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Influenceurs et démocratie locale : comment toucher la génération Z

Publié le : 30 octobre 2025 à 07:07
Dernière mise à jour : 30 octobre 2025 à 16:13
Par Marc Cervennansky

42 % des 16-30 ans s’informent désormais d’abord via les réseaux sociaux, selon plusieurs enquêtes récentes. Ce n’est plus une tendance ; c’est une transformation profonde de la manière dont les Français consultent l'actualité.

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Par Marc Cervennansky, responsable du centre web et réseaux sociaux de Bordeaux Métropole.

Pendant que certains regrettent encore la disparition du journal télévisé comme repère collectif (malgré Léa Salamé), les nouvelles voix de l’actualité s’expriment aujourd’hui sur TikTok, YouTube ou Instagram. Une étude de l’Unesco sur les créateurs de contenu révèle un chiffre préoccupant : 41,7 % d’entre eux admettent se fier aux likes ou aux vues pour valider une information, et seuls 36,9 % disent vérifier systématiquement leurs sources officielles.

Cela illustre un basculement dangereux : quand la vérité dépend de l’applaudimètre, l’émotion prend le pas sur les faits. Pourtant, ignorer ces nouveaux acteurs reviendrait à abandonner toute une génération au brouhaha numérique, entre une vidéo sur l’insécurité locale et une vidéo de dessert qui se mange à la fourchette (je ne comprends rien à ce phénomène).

Alors, que faire ?

D’abord, repérer les créateurs de contenus locaux, suivis par les jeunes de votre territoire. Pas besoin d’un million d’abonnés : quelques milliers suffisent, si la relation est authentique. Si l’influenceur génère un fort engagement auprès de sa communauté, cela est plus intéressant que le nombre de followers.

Sélectionnez ceux qui démontrent une certaine éthique : transparence, respect des faits, volonté d’informer. Ne pas hésiter à prendre contact avec eux via leurs réseaux sociaux pour tâter le terrain et mieux faire connaissance. Ensuite, proposez des collaborations claires et équilibrées. Rendez vos données accessibles, vos visuels réutilisables, vos chiffres compréhensibles. Si un partenariat est rémunéré, il doit être explicitement mentionné. En échange, exigez la citation des sources et un engagement de sérieux sur les sujets abordés.

Beaucoup de créateurs veulent produire un contenu utile, mais peinent à trouver des ressources fiables, synthétiques et visuelles. En leur facilitant la tâche, vous encouragez la diffusion d’une information plus juste et plus locale.

L’enjeu dépasse la communication publique

Certaines collectivités le pratiquent déjà : campagnes environnementales, prévention, participation citoyenne… les formats courts, bien encadrés, atteignent des publics qui ignoraient jusque-là leur existence. Quelques exemples de collaborations qui ont porté leurs fruits, sur les bornes à déchets alimentaires, des idées de sortie originale en tram à Bordeaux Métropole ou l'inauguration du pont Simone-Veil à Bordeaux.

Car l’enjeu dépasse la communication. Il touche à la vitalité de notre démocratie : si l’information publique se coupe des jeunes, le désengagement civique risque de s'accentuer. Pour que chaque citoyen puisse comprendre les enjeux locaux, voter en connaissance de cause et participer, il faut aller le chercher là où il est, avec les codes qui lui parlent, sans renoncer à l’exigence des faits.

Les influenceurs ne remplacent pas les journalistes. Mais ils sont devenus des relais incontournables. À nous de construire avec eux une écologie de l’information où la proximité, la pédagogie et la vérification reprennent toute leur place.

Illustration : photo générée avec l’IA sur https://app.reve.com/