurs.

Comment concrètement développer cette démarche ? En questionnant nos sources, en croisant les informations, en acceptant de dire « je ne sais pas » quand c'est le cas. En apprenant à distinguer un fait d'une opinion, une corrélation d'une causalité, un témoignage d'une preuve.

Dans cette ère trumpienne où plus rien n’est tabou, où les plus grosses énormités s’imposent au détriment de l’intelligence, il devient vital de remuscler notre cerveau et celui de nos concitoyens.

Cadeau bonus : des ressources pour se former à l‘esprit critique

Pour éviter que tonton Raoul monopolise encore la conversation lors du prochain apéro.

Illustration générée avec l’IA (ChatGPT + Firefly).

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