À toi, mon cher administré

C’est en ces mots qu’aurait pu commencer la carte de vœux idéale d’un agent adressée à un administré s’il s’était prêté à l’exercice. Un brin romantique, me direz-vous ? Sous ses airs de lettre d’amour, elle n’exagère pourtant en rien la réalité et traduit l’engagement sans faille des agents municipaux envers la population qu’ils servent au quotidien. C’est dire si cette relation, qui connaît – comme toute histoire – des hauts et des bas, est belle et forte.

Pour ma part, chargée de la communication interne en collectivité territoriale, j’en profiterai pour y ajouter un astérisque (plutôt un paragraphe entier !), pour donner à voir à l’usager salué ce qu’il ne voit pas, ce qu’il y a derrière les murs des structures qu’il fréquente, derrière le téléphone du standard qui prend son appel ou derrière le clavier d’ordinateur sur lequel se tape la réponse à sa demande du jour.

On ne naît pas fonctionnaire, on le devient. On y arrive un jour, par choix ou par hasard de la vie. Même si parfois on préfère aller voir ailleurs, on y reste le plus souvent, une fois qu’on y a goûté. Derrière notre métier, notre spécialité, que l’on soit électricien, expert en marchés publics, atsem, directeur de l’urbanisme ou auxiliaire de puériculture, on a – on gagne – la passion du service public. Cette idée chevillée au corps que notre action est utile. Que ce que l’on fait compte pour le public que l’on sert. Que chaque action a sa place, sa valeur, parmi l’ensemble des services à la population. Que l’on fait sa part pour l’intérêt général.
C’est ce sentiment, selon moi, qui porte chaque fonctionnaire. Et c’est ce qui, au fond, donne à cette fonction tout son sens.

Si vous êtes fonctionnaire, n’avez-vous jamais entendu cette remarque en discutant de votre métier avec une personne non issue de la fonction publique ?
Votre interlocuteur : « Vous exercez quelle profession ? »
Vous : « Je suis chargée de communication dans une mairie. »
Votre interlocuteur : « Ah OK, vous êtes fonctionnaire, quoi. »

Cette réponse, que j’ai souvent vécue comme un jugement teinté d’une pointe de dédain, m’a longtemps exaspérée. Nous n’imaginons pas, à l’inverse, pour une personne exerçant la même fonction dans le secteur privé, entendre en retour : « Ah OK, vous êtes salarié, quoi. »

Comme si notre appartenance au fonctionnariat annihilait toutes nos compétences dans notre spécialité. Comme si tous les fonctionnaires faisaient la même chose et étaient mis dans le même sac.
Il ne fait aucun doute que les agents municipaux sont des professionnels, formés et reconnus dans leurs différents domaines, et que c’est de leurs expertises variées que naît la qualité du service public. Néanmoins, après plusieurs années d’expérience en collectivité, je me rends compte aussi que cette réponse – qui m’agaçait tant – révélait une certaine vérité et j’y trouve un sens plus grand. Je me rends compte, en tant que fonctionnaire, qu’au-delà de ma formation et de sa nature, ce qui prime au final, c’est ce à quoi je la destine. La fonction publique nous conduit à apporter ce que nous sommes et ce que nous savons faire – parfois en révélant aussi en nous d’autres aptitudes, voire en nous amenant à changer de secteur – au service, in fine, irrémédiablement, des usagers. En ce sens, effectivement, qu’importe ce que j’exerce comme métier, je suis fière de mettre d’abord en avant que je suis fonctionnaire !

Les clichés sur les fonctionnaires ont la peau dure. Il faut souvent se justifier que nos journées ne sont pas faites que de pauses café – ou en tout cas pas plus qu’ailleurs –, que nous finissons souvent avant 18 heures – mais pas tout le temps non plus – et que nous sommes aussi là tôt le matin, que nous avons nous aussi de la pression au quotidien car nous avons à cœur de satisfaire chaque demande d’usager au plus vite, qu’effectivement nous bénéficions de nombreux congés mais que nous travaillons dur aussi.

Cher administré, dans mon métier, je les vois tous ces fonctionnaires comme on dit. J’essaie, du moins. D’où je suis, moi je vois des hommes et des femmes engagés, pour qui satisfaire les usagers n’est pas un vain mot. Je vois des talents, des potentiels, des timides et des audacieux, des courageux, des débrouillards et des dégourdis. Je vois mon voisin, mon frère, mon amie, la cousine de mon boulanger. Je vois cet adjoint au CTM qui est aussi pompier volontaire, cette animatrice de maison de quartier qui est présidente d’une association d’aide à l’enfance, cette directrice des finances mère de famille nombreuse, cette ancienne responsable de communication d’une grande entreprise qui a suivi une nouvelle voie au service parcs et jardins de sa commune, ce cabinier de la piscine qui est aussi professeur de langues étrangères pendant son temps libre… Je vois ces pépites qui chaque jour œuvrent pour nous tous et pour toi.

J’ai vu leur sourire quand ils retrouvent tes enfants tôt le matin à la garderie et entendu leurs échanges pour décider du spectacle qui leur mettrait le plus de paillettes dans les yeux.
Je les ai observés avec bonheur dans les crèches ou les écoles, prenant soin des plus petits et ai vu la douceur de leurs gestes pour consoler ton grand garçon tombé dans la cour.
J’ai vu le plaisir qu’ils ont à t’accueillir pour ta séance de foot au stade municipal en se remémorant avec toi les meilleurs moments du dernier match de ligue 1 diffusé la veille.
J’ai vu leur énergie pour remuer ciel et terre afin de trouver la réponse à ta question en un temps record, et garder le sourire et leur calme quand certains usagers frisent parfois l’impolitesse.
J’ai vu la complicité qui existe entre eux et les familles qu’ils côtoient tous les jours, les liens qui se tissent au fil des ans car ils connaissent souvent toute la fratrie.
Je les ai suivis, à 4 heures du matin l’hiver par -5 °C, saler précautionneusement les routes afin que tu puisses aller au travail en toute sécurité.
J’ai vu le soin et la maîtrise qu’ils apportent aux travaux qu’ils réalisent dans les bâtiments communaux, à faire pâlir d'envie n’importe quelle entreprise du BTP.
J’ai vu leur expertise dans les dossiers qu’ils suivent, la rigueur dans la tenue des budgets et bien sûr l’adaptabilité dont ils font preuve à chaque nouvelle situation.
Je les ai vus ne pas compter leur temps, se dépasser pour informer toujours mieux leurs différents publics en temps réel.
J’ai vu les équipes redoubler d’efforts pour satisfaire, recruter les meilleurs et accélérer la numérisation des outils et des services pour être au plus près de tes besoins.
J’ai vu leur fierté quand les nouveaux jeux installés au parc ont trouvé leur public ou quand les petits nageurs du cours d’apprentissage ont réussi leurs premières brasses.
J’ai vu leur passion au moment de choisir pour leurs lecteurs le meilleur des sorties littéraires du moment ainsi que leur enthousiasme en installant les décors pour la première de la saison culturelle.
J’ai vu leur dévouement quand ils accompagnent le parcours d’un usager en difficulté ou l’installation d’un nouveau commerce sur le territoire.
J’ai vu leur gentillesse quand ils apportent joie et réconfort à nos seniors, leur réactivité et leur professionnalisme quand ils sillonnent la ville pour que les rues soient sûres.

J’ai vu aussi la collaboration et la complémentarité qui les lient pour toujours faire mieux ensemble.

Ils font leur travail, tout simplement.
Mais sois assuré qu’ils le font bien, qu’ils le font avec le cœur. Que chaque matin, ils se lèvent pour toi, cher administré, et qu’en 2021 ils vont continuer sur ce même chemin.

#fierdetrefonctionnaire