
Presse territoriale : se renouveler pour se raconter
Les publications candidates au Prix de la presse et de l'information territoriales nous permettent aujourd'hui de brosser le portrait d’une presse territoriale qui s’appuie sur les fondamentaux de la presse généraliste et de l’édition. Les communicants publics savent trouver les formats et formules pour raconter au mieux leurs territoires. Analyse du panel de parutions 2025.
Les pros de la compublique se sont penchés sur les publications candidates à l'occasion du jury pro du 27e Prix de la presse et de l’information territoriales. C’est leur regard attentif qui nous permet aujourd'hui de faire émerger les points saillants de la presse territoriale en 2025.
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On le savait depuis quelques années maintenant : fini la rédaction 100 % politique, avec les beaux sourires des élus à toutes les sauces et madame la maire présente sur la plupart des unes. La place est faite au lien, créé par la communication publique – et plus précisément ici par la presse territoriale – entre l’institution et son territoire, ses habitants. L'exercice est difficile : se raconter sans se la raconter, grâce à des actions simples et à la portée de tous.

Les collectivités s’adaptent, proposant des sujets, des angles de rédaction, des typologies d’articles et du cross média plus ou moins approfondi, permettant ainsi à ses lecteurs – tous différents – de s’y retrouver. Le ton et le visuel se modernisent, le propos se veut plus éclectique. Au-delà de l’utilisation du Falc (Facile à lire et à comprendre), nous parlons ici d’un véritable travail de remodelage, de rédaction et de storytelling. Beaucoup de publications mettent désormais un point d’honneur à placer en lumière les acteurs de la collectivité : agents, habitants, partenaires.
Un support, plusieurs niveaux de lecture
Ce défi d’accessibilité n’est ni nouveau ni spécifique à la presse territoriale. Mais les communicants candidats cette année ont su s’y confronter, à l’aide de nouvelles maquettes, de nouveaux rubricages, de nouvelles façons de penser et de raconter. Il faut réinventer le traitement des marronniers, peut-être même parfois écrémer ces derniers, pour faire place neuve et nette à de nouveaux sujets.
Proposer divers types d’articles permet également de faire respirer l’ensemble de la maquette. Alterner entre brèves, articles, contenus enrichis en ligne ou en podcast, dossiers co-construits avec le CME ou l’association de quartier… Il y a autant de façons de se réapproprier son magazine municipal qu’il y a de collectivités. Les communicants informent un public qu'ils connaissent, dont ils sont proches d'une façon ou d'une autre : à eux de trouver la recette qui leur permettra de raconter, à leur manière, leur territoire.
Des formats plus nomades ?
L’adaptabilité semble décidément être le nerf de la guerre cette année. Petits formats ou grandes maquettes pliées en deux, de type journal « presse classique » (cf. Ici Rennes, le gagnant 2024), on sort des clous. L’époque où l’on lisait tranquillement son bulletin municipal confortablement installé dans son canapé est-elle révolue ? Les nouveaux formats proposés posent en effet la question. Bien que la réduction des dimensions des publications soit la plupart du temps liée à une question de coûts de production (cf. articles des années précédentes), nos jurys ont mis le doigt sur quelque chose : plus petit, plus pratique, hop, on le glisse dans le sac à main, le tote bag ou le sac à dos pour le feuilleter où que l’on soit. Qui a dit que seul le format numérique proposait de la lecture nomade ?
Ces formats d’un nouveau genre résultent aussi d’une volonté de « plus direct ». Aller à l’essentiel, proposer des sujets pertinents qui seront lus, des informations pratiques et ludiques, tel est ce qui ressort de notre panel de candidats. Les maquettes ont été retravaillées pour les raisons financières évoquées plus haut, mais ont fait émerger de nouveaux remaniements stratégiques. Qui plus est, les déclinaisons numériques n'étant encore que peu poussées (on se contente souvent des .PDF téléchargeables, de Calaméo ou de posts « copié-collé » sur les réseaux sociaux), ces formats courts ou de poche sont une belle alternative pour rendre l'info accessible à tous, partout.

L'importance de la maquette : soyez RI-GOU-REUX
La maquette, tiens, parlons-en ! Peu importe la taille de la collectivité, les dimensions de la parution ou même son nombre de pages, il y a un élément face auquel les communicants sont tous égaux : la maquette. Gardien du chemin de fer, de la bonne cohérence éditoriale, de la charte, des déclinaisons, etc., le professionnel a parfois le mauvais rôle. La chasse aux signes en trop, aux photos sur ou sous-dimensionnées (monsieur l’élu, le budget doit être annoncé, certes, mais il ne peut pas couvrir six pages alors qu'un retour en images est prévu pour mettre en lumière les agents en service et la relation avec des citoyens), changement de noms de rubriques, de leur ordre…
C’est peut-être un détail pour le commun des mortels, mais pour le communicant ça veut dire beaucoup. Cette rigueur sera le ciment de la bonne continuité de la stratégie établie et créera habitudes et repères chez le lecteur : satisfaisant, pratique et moins chronophage !
Des petits poucets à la page
Plus d’une quinzaine de petits poucets (collectivités de moins de 10 000 habitants) ont cette année poussé les portes du Prix. Le jury a ainsi pu saluer les nombreuses belles initiatives proposées : des candidatures exemplaires, avec de beaux magazines modernes sans perte d’identité. Les budgets et les moyens humains, souvent moindres face à de plus grandes collectivités, sont vite compensés par l’implication de tout un service, parfois même d’élus ou d’habitants. Co-construits, ces magazines ne sont pas en reste : ils ont pris les mêmes virages que leurs pairs. Nouvelles maquettes, nouveaux rubricages, il est loin le temps des longues pages associatives.
Les petits poucets osent et ça se voit ! Alors qu'ils sont souvent accompagnés par leur imprimerie pour la mise en pages, on sent un vent de renouveau avec un traitement de sujets toujours plus actuels et un graphisme dynamique, vivant. Construction tardive des services communication, question de manque de moyens ou de temps... le déclic de l'importance du fond et de la forme a eu lieu au sein des petites collectivités, qui ne sont pas en reste pour cette édition 2025.
Des « tendances pressterr » ?
À l’heure du numérique, où les tendances se propagent beaucoup plus rapidement et tendent à uniformiser les contenus qui nous sont proposés, la presse territoriale n’est pas épargnée. Nous évoquions l’année dernière l’emprunt de codes de la presse quotidienne, un usage nouveau de la photographie… Ainsi, à l’instar des supports de communication auxquels nous pouvons être confrontés au quotidien, les magazines territoriaux finissent eux aussi par s’uniformiser, graphiquement et structurellement parlant. Dans un sens, c’est plutôt logique et rassurant : nos communicants publics ont l’œil, la technique et le professionnalisme menant à produire des contenus qui fonctionnent. Et ils sont tout à fait légitimes : pourquoi les codes tendances ne devraient s’appliquer qu’à la communication privée ? Vive les « trends (tendances) pressterr » !
Un support de mémoire commune
Et si, au-delà d’informer ses administrés et présenter l’actualité politique, la presse territoriale n’avait pas aussi vocation à raconter, retranscrire, transmettre ? Année après année, le magazine reste comme une preuve, une mémoire commune. Par l’évolution de sa maquette, de ses rubriques, de son nombre de pages ou même de son format, il est le reflet des évolutions politiques et sociétales. Aux communicants, des petites comme des grandes collectivités, de continuer à mener ce beau travail d’équilibriste pour parvenir à faire ce qu’ils font le mieux : raconter leur territoire, donner du sens à leurs mots et surtout, le faire avec plaisir.