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La compublique tire le fil au Forum d'Angers

Publié le : 13 juin 2024 à 07:11
Dernière mise à jour : 12 juin 2025 à 20:15
Par Yves Charmont

Les communicants devaient remettre l’ouvrage sur le métier et prendre à bras-le-corps ce que nous tissons patiemment dans nos territoires : des récits, une histoire collective. C’est Angers, ville d’accueil de la 37e édition du Forum de la communication publique, du 18 au 20 novembre prochains, qui nous en offre l’opportunité. Le moment est venu pour nous de dérouler le fil de ces récits, destinés à faire comprendre, à faire réfléchir et d’en mesurer la fragilité comme la force. Nous débattrons, nous apprendrons et nous éclairerons tous les aspects d’un métier qui, lui aussi, se transforme au fil du temps.

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Qu’est-ce qui se trame derrière les affiches, les slogans, les images de cette ville idéalisée qui maille nos campagnes de communication ? C’est une question que peuvent se poser ceux à qui la parole publique s’adresse, mais c’est aussi une question de fond que nous traitons en permanence : quel récit tissons-nous au fil de nos messages, quelle histoire racontons-nous ? Ou plutôt, que raconte le territoire ? Car un territoire vit, parle, respire, transmet.

Une histoire de confiance

Depuis longtemps, les communicants publics réfléchissent à la construction collective de l’imaginaire ; c’est leur rôle. En cela, ils contribuent à faire société et le font d’une manière de plus en plus experte et éthique. Experte, car les outils narratifs évoluent de façon fulgurante. Éthique, parce que l’abolition des barrières techniques mélange les paroles dans un immense fourre-tout sémantique.

Nos professions sont investies par les parties prenantes de la vie démocratique d’une mission qui ajoute une obligation de transparence, d’information, d’accessibilité, aux charges premières d’accompagnement de l’action publique locale. Pour citer Luc Rouban (Les Raisons de la défiance, Presses de Sciences Po, 2022) : il faut « respecter le primat de la société civile sur la société politico-administrative ». Beaucoup de citoyens n’en attendent d’ailleurs pas moins de notre travail, comme le prouve le dernier Baromètre de la communication locale. La communication des collectivités y est créditée d’un indice de confiance de 76 % : preuve qu’elle œuvre pour maintenir le lien, le dialogue, expliquer les enjeux… Cela définit exactement nos métiers et la façon dont nous travaillons. Un point éclairé par la 6e édition de la Radioscopie du communicant public qui sera présentée lors de ce Forum.

Une affiche finement brodée

Les points de croix figurent le lent travail à la main, qui aligne les fils et forme le message. On peut à la fois déceler dans cette image la manière dont on doit discipliner et organiser les brins afin de produire quelque chose de compréhensible et la liberté irrévérencieuse qui ressort de cette composition en cours de réalisation. Les communicants publics tissent patiemment, avec les fils disponibles, un récit commun. On peut aussi voir ici la trace d'une évolution de fond : la prise de conscience collective de la nécessité de réemployer ou de produire de façon responsable et durable. Partout on retrouve ces gestes : broder, tricoter, coudre.

Découvrez le programme du Forum

3 jours, 1000 communicants, 150 intervenants, et 8 formats pour réfléchir, expérimenter et mettre en œuvre la compublique. Consultez le programme détaillé et choississez votre parcours métier et vos formats.

Trois domaines d’application

Cette édition du Forum de la communication publique et territoriale sera également l’occasion de prendre la mesure des récits qui sont à l’œuvre, indépendamment de ceux que nous pouvons produire. Des récits qui sont particulièrement sensibles et nécessaires, dans trois domaines : les transitions, les questions de génération et le dialogue post-crise.

Même si on peut sentir la maille se desserrer en ce qui concerne les changements socio-environnementaux, avec des objectifs qui sont moins évidents, un discours climato-sceptique qui gagne du terrain, des renoncements et une impression d’avoir perdu le fil, les transitions sont bien là. D'abord parce qu'elles ne dépendent pas d’une volonté ou d’une autre, elles existent tout simplement : température moyenne, événements naturels, épuisement des ressources, pollution… Ensuite parce que nous observons de profonds changements de mentalité et de comportement qui ne sont pas le fruit de campagnes de communication ou de modèles véhiculés, par la publicité entre autres. Les nouvelles générations n’ont plus les mêmes objectifs, elles ne passent plus autant le permis de conduire, font beaucoup moins d’enfants et se préparent à vivre autrement. Ces transitions sont là, elles modifient l’humain, et il faudra écrire cette histoire collectivement.

Tisser des liens, c’est, sur une trame historique, entremêler les fils des destins individuels.

Les récits croisés sont également utiles pour dialoguer avec des générations qui, justement, n’ont plus les mêmes références. Depuis le temps que l’on parle de village global, nous y arrivons. Européens, et donc plus ouverts, les moins de 30 ans sont aussi enclins à vivre en tribus selon leurs goûts, à leur rythme et selon leurs règles. Dans l’espace public, au travail, ces imaginaires ne collent plus avec ceux qui prévalaient. Pour mieux se comprendre et agir ensemble, il est utile de se raconter, que l’on soit de cette génération ou d’une autre, afin de faire tomber les barrières et les clichés. Une médiation est nécessaire. Une mission pour la communication publique car tisser des liens, c’est, sur une trame historique, entremêler les fils des destins individuels.

Le lien tendu avec le réel

Les communicants publics sont-ils des tisserands ou doivent-ils broder un peu pour remettre tout le monde d'accord ? C’est bien là le troisième domaine d’expression de ce thème pour le Forum 2025. Car il faut admettre une bonne fois que nous ne dépassons pas seulement le cap d'une crise, ni de plusieurs crises (cette « permacrise » dont nous avons déjà entendu parler), mais nous vivons une modification profonde de notre environnement. Il sera sensiblement différent de ce que nous connaissons. Pour rebâtir le contrat social dans cet avenir proche, il faudra en premier lieu s’accorder sur le récit de ce que nous avons vécu : le Covid et la mise sous cloche des relations sociales, les guerres qui s’approchent, les mutations technologiques, les spasmes des comptes publics mais aussi une foule d’histoires individuelles et collectives qui ont accumulé les douleurs, les frustrations, les colères. Une crise nous transforme durablement, que ce soit individuellement ou collectivement, dans le réel ou dans le ressenti. Et rien ne dit que ce changement doive être effacé.

Reconstruire la confiance pour qu’une société soit à nouveau vivable ne veut pas dire reprendre là où nous en étions avant. Il y a des conséquences et des responsabilités qui peuvent nécessiter que justice soit faite. La confiance repose sur la justice et l’équité. Ces valeurs trouvent leur ancrage dans un territoire et dans les relations qui s’y tissent. Un maillage.
Une population, un espace, des règles communes et des institutions pour les garantir : lorsqu’une crise intervient, c’est bien la trame qui demeure. Reconstruire la confiance est donc évidemment une affaire de parole publique, et, bien souvent, de parole publique locale. Renouer ces liens, c’est reconstruire le tissu républicain depuis la base.

Laissez-vous gagner par la douceur !

Au pays de la boule de fort (un sport qui se pratique en pantoufle et à bas bruit, mais qui resserre les liens), dans un territoire qui revendique une douceur de vivre (c’est-à-dire une absence d’agressivité) et qui héberge le siège de l’Ademe, le Forum Cap’Com pouvait prendre le recul nécessaire pour démêler cet immense écheveau : celui de nos pratiques en communication publique. Les membres du Comité de pilotage de Cap’Com l’ont clairement dit tout au long de l’année : il faut revenir sur cette narration consubstantielle à toutes nos communications, puisque le dialogue lui-même semble de plus en plus difficile. Il faut agir sur les mythologies modernes pour se raccrocher à un récit commun. C’est comme revenir à la corde, lorsque tout l’habillage a été ôté, et toucher la fibre même de la communication, le liant essentiel, que l'on retrouve en communication interne ou en communication institutionnelle, pour redire qui, pourquoi et comment, ou en racontant le quotidien des agents, sur le terrain, pour faire passer un message de respect et mettre en valeur l’utilité collective. Que l'on retouve de façon évidente également avec les récits de l'attractivité et des territoires.

Démêler l’immense écheveau de nos pratiques en communication publique.

Au cours de plus de 40 sessions, ateliers, conférences (et même des visites professionnelles), cette édition du Forum sera l’occasion de mettre à nu nos discours dans un territoire maître en la matière. Angers préserve des trésors de narration avec plusieurs tapisseries monumentales, communicantes, puissantes, médiévales ou contemporaines. C’est aussi un territoire en transition, à l’avant-garde dans son écriture collective d’un futur désirable, durable et à taille humaine. Les grands partenaires (Ville, Métropole, Département et Région) ont beaucoup à dire sur ces sujets. Leurs pratiques sont intéressantes et nous serons guidés par eux entre Loire et Maine, au fil de l’eau, au fil des histoires, au fil du temps. Car ces trois jours seront denses et il faudra se préparer à suivre le programme avec attention… mais aussi dans la convivialité. Plus de 1 000 participants vont à leur tour écrire l’histoire de ce Forum, au centre de congrès Jean Monnier, ou aux greniers et à l’hôpital Saint-Jean, pour la soirée du mercredi. On y soignera nos communications, nos relations et on pourra se narrer.

Il était une fois, la compublique réunie

Dans une période de pause préélectorale, le Forum 2025 se positionne d’ores et déjà comme un grand rendez-vous pour la profession, où nous parlerons de ce « métier à tisser du récit », de son rôle, de ses outils, de ses artisans. Et nous pourrons, au retour, dire aux collègues : « Il était une fois, la compublique réunie… »

Les inscriptions sont ouvertes

Donnez-vous dès maintenant la chance de profiter du Forum Cap’Com d'Angers. Anticipez dès maintenant votre inscription et profitez de -100 € sur le tarif avant le 1er septembre avec le code GOULINE. C'est simple et rapide : complétez votre demande en ligne.

Au préalable :

  1. choisissez votre visite pro du mardi ;
  2. définissez vos temps de présence (déjeuners et soirée).

Pour valider votre inscription, vous recevrez votre convention de formation à retourner signée à Cap'Com, accompagnée d'un bon de commande.

Le 37e Forum de la communication publique et territoriale
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Le Forum de la com publique