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Cap’Com, je t’aime, Cap’Com, je t’aime…

Publié le : 16 décembre 2021 à 07:40
Dernière mise à jour : 16 décembre 2021 à 16:23
Par Yann-Yves Biffe.

Quand les communicants ont besoin de baume au cœur, c’est Cap’Com qui passe la pommade. Un onguent à base d’échanges d’expériences et d’idées, où l’on parle, beaucoup, écoute, encore plus, regarde et reparle pour mieux s’entendre et rester réceptif face à un monde où l’on a, plus que jamais, besoin de communication publique.

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Par Yann-Yves Biffe.

Certainement, Yves Charmont, Bernard Deljarrie et leur équipe ont dû regarder l’allocution de Jean Castex, lundi 6 décembre à 19 heures, avec un petit filet glacé dans le dos… Après l’annulation de l’édition 2020, tirer un trait sur l’édition 2021 du Forum Cap’Com aurait certainement eu des conséquences désastreuses ! Pas sûr que la coopérative aurait pu s’en relever tant le Forum en est la figure de proue incontestée, parmi des activités qui n’ont cessé de se diversifier sans jamais supplanter le rendez-vous annuel incontournable des communicants publics.
Et ça nous aurait manqué cette année ! Et cela aurait été fichtrement dommage pour l’avenir ! Parce que c’est une chance que de pouvoir disposer de ce type de réseau structuré et professionnel pour échanger au long cours.
Une chance aussi d’avoir ce temps fort, que dis-je, ce sommet dans l’année qui bénéficie de l’expérience cumulée et bien transmise de 33 éditions au fil desquelles tout a changé pour qu’il puisse rester le même.

Ça donne à penser que Cap’Com a bien grandi… en s’intéressant aux petits

Dans les changements majeurs, de ceux qui font qu’un Forum reste ou pas dans la légende, on ne pourra que faire le deuil des soirées de gala où les collectivités hôtes faisaient étalage de leurs plus beaux atours y compris culinaires. S’ils les avaient vécus, les plus jeunes comprendraient pourquoi leurs aînés ont les yeux qui brillent, voire des débuts de sanglots à l’évocation des dîners somptuaires offerts à Dijon 2004 ou Lyon 2005 alors que ceux-ci regardent, pensifs, la carte du menu végétarien en priant pour changer l’eau en vain.
Parallèlement aux restrictions budgétaires que nous connaissons bien dans nos collectivités, reconnaissons qu’il n’est pas facile non plus de faire chauffer l’ambiance quand les portes doivent rester bien ouvertes pour faire circuler l’air frais.

C’est le revers de la médaille : accueillir simultanément plus de 1 000 personnes impose de nouvelles contraintes et restreint l’intimité.
Entrer ainsi dans la catégorie des grands congrès va d’ailleurs de facto réduire les candidats à l’atterrissage, même si cela permet encore de faire un large tour de France, sans avoir pu faire un saut dans les collectivités ultra-marines – beaucoup espéré, jamais réalisé. C’est une véritable richesse que de pouvoir aller à la rencontre, outre les visites professionnelles, de paysages variés quand d’autres congrès professionnels invitent toujours au même endroit. C’est plus difficile à organiser mais cela élargit fortement le périmètre de la découverte, le communicant, plus que tout agent public, se nourrissant de ce qu’il voit et analyse.
Cela permet aussi d’associer à la fête des collègues de petites collectivités en poste dans un proche rayon et qui n’auraient pas eu la possibilité de se déplacer trop loin. Cette évolution est particulièrement significative : depuis une quinzaine d’années, la fonction communication s’est professionnalisée dans les petites collectivités et des chargés de communication, à temps complet ou partiel, ont fait leur apparition dans des communes de 3 000 habitants. Parallèlement, le Comité de pilotage a su multiplier les formats plus pratiques et concrets pour les aider dans leurs pratiques souvent solitaires et à l’économie, pour leur donner des outils et des références directement exploitables.
Un rapide survol du programme renseigne également sur une autre évolution : celle de la digitalisation des outils et des politiques publiques. Les séquences pratiques sont ainsi devenues prépondérantes dans le menu, armant les communicants pour faire face aux attentes d’efficacité que leur impose leur quotidien, mais réduisant les formats dédiés au questionnement sur la stratégie et sur le devenir de la communication, de la société, de la démocratie, de la politique… Les communicants d’aujourd’hui se posent-ils moins de questions ?

Ça donne à croire en la relégitimisation de la communication par les communicants

J’aurais tendance à penser que non. Car ce qui n’a pas changé, c’est le rôle de ressourcement qu’apporte le Forum. Qui de mieux que ses pairs pour échanger sur ses doutes, ses difficultés, ses réussites aussi ? Cap'Com crée cette bulle qui suspend le temps, ce petit miracle démilitarisé où des gens qui passent une grande partie de leur temps dans l’adversité politique se parlent avec franchise voire bienveillance sans porter plus d’attention que ça à ce que leurs interlocuteurs soient de gauche, de droite ou d’extrême centre.
Parce que, quelles que soient les couleurs de leurs élus, ces professionnels partagent les mêmes préoccupations. Et apparemment, la même lassitude : l’année écoulée aura été rude sur le front de la covid, et encore plus dure pour les collègues qui ont connu l’arrivée de nouvelles équipes municipales, dont certaines réintroduisent le dogmatisme qui était en voie d’extinction, auprès desquelles il faut dorénavant convaincre à nouveau que la communication est une profession. Un combat qui semblait d’un autre temps, grâce aux efforts de la communauté Cap’Com notamment : les aînés se chargeant de transmettre aux bleus un mode d’emploi valant mantra : « Ton professionnalisme n’est pas réductible aux outils, ta légitimité vient de la stratégie. » Quand tout élu est capable de mettre en page une affiche avec Canva et de poster un commentaire sur Twitter, il faut à nouveau défendre la bannière et parer les coups.
Face aux déstabilisations, Cap’Com apporte le meilleur traitement : parler, beaucoup, écouter, encore plus, et reparler pour mieux s’entendre. Et au besoin, cela peut se prolonger en soirée en réunions bilatérales et multilatérales en marge du Forum lors desquelles rien ne peut être retenu contre vous… même si elles ont pu mener jusqu’à la prison (St-Michel) cette année à Rennes. Car Cap’Com, d’hier à aujourd’hui, ne vise rien d’autre que de se retrouver (avec ses pairs), pour mieux se retrouver (soi-même).

Quant à moi, j’ai été heureux de partager humblement réflexions impertinentes et questions sans réponses avec vous, lors du Forum, mais aussi depuis dix ans en contribuant à la lettre de la communication devenue Point commun, collaboration à laquelle je mets ici un point final. Je vous invite à vous saisir de la plume à votre tour et à vous questionner à haute voix pour mieux définir ensemble les voies que prendra la communication publique pour faire sens demain.

Prospective, management, numérique et communication publique : retrouvez d'autres chroniques illustrées sur www.yybiffe.com et via Twitter : @yyBiffe.

Merci Yann-Yves pour tes contributions qui, au fil de ton parcours professionnel, ont permis au réseau de profiter de ton regard éclairé et éclairant, sur la communication, ses innovations et les organisations qui en sont le terreau, souvent appuyé sur des chiffres et des tendances précises. Après plusieurs jours au Forum dédiés à l'échange entre professionnels de la communication publique, ce point final tombe à point nommé. Souhaitons qu'il se transforme en point... illé et que nous retrouvions ponctuellement tes chroniques sur nos écrans au côté de celles d'autres communicants et communicantes que tu encourages dans ton sillage à prendre la plume.

La Rédaction