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Il est grand temps de (se) « réchoupiller » !

Publié le : 12 octobre 2020 à 07:07
Dernière mise à jour : 17 décembre 2020 à 12:47
Par Vanessa Gotti

En période de bouclage de magazine, en situation de crise ou dans les moments difficiles, j’entends encore cette phrase, énoncée comme un mantra par la première dircom avec laquelle j’ai eu la chance de travailler : « Il nous faut un p’tit réchoupillant ! » Cette expression savoureuse, désignant quelque chose qui fait du bien, qui remonte le moral, qui met du baume là où ça fait mal, maintes fois utilisée au sein de mon équipe, me fait aujourd’hui du pied et revêt, ces dernières semaines, une saveur particulière.

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Par Vanessa Gotti, chargée de communication interne à la ville de Chatou.

Croyant longtemps que ce mot était un néologisme, je me suis récemment rendu compte que le verbe « réchoupiller : rendre de la vigueur » existait bel et bien ! Un terme apparemment champenois et qui serait même en lien avec l’effet réchoupillant du champagne…
À la veille des fêtes de fin d’année, ce mot me paraît tellement d’actualité ! Le timing est parfait et la communication publique peut en être l’un des meilleurs relais : aujourd’hui, trêve hivernale, vœu le plus cher ou bonne résolution pour 2021 : réchoupillons, ravigotons et réconfortons !

Les Français ont le moral dans les chaussettes

2020 finit sa course, effrénée, implacable… et couvre encore d’un voile opaque 2021. Anxiété, stress, peur du virus, peur des autres, isolement... à la crise sanitaire s’ajoute l’usure psychologique des Français. Les études qui fleurissent sur le sujet le confirment, les deux confinements ont des effets délétères sur notre santé morale. Le ministre de la Santé a d’ailleurs révélé récemment que le numéro d’aide mis en place sur ces questions recevait « près de 20 000 appels par jour ».
Dans l’univers professionnel, selon le dernier baromètre OpinionWay pour Empreinte Humaine, « près d’un salarié sur deux se trouve actuellement en détresse psychologique et présente des symptômes de dépression et d’épuisement ». Cette tendance est à la hausse et touche aussi de plein fouet les managers, eux aussi devant faire face à de nouveaux défis : manager à distance, maintenir la cohésion et la motivation de leur équipe, pallier les absences, rassurer dans l’incertitude… Fatigue, lassitude, solitude, perte de sens du travail réalisé, manque de perspectives, coupes drastiques dans les budgets, réorganisations… l’horizon est brumeux.

Inédite, cette année nous aura tous secoués et aura fait valser nos certitudes. Ce que l’on croyait acquis, ce que nous avions prévu et programmé, ce que nous pensions maîtriser, s’est altéré. Un présent aux contours sinueux est apparu, aux lendemains incertains et aux défis quotidiens. Aussi mobilisatrice que douloureuse, cette épreuve nous a demandé – et nous demande encore – de nous dépasser. Sur ce parcours, différent pour chacun selon nos situations, nos forces et nos faiblesses, nous cheminons, individuellement et collectivement. Avancer est la seule option, (s’) adapter, innover, apprendre, (se) réinventer et (s’) aider sont nos armes. Notre résilience en est l’enjeu.

Nostalgie quand tu nous tiens

Le respect des gestes barrières et des protocoles sanitaires a nui à la convivialité des rapports professionnels. Les réunions sont limitées en nombre de participants ou dématérialisées, le rapprochement des équipes est limité, l’attention est portée sur la distanciation. Le nécessaire développement du télétravail, indéniable progrès dans les us et coutumes des administrations, formidable tremplin pour de nouveaux usages numériques, a néanmoins aussi accentué le repli sur soi. Même si pour beaucoup le temps de trajet pour aller au bureau se résume à la distance entre la cuisine et le salon, si nous décalons avec plaisir l’heure de sonnerie de notre réveil le matin, si le chat de la maison n’a jamais autant ronronné, lové sur nos genoux pendant nos réunions Zoom, si – avouons-le parfois – nous ne changeons que de chemisier le matin pour garder le confort de notre bas de pyjama… le bureau nous manque.

Même si nous pouvons à loisir rédiger le plus sérieux des comptes-rendus tout en écoutant à plein volume All I Want for Christmas Is You de Mariah Carey, étendre une machine entre deux mails ou s’affaler sur le canapé à la pause déjeuner pour terminer la série Netflix commencée la veille… le bureau nous manque.

Les petits-déjeuners chouquettes en équipe pour fêter un succès, les échanges enflammés avec l’ensemble du service sur les prochains projets, les pauses déjeuner à la pizzéria du coin où l’on relâche avant de mieux repartir, les grandes réunions en physique – même si parfois le temps est long et qu’on gribouille sur notre cahier –, les actions interservices souvent de mise en cette fin d’année, les événements et rassemblements festifs, et surtout les sourires à pleines dents – et non masqués – des collègues croisés dans le couloir… avouons-le, tout nous manque.

Mettre des paillettes plein les yeux

Au cœur de la tempête covid-19 et au cours de cette année marquée par l’instabilité, la communication publique a joué un rôle central. Elle a tout d’abord relayé : les consignes nationales, les protocoles, les gestes barrières, les numéros d’urgence… sur des supports variés et appropriés aux différents publics. Elle a été un maillon essentiel pour faire adopter les bonnes pratiques sanitaires. Au cœur de sa mission, elle a informé : sur l’avancée de la situation, sur la continuité du service public, sur les actions et les aides mises en place, sur les nombreux réseaux associatifs et solidaires qui ont proposé leur aide… Bien sûr en cela elle a accompagné les familles, les personnes isolées et désorientées… en mettant en lumière les dispositifs et initiatives locaux pour répondre aux différents besoins. Elle a aussi valorisé : les professionnels de santé, de sécurité et les agents municipaux, mobilisés et impliqués depuis le premier jour. Et elle a toujours maintenu le lien avec les citoyens, préservé et même enrichi cette relation.

Ces dernières semaines, les collectivités ont ajouté une note nouvelle à leur partition, plus joyeuse et plus brillante. Lassées de la morosité ambiante et en même temps plus que déterminées à l’affronter, gagnées aussi par le merveilleux de la période des fêtes de fin d’année, elles sont passées à « l’offensive positive ». Elles soutiennent : multiplient les opérations en faveur des commerces locaux, restent à l’écoute de leurs partenaires, des habitants, et rejoignent des actions solidaires comme l’action des boîtes cadeaux pour les sans-abri, qui gagne de plus en plus de villes françaises. Elles émerveillent petits et grands et rivalisent de féerie dans les rues. Les sapins n’ont jamais été aussi beaux, les illuminations de Noël n’ont jamais autant ébloui et enchanté. Elles rassemblent par des défis, des loteries virtuelles ou des concours variés en ligne et revendiquent leur proximité avec les administrés, à leurs côtés pour demain. L’intention d’unir et de célébrer est plus que jamais présente.

Chouchouter en interne

Les équipes, elles aussi, ont besoin de réconfort. Face à l’impossibilité de rassembler les services pour un moment festif, comme le veut l’usage, il n’en est pas moins possible d’infuser un peu de magie et de convivialité. Marqués par ces derniers mois, nous avons tous renoué avec la valeur des petits bonheurs de la vie et le retour aux essentiels se pare aujourd’hui d’une saveur particulière. Les initiatives, fortement marquées par le collaboratif et la solidarité, se multiplient et trouvent un écho certain au sein des équipes. Même à distance, on se rapproche et le quotidien de travail retrouve des couleurs : guirlandes lumineuses et colorées dans les services, calendriers de l’Avent « feel-good » et participatifs, partage de recettes et de tutoriels d’activités manuelles de saison, menu de fête à la cantine… Entre improvisation et réactivité, les communicants internes fédèrent.

Portées aussi par la direction générale, les actions mises en place en cette période particulière font du bien : une jolie carte de vœux interne, un message positif adressé aux équipes, des « secret Santa » organisés avec les collègues, des concours de pulls de Noël moches et de décoration de services, des défis photos par dizaines, des reprises de morceaux de Noël partagés par le Conservatoire… Certaines collectivités ont aussi décidé de remplir leur hotte pour les agents : des distributions de cadeaux et de goodies, un ballotin de chocolats retrouvé au petit matin sur le coin du bureau, une invitation pour un atelier bien-être dématérialisé, des jeux collaboratifs, des challenges et enquêtes en ligne, des bons cadeaux… L’important est de marquer le coup. Valoriser encore, remercier toujours et donner le cap surtout pour un 2021 meilleur. Considérer, partager et rassembler autour de valeurs communes pour « retrouver de la vigueur », en un mot : réchoupiller !