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La réponse sarcastique de l’Élysée à la rumeur sur le mouchoir de Macron

Publié le : 28 mai 2025 à 07:55
Dernière mise à jour : 28 mai 2025 à 14:40
Par Bernard Deljarrie

Comment répondre à une fake news qui, à partir d’une image du mouchoir du président français, veut faire croire que les chefs d’État européens consomment de la cocaïne ?

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Se rendant en Ukraine, le 9 mai 2025, le Premier ministre britannique, le chancelier allemand et le président français sont pris en flagrant délit de consommation de drogue. Sur les réseaux sociaux, depuis le 9 mai, cette rumeur se propage. Une simple image du mouchoir de Macron a permis de déclencher une vaste campagne de désinformation portée par les comptes d’extrême droite et prorusses. Sur X, les publications ont totalisé plus de 75 millions de vues.

Cette fake news a conduit l’Élysée à réagir sur X dans deux messages publiés en anglais et en français : « Ceci est un mouchoir. Pour se moucher », « Ceci est l'unité européenne. Pour faire avancer la paix », « Quand l'unité européenne dérange, la désinformation va jusqu'à faire passer un simple mouchoir pour de la drogue », dénonce sur un ton sarcastique la communication présidentielle. Un registre de communication de plus en plus fréquent pour la diplomatie française, à l'image des comptes officiels ukrainiens. De leur côté, de nombreux médias ont cherché à comprendre pourquoi une telle désinformation, construite sur une image si anodine, a pu atteindre une telle viralité.

Cette campagne, selon l'Observatoire du conspirationnisme, s'est appuyée sur trois grandes communautés :

  • la complosphère française, avec des influenceurs et des figures politiques de l'extrême droite ;
  • une partie du mouvement complotiste américain, amplifiée par un commentaire d'Elon Musk en personne ;
  • et la communauté pro-Kremlin et ses relais médiatiques, dont la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères.

Pour Tristan Mendès France, maître de conférences associé à l'université Paris-Cité et collaborateur de l'Observatoire du conspirationnisme, interrogé pour France 24, « cette viralité repose sur deux ressorts : d'une part, les convaincus qui y voient une confirmation de leurs croyances, et d'autre part, ceux qui partagent pour le “lol”, pour le troll, sans nécessairement y croire. Ce double phénomène contribue à amplifier le message, même de façon ironique. Ce sont souvent ceux qui partagent pour l'humour, le sarcasme ou le second degré qui, sans le savoir, deviennent des relais ».

Le risque de donner plus de visibilité à la rumeur

« Répondre à une rumeur, c'est prendre le risque de l'amplifier », reconnaît Tristan Mendès France. « C'est ce qu'on appelle l'effet Streisand », qui consiste à donner plus de visibilité à quelque chose qu'on voulait au départ discréditer. Mais aujourd’hui, les réponses des institutions cherchent à utiliser les codes des plateformes numériques. Moins diplomatiques, les messages n’hésitent pas à être plus humoristiques, voire sarcastiques. Car aucune démonstration ne peut convaincre un complotiste que le mouchoir de Macron n’est pas un sachet de cocaïne.

Peu de temps après, même ton offensif face aux réseaux sociaux qui reprennent la vidéo, d’abord diffusée par le média russe Russia Today, de la « gifle » qu’aurait reçue de son épouse le Président. La communication présidentielle n’hésite pas à s’en prendre aux « fadas », aux « mabouls » qui « ont le caramel qui leur monte à la tête », pour dénoncer cette interprétation qui a « fait dire à une vidéo beaucoup de bêtises ». « Il y a des gens qui ont regardé des vidéos et qui pensent que j’ai partagé un sac de cocaïne, que j’ai fait un mano à mano avec un président turc et que là, maintenant, je suis en train d’avoir une scène de ménage avec ma femme », a contre-attaqué le Président. « Rien de tout ça n’est vrai. Pourtant, ces trois vidéos sont vraies ».

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