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Période électorale : attention au mélange des genres sur le compte de l'élu candidat

Publié le : 11 décembre 2025 à 08:35
Dernière mise à jour : 11 décembre 2025 à 13:52
Par Anne Revol

Un récent cas étudié dans les médias rappelle aux élus candidats aux prochaines municipales qu’ils doivent clairement distinguer communication institutionnelle et communication de campagne sur leurs réseaux sociaux.

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L’alerte est seulement médiatique mais elle a valeur de rappel pour les élus, candidats aux élections locales de mars prochain. Sollicité sur les réseaux, Julien Pain, journaliste sur France Info spécialisé dans l'enquête et le fact checking, s’est intéressé avec ses collègues au compte X de Rachida Dati qui mêle des publications liées à son rôle de ministre de la Culture – comme l’inauguration d’un musée – et à sa campagne pour la mairie de Paris – comme sa vidéo avec les éboueurs parisiens.

Un intitulé du compte source de confusion

Ce mélange des genres peut prêter à confusion dans l’esprit du citoyen électeur, d’autant que l’intitulé de compte brouille les pistes. « Il était bien écrit que c’était son compte personnel. Mais dans le même temps, son compte était certifié de la pastille grise qui indique une fonction gouvernementale », observent les journalistes. Comme nous le rappelions dans un précédent article, l’intitulé des comptes de réseaux sociaux doit effectivement permettre aux électeurs de discerner l’auteur des publications : consultent-ils le compte de la collectivité (« ville de X »), de l’exécutif élu (« maire de la ville de X ») ou du candidat (« M. ou Mme X », sans référence à la ville dont le candidat est maire) ?

Tout en précisant que la situation est similaire mais pas identique, Julien Pain fait d’ailleurs référence au cas du maire sortant de la ville de Hermes qui fait jurisprudence depuis 2012. Le contenu en lien avec la mairie et l’intitulé de son compte personnel, « Mairie de Hermes », avaient conduit à l’annulation de l’élection.

Le journaliste relate aussi l’exemple – plus proche de la situation de la ministre – d’Emmanuel Macron qui avait utilisé son compte officiel de président de la République pour faire son annonce de candidature en 2022. « Les deux commissions de contrôle de campagne électorale […] avaient estimé qu’on ne pouvait pas utiliser un compte à des fins électorales dès lors que ce compte avait gagné en audience grâce à sa fonction publique. En gros, il a accumulé des followers pendant qu’il était président, en partie grâce à des moyens publics, donc les commissions ont jugé que ce serait un avantage injuste qu’il puisse utiliser ce compte pour faire campagne pour sa réélection. » Ce rappel à l’ordre, qui ne vaut pas jurisprudence, avait été prononcé avant le scrutin présidentiel. Dans le cas des municipales, le risque de confusion sur le réseau d’un candidat donnerait lieu à un recours uniquement a posteriori.

La création d'un second compte « institutionnel »

En attendant, la chronique de France TV soulignant le caractère problématique des publications croisées de Mme Dati a poussé la ministre et ses équipes à mettre de l’ordre dans ses comptes : « Elle a supprimé la mention “ministre de la Culture” sur son compte personnel (238 000 abonnés), compte sur lequel elle continue de faire campagne pour la mairie de Paris. Elle a même fait retirer la certification accordée par X en tant qu'“organisme gouvernemental”. Elle (ou ses équipes) a ensuite créé un nouveau compte en tant que ministre. C'est désormais ce dernier compte (18 abonnés) qui est retweeté par le compte officiel du ministère de la Culture », précise Julien Pain.

Cette solution permet tout de même à la candidate de s’adresser à une audience sans doute acquise, au moins en partie, pendant ses fonctions. Mais créer un second compte bien distinct de celui de l’élu en cours de mandat permet au citoyen d'identifier tout de suite à quel titre s'exprime l'élu. Sur les comptes des candidats qui ont seulement apposé à l'ouverture de la période électorale la mention « compte personnel  », le risque de confusion reste plus grand, pour l’électeur comme pour le juge.

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